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RéessayerViktor Orban voulait cacher aux yeux du monde la communauté LGBTQ+, mais en interdisant la Pride de Budapest en mars dernier, il n'a fait que la mettre sous le feu des projecteurs. Selon les organisateurs, près de 200 000 personnes ont participé à l'événement le 28 juin dernier. En 2024, ils n'étaient que 30 000. "Cette Pride, ce n'est pas seulement au sujet des LGBTQ+. Elle concerne toute la Hongrie, et ses libertés", explique Blanka, une artiste hongroise de 25 ans. Elle a toujours été une "alliée" de la cause, mais si elle est venue cette fois-ci, c'est surtout parce qu'elle a senti ses droits menacés. Car interdire la Marche des fiertés, c'est aussi contrevenir à la liberté de réunion. "Nous avons un gouvernement qui dit que l'on vit dans une démocratie mais [...] on vit dans une fausse démocratie, et on est manipulés chaque jour", déplore la jeune femme.
L'ambiance est festive et pacifique, mais pas non plus dénuée d'animosité envers le Premier ministre Viktor Orban, qui a tenté de museler l'événement et dont le visage est souvent moqué sur des habits ou des masques de manifestants.
Le retentissement de la Pride est tel que Budapest a été, le temps d'une journée, "la capitale de l'Europe", selon le maire de la capitale hongroise, Gergely Karácsony. Irène, 20 ans, et militante pour le Parti radical italien, est venue pour l'occasion : "Les droits de la communauté LGBTQ+ font partie des droits humains. On a peur que maintenant qu'une Pride a été interdite, cela arrive dans d'autres pays européens".
Une manifestation sous surveillance
Comme des milliers d'autres personnes, Blanka est venue à la Pride sans avoir l'esprit totalement serein. Le gouvernement avait prévenu que, la Pride étant illégale, y participer revenait à risquer une amende. En mars dernier, en même temps que l'interdiction des manifestations LGBTQ+ au nom de la "protection de l'enfance", un autre amendement a été voté par le Parlement. Il autorise la police à utiliser la reconnaissance faciale pour repérer les auteurs d'infractions mineures – et techniquement, participer à la Marche représente une infraction.
"Lorsque nous sommes passés à un endroit précis de la Marche, tous nos visages ont probablement été enregistrés", raconte Marta Pardavi, coprésidente de l'association Helsinki Committee, qui défend les droits humains en Hongrie. "Chaque participant qui était présent pourrait, en principe, recevoir une amende de 500 euros", poursuit-elle. Le jour J, l'incertitude régnait et personne n'était sûr de s'en sortir sans la moindre contravention. Mais depuis, le 7 juillet dernier, la police a annoncé qu'aucune procédure ne serait ouverte contre les participants.
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Accepter Gérer mes choixUn signal fort avant les élections
Cette manifestation arrive à un moment clé pour la Hongrie. Dans moins d'un an, les prochaines élections législatives décideront du futur Premier ministre. Et dans les derniers sondages, le parti d'opposition Tisza (centre-droit) arrive en tête devant le Fidesz (parti nationaliste de Viktor Orban). Le mouvement de Péter Magyar incarne, pour certains Hongrois, un renouveau, après 15 années passées avec Viktor Orban à la tête du gouvernement. Le principal opposant au Premier ministre n'était cependant pas présent à la Pride, car il sait à quel point soutenir un mouvement LGBTQ+ peut lui porter préjudice auprès d'une grande partie des électeurs. Et cette absence évite à la Pride toute accusation d'instrumentalisation par l'opposition de la part du gouvernement.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban a mené une politique très conservatrice, parfois qualifiée d'autoritaire et de populiste. Il a notamment fait reculer les droits des communautés LGBTQ+, des gens qu'il ne considère pas comme "normaux". C'est sur la base de la loi de 2021 sur la "protection de l'enfance", qui interdit la promotion de l'homosexualité et du changement de genre aux mineurs, que la Pride a été interdite, une première en Hongrie. Le travail des ONG pour faire respecter les droits humains est donc loin d'être fini, selon Marta Pardavi. "Nous devons aller de l'avant pour faire en sorte que chaque manifestation LGBTQ+, quelle que soit sa taille, puisse avoir lieu. Et bien sûr, beaucoup de Hongrois s'inquiètent, à juste titre, que si les personnes homosexuelles ne peuvent pas manifester, peut-être que la prochaine fois, d'autres personnes ne seront pas autorisées à le faire non plus."
Les ONG hongroises, dont beaucoup ont aidé les organisateurs de la Pride juridiquement, auront potentiellement fort à faire dans les mois à venir. Si les manifestants ne sont à première vue plus sous le coup d'une amende, rien de tel n'est garanti pour les organisateurs. Le maire de Budapest, Gergely Karácsony, avait pris sous son aile l'événement en assurant qu'il serait légal, quitte à partir au bras de fer avec le gouvernement de Viktor Orban.