
Les syndicats ont fait part de leur inquiétude après avoir appris l'existence d'un projet de décret qui permettrait de licencier des fonctionnaires ayant refusé trois projets de réorientation.
AFP - Le projet de décret qui rend possible le licenciement dse fonctionnaires, après plusieurs refus de réorientation, risque d'affecter leur mission de "neutralité et d'impartialité" a déclaré mardi sur Europe 1 Jean-Marc Canon, secrétaire général des fonctionnaires CGT.
Si le fonctionnaire est "corvéable à merci, si demain il peut être licencié, si on peut lui réduire son salaire de façon massive, comment pourra-t-il s'opposer à des actes éventuellement délictueux de son employeur public ?", s'est-il demandé, en prenant l'exemple d'un maire qui voudrait "favoriser une association, en dépit du bon sens", avec des subventions sans "lieu d'être".
Si "je suis l'agent qui doit exécuter le versement de ces subventions, si demain je n'ai plus aucune garantie (d'emploi) pour le faire, je ne pourrai pas m'opposer à cet ordre", a-t-il souligné, en estimant que le travail des fonctionnaires s'effectue dans un "cadre d'impartialité et de neutralité".
Selon M. Canon, plusieurs "dizaines de milliers de fonctionnaires risquent d'être confrontées" au risque de perdre leur emploi.
Le syndicaliste était interrogé sur un projet de décret qui sera présenté le 11 février au Conseil supérieur de la Fonction publique.
Une fois placé en statut de réorientation, le fonctionnaire "peut être licencié" après trois refus d'affectation, prévoit l'article 10 du texte, que s'est procuré l'AFP.
Réfutant le terme de "privilégiés" pour les fonctionnaires, le syndicaliste a dénoncé les propos du ministre de la Fonction publique Eric Woerth, selon lequel les contraintes familiales seront prises en compte, lors des réorientations obligées.
"Contrairement à ce que dit le ministre, il n'y a aucune garantie à ce que les emplois proposés soient proches" car "c'est simplement pris en compte" dans la loi de mobilité, mais pas garanti, a dit M. Canon, en rappelant que cette loi a été votée en plein été 2009.
M. Woerth avait déclaré sur France Info, à propos d'un fonctionnaire qui serait confronté à ce problème, que "l'administration lui propose bien sûr des postes", qui tiennent "compte de ses capacités, de sa formation, de ses contraintes familiales ou de contraintes géographiques".