Cindy Winner Djankeu Ngamba a un deuxième prénom prédestiné. Même si elle s'est inclinée en demi-finale dans la catégorie des moins de 75 kilos face à la la Panaméenne Atheyna Bibeichi Bylon., la boxeuse a "gagné" ces Jeux olympiques. Elle a en effet remportée, jeudi 8 août, une médaille de bronze car en boxe il n'y a pas de petite finale.
Il s'agit d'une première médaille historique pour l'équipe des réfugiés pour laquelle elle a concouru. "Cela représente tellement pour moi d'être la première réfugiée à gagner une médaille", avait commenté Ngamba après sa victoire à l'unanimité des cinq arbitres en quarts de finale contre la Française Davina Michel (-75 kg).
"Continuez à travailler dur, à croire en vous, vous pouvez atteindre ce que vous décidez", a exhorté Cindy Winner Djankeu Ngamba, 25 ans, à l'adresse des réfugiés, après sa victoire.
Réfugiée au Royaume-Uni
Née en 1998 à Douala au Cameroun, elle n'a que neuf ans lorsqu'elle arrive avec son frère et sa mère en France. Deux ans plus tard, faute de moyens pour subvenir à leurs besoins, cette dernière décide d'envoyer ses deux enfants en Angleterre pour qu'ils rejoignent leur père.
La jeune fille ne parle pas la langue et s'habitue peu au climat. En surpoids, elle est victime de harcèlement scolaire. "Quand je vivais au Cameroun, j'étais une enfant extravertie, pétillante et tout. Mais quand je suis arrivée en Angleterre, j'ai voulu devenir plus introvertie, je voulais me protéger, sûrement à cause de la barrière de la langue", a-t-elle ainsi relaté auprès de l'AFP.
Elle se met alors au sport, encouragée par son frère et intègre à 15 ans un club de boxe. Quatre ans plus tard, elle remporte son premier combat amateur et enchaîne les titres. Elle devient championne du Royaume-Uni des moins de 81 kilos, puis des moins de 75 kilos et des moins de 70 kilos.
Le désir de représenter la Grande-Bretagne
Alors qu'elle connait ses premiers succès sportifs, Cindy Ngamba obtient le statut de réfugiée au Royaume-Uni, en raison de son orientation sexuelle et de la répression de l'homosexualité dans son pays de naissance.
À la suite de ses performances, la fédération britannique souhaite la voir représenter la Grande-Bretagne à l'international, mais ses démarches sont infructueuses. Si elle s'entraîne régulièrement avec l'équipe britannique - elle est d'ailleurs accompagnée d'un membre de la délégation Team GB - elle n'a pu concourir aux JO sous les couleurs de l'Union Jack faute d'avoir obtenu la nationalité.
C'est donc sous les couleurs de l'équipe des réfugiés qu'elle a brillé à Paris. Selon le commissariat aux réfugiés de l'ONU(UNHCR), il y avait 43,4 millions de réfugiés dans le monde fin 2023, un chiffre en hausse. Depuis les Jeux de Rio, ils sont représentés par une équipe olympique. Le CIO avait annoncé sa création 2015, année marquée par le déplacement de millions de personnes, notamment en raison de la guerre en Syrie.
A Paris, trente-six athlètes - 23 hommes et 13 femmes - venus de onze pays composent l'équipe olympique des réfugiés aux JO de Paris, venus d'Afghanistan, Syrie, Iran, Soudan, Sud-Soudan, République démocratique du Congo, Erythrée, Ethiopie, Cameroun, Cuba et Venezuela.
Lors de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet sur la Seine, Cindy Ngamba, qui était le principal espoir de médaille de la délégation, était porte-drapeau aux côtés du taekwondoïste syrien Yahya al-Ghotany.
Avec AFP