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Débarquement de Provence : ces tirailleurs oubliés
Publié le : 16/09/2024 - 18:27 Modifié le : 16/09/2024 - 18:29

C’est un épisode méconnu de la Seconde guerre mondiale : le "blanchiment" des troupes coloniales. En septembre 1944, l’Etat-major français ordonne le retrait de près de 20 000 tirailleurs sénégalais, qui sont remplacés par de jeunes résistants métropolitains. Alors que la France célèbre le 80e anniversaire de la Libération, Florence Gaillard et Jonathan Walsh reviennent sur ce sombre épisode de l’histoire militaire, en hommage à ces soldats trop longtemps oubliés.

En 1944, les Français veulent absolument participer à la libération du territoire avec leurs alliés anglo-américains. Pour constituer la 2e division blindée (2e DB), le général Leclerc a besoin du matériel et de l’équipement de l’Oncle Sam. Or, l’armée américaine est à l’époque ségréguée : dans les régiments de GI, noirs et blancs ne combattent pas ensemble… Le chef d’état-major américain exige la même séparation pour la 2e DB, qui doit libérer Paris. Ce sera fait pour le 25 août 1944, date à laquelle les troupes françaises défilent sur les Champs-Elysées, sans aucun soldat noir.

Mais ce n’est pas tout : après le succès du débarquement de Provence, les soldats coloniaux de l’armée française sont accueillis en sauveurs par la population française. Alors que la Résistance intérieure rejoint les rangs de l’armée régulière, l’Etat-Major en profite pour "blanchir les troupes" dès septembre 1944 : entre 15 000 et 20 000 soldats venus d’Afrique subsaharienne sont retirés du front et remplacés par de jeunes résistants, bien moins expérimentés sur le plan militaire. La plupart des tirailleurs sénégalais sont ainsi démobilisés dans des camps de transit et privés de la victoire finale face à l’Allemagne.