La future cloche de la cathédrale Notre-Dame a été actionnée par l'Américaine Masai Russell, comme par tous les champions olympiques d'athlétisme depuis 10 jours, mais c'est bien Cyréna Samba-Mayela qui a sauvé les Bleus sur le gong, au dernier jour de compétition au Stade de France, grâce à une médaille d'argent qui récompense sa saison de la confirmation.
Qualifiée de justesse en finale, Samba-Mayela a su profiter à fond de son exil tout à gauche de la piste, dans le sens de la course, au couloir n°2, loin des regards et du féroce combat des lignes intérieures, réservées aux meilleurs chronos des demi-finales.
D'après l'analyse détaillée de la course par World athletics, la Française était même en tête sur les 8e, 9e et 10e haies, avant de voir l'Américaine la doubler sur les dix derniers mètres de "plat".
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En 12 sec 34, Samba-Mayela décroche l'argent et donc la première médaille olympique de sa jeune carrière, elle qui est déjà championne d'Europe et double médaillée mondiale du 60 m haies en salle (or en 2022, argent en 2024) à seulement 23 ans. La dernière française médaillée olympique sur la distance, Patricia Girard, avait pris le bronze en 1996 à Atlanta.
"Elle a une incroyable carrière devant elle. Elle peut devenir l'une des plus grandes de tous les temps", jugeait en juillet pour l'AFP son entraîneur irlandais John Coghlan.
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Ce grand talent, championne de France senior à 19 ans déjà en 2020, s'est pleinement épanoui cette saison en rejoignant John Coghlan en Floride en novembre 2023, après plusieurs années dans le groupe de l'ex-triple sauteur Teddy Tamgho à l'Insep.
Après avoir changé complètement sa technique de franchissement des haies, selon son coach, Samba-Mayela réussit en 2024 une saison exceptionnelle.
Elle a amélioré quatre fois le record de France cette année jusqu'à le porter à 12 sec 31 pour devenir championne d'Europe à Rome en juin.
Mais une infection au Covid quelques jours plus tard a contrarié ses plans et freiné sa progression. Obligée de traverser l'Atlantique pour faire constater sa maladie aux Championnats de France à Angers, elle a manqué plusieurs semaines d'entraînement, ne retrouvant la forme qu'au fil des tours aux Jeux de Paris.
Sa médaille sauve l'équipe de France d'athlétisme du désastre et de son premier zéro aux JO depuis Sydney en 2000.
Les Bleus ont été décevants sur la piste violette du Stade de France, très peu d'entre eux parvenant à se hisser à leur meilleur niveau ou à se dépasser. Une habitude depuis 2019 au niveau international.
Presque tous les Bleus qui ont brillé dans l'enceinte dionysienne s'entraînent à l'étranger, de quoi interroger un modèle fédéral de plus en plus critiqué, alors que des élections en fin d'année doivent marquer la fin d'un cycle.
Samba-Mayela s'est en effet épanouie aux États-Unis. L'inconnu Clément Ducos, 4e du 400 m haies vendredi, s'entraîne aussi de l'autre côté de l'Atlantique, alors qu'Alice Finot, 4e et recordwoman d'Europe du 3 000 m steeple se prépare dans son coin en Espagne.
Quelques minutes avant le 100 m haies, Gabriel Tual, autre chance de médaille française, avait pris la 6e place du 800 m, subissant la dernière ligne droite d'une course disputée sur un tempo fou.
Avec AFP