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Nouvelles consultations pour Matignon : la droite s'en prend à Macron, le PS se fracture
Le leader de la droite Laurent Wauquiez a déploré, mercredi, un entretien "décevant" avec Emmanuel Macron dans le cadre des nouvelles consultations pour former un gouvernement, demandant au chef de l'État de nommer "enfin un Premier ministre" sans "procrastiner". À gauche, une partie du PS commence à envisager un gouvernement qui associerait la gauche modérée.

Toujours pas de fumée blanche pour Matignon. La droite durcit le ton face à Emmanuel Macron pendant que les socialistes étalent leurs divisions, sous l'œil intéressé du chef de l'État qui, mercredi 28 août, au 43e jour de la crise politique, cherche toujours une voie de passage pour la formation d'un gouvernement.

Reçu mercredi matin à l'Élysée, dans le cadre de nouvelles consultations lancées par le chef de l'État, le leader de la droite Laurent Wauquiez a fait part d'un entretien "décevant". Le président doit cesser de "procrastiner", a-t-il martelé.

"Aucune position nouvelle, pas de véritable projet pour les Français (...), pas de vision de ce que serait un programme gouvernemental pour les mois à venir", a déploré devant la presse Laurent Wauquiez, accompagné des autres responsables des Républicains, Bruno Retailleau et Annie Genevard. Cette dernière a rappelé que les Républicains étaient "ouverts à un travail collaboratif avec le futur gouvernement", mais sans y participer.

Nouvelles consultations pour Matignon : la droite s'en prend à Macron, le PS se fracture

Le PS "au bord de la rupture"

Participer ou pas ? C'est justement la question qui divise à gauche, où la colère reste vive après le refus du président de donner les clés du pouvoir au Nouveau Front populaire, mais où une partie du PS commence à envisager un gouvernement qui associerait la gauche modérée. Au risque du sempiternel procès en "trahison" de leurs alliés de gauche.

"Le parti est au bord de la rupture", a affirmé la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, opposante interne au numéro un Olivier Faure. Elle demande la reprise "des discussions avec le président de la République" afin de "chercher encore des solutions pour un Premier ministre socialiste (ou) social-démocrate".

Un pragmatisme également défendu par l'autre chef de courant minoritaire au sein du PS, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Celui-ci a estimé sur franceinfo que "si on a la possibilité de mettre en place, peut-être pas l'entièreté du programme mais des politiques importantes" sur les salaires, l'école et l'hôpital, "alors il faut donner une chance à cela".

Moins frontal, l'ancien président et nouveau député François Hollande considère, dans un entretien au Point, que les socialistes doivent "soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays", tout en excluant une "alliance avec le centre (...) inévitablement vouée à une impasse".

Autant de déclarations à rebours de la ligne officielle du parti, qui refuse comme les autres membres du NFP de retourner à l'Élysée pour discuter d'autre chose que d'une cohabitation avec Lucie Castets, leur candidate pour Matignon. Ce qui augure de débats francs et vifs à l'université d'été du PS, qui s'ouvre jeudi à Blois.

Événement scruté de près au Palais, un proche du président observe qu'"il y a des choses qui bougent" et "note aussi que le PS n'appelle pas à manifester le 7 septembre", contrairement à La France insoumise. La marche, initiée par des organisations syndicales étudiantes, doit dénoncer "le coup de force d'Emmanuel Macron" après le refus du chef de l'État d'entériner le choix du NFP.

"Trahison du vote des électeurs"

Assez pour fissurer l'union de la gauche ? Si une partie des socialistes contribuait au "maintien de la macronie au pouvoir", ils commettraient une "trahison du vote des électeurs", a mis en garde le coordinateur de LFI Manuel Bompard, sur CNews-Europe 1. "L'histoire les jugera", a renchéri sur LCI la cheffe des écologistes, Marine Tondelier.

Les députés socialistes se sont toutefois accordés mardi sur "une position extrêmement claire", à savoir que "tout gouvernement qui sera la perpétuation du macronisme sera évidemment censuré", a indiqué le parlementaire Arthur Delaporte sur Sud Radio.

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Mais les macronistes espèrent encore en dissuader une partie, quitte à choisir un profil comme Bernard Cazeneuve pour Matignon. Il répond au "portrait-robot" d'un futur Premier ministre, a appuyé François Bayrou, proche allié du président sur BFMTV et RMC. "Si c'est un Premier ministre de centre-gauche qui permet d'aller décrocher le plus de sociaux-démocrates, c'est la meilleure option", acquiesce le député Mathieu Lefevre.

Accaparé ensuite par l'ouverture des Jeux paralympiques, Emmanuel Macron a programmé d'autres rendez-vous jeudi matin avec les grands élus locaux : d'abord Carole Delga (PS) et Renaud Muselier (Renaissance) pour les régions, puis le président de l'Association des maires de France, le LR David Lisnard. Il s'envolera ensuite pour une visite officielle en Serbie.

Avec AFP