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En Russie, poursuite des combats dans la région de Koursk après une percée ukrainienne
 Les affrontements entre forces russes et ukrainiennes se poursuivaient, jeudi, au troisième jour d'une offensive de Kiev contre la région russe de Koursk, obligeant Moscou à faire appel à ses réservistes.

Dans la région frontalière de Koursk, les forces russes font toujours face, jeudi 8 août, à une incursion majeure des troupes ukrainiennes. C'est un revers inattendu pour la Russie dont l'armée était à son avantage jusque-là sur le front.

Pour la présidence ukrainienne, cette offensive surprise, déclenchée mardi, est une conséquence de "l'agression" russe en Ukraine depuis près de deux ans et demi, au prix de dizaines de milliers de morts et de destructions massives.

"La guerre est la guerre, avec ses propres règles, l'agresseur y paye inévitablement les conséquences correspondantes", a affirmé, jeudi, sur X, Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de l'administration présidentielle ukrainienne. Il n'a toutefois pas attribué clairement cette opération à Kiev, les autorités ukrainiennes observant un silence quasi total à ce sujet.

Les troupes ukrainiennes ont attaqué le sol russe avec jusqu'à 1 000 soldats et des véhicules blindés, selon l'état-major des forces russes, qui dit depuis tout faire pour les repousser hors de Russie.

"L'opération de destruction des formations de l'armée ukrainienne se poursuit", a déclaré, jeudi, le ministère russe de la Défense dans un communiqué. D'après ce dernier, les militaires russes "mettent en échec" les "tentatives" ukrainiennes de "pénétrer profondément" dans la région de Koursk et infligent de lourdes pertes au camp adverse.

"Provocation à grande échelle"

Si la communication officielle russe se veut rassurante - les autorités régionales évoquant encore jeudi une situation "stable et sous contrôle" -, le tableau dressé par des experts militaires est plus alarmiste.

En Russie, poursuite des combats dans la région de Koursk après une percée ukrainienne

L'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), qui siège aux États-Unis, a estimé dans son dernier rapport que les Ukrainiens avaient avancé jusqu'à 10 kilomètres de profondeur et pénétré à l'intérieur d'"au moins deux lignes de défense russes".

Selon plusieurs analystes, les soldats ukrainiens ont atteint Soudja, une ville russe d'environ 5 500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière et qui abrite une station de gaz fournissant toujours l'Europe via l'Ukraine. Mercredi soir, la chaîne Rybar, proche de l'armée russe, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient "pris la moitié ouest de (la ville de) Soudja".

Un blogueur, Iouri Podoliaka, dont la chaîne Telegram est suivie par près de trois millions d'abonnés, a quant à lui considéré, jeudi matin, que Soudja était "perdue", la disant "remplie de soldats ukrainiens." Selon lui, les Ukrainiens ont aussi progressé en direction de la cité de Korenevo, à plus de 25 kilomètres de la frontière.

L'armée russe n'a pas fait état de ces avancées ukrainiennes. Elle avait initialement assuré avoir obligé les troupes de Kiev à "se replier" en Ukraine, avant d'enlever cette allégation d'un de ses communiqués.

Puis, le lendemain, Vladimir Poutine est apparu visiblement en colère à la télévision russe, dénonçant une "provocation à grande échelle" de la part de l'Ukraine.

Quelque 3 000 personnes évacuées dans la région de Koursk

Bien que l'ampleur de la progression des militaires ukrainiens ne soit donc pas claire, le géant Gazprom a assuré, jeudi, continuer à livrer quotidiennement, comme à son habitude, son gaz via sa station à Soudja. Celui-ci transite ensuite par l'Ukraine à destination notamment de la Slovaquie et de la Hongrie, dont le Premier ministre, Viktor Orban, est proche de Vladimir Poutine.

Les autorités de la région de Koursk ont, pour leur part, instauré, mercredi, l'état d'urgence face une situation jugée "difficile" pour la population civile.

En Russie, poursuite des combats dans la région de Koursk après une percée ukrainienne

Environ 3 000 personnes ont déjà été évacuées, dont 1 500 dans des centres d'hébergement provisoires, ont fait savoir les autorités régionales.

Dans la région voisine de Belgorod, un homme a été tué et une autre personne blessée à la jambe, jeudi, dans une frappe ukrainienne, a annoncé son gouverneur, Viatcheslav Gladkov.

L'incursion ukrainienne en Russie intervient alors que l'armée russe est à l'offensive depuis plusieurs mois en différents points du front face aux troupes ukrainiennes, moins nombreuses et moins bien équipées, malgré une aide occidentale importante depuis février 2022.

En dépit de lourdes pertes, les Russes poursuivent en particulier leur lente avancée dans la région orientale de Donetsk, où ils pourraient, selon les observateurs, s'emparer de villes importantes si cette tendance se maintenait.

Mi-mai, les militaires russes ont également lancé une offensive dans la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est), stoppée dans la cité de Vovtchansk par Kiev, qui a néanmoins dû y dépêcher de précieuses ressources.

Avec AFP

Tags: Ukraine, Russie,