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JO 2024 - escrime : Erwann Le Péchoux, le champion olympique français qui gagne l'or avec le Japon
De notre envoyée spéciale au Grand Palais – Le Japon est devenu champion du monde par équipes de fleuret avec à sa tête l'entraîneur français Erwann Le Péchoux. Cet escrimeur avait déjà remporté ce titre, il y a trois ans à Tokyo, avec l'équipe de France. Il a contribué à voir le Japon prendre la première place du tableau des médailles en escrime, une grande première olympique.
JO 2024 - escrime : Erwann Le Péchoux, le champion olympique français qui gagne l'or avec le Japon

Erwann Le Péchoux est un ovni à sa manière. Il a conservé son titre au fleuret par équipes, mais sous le maillot d’un autre pays. En 2021, à Tokyo, il avait remporté l’or comme escrimeur au sein de l’équipe de France. Trois ans plus, sous la nef du Grand Palais à Paris, il a gagné le même métal, dimanche 4 août, mais comme entraîneur de l’équipe du Japon.

"J’ai gagné deux médailles d’or. C’est ce que tout le monde m’a dit !", lâche-t-il en plaisantant après la cérémonie protocolaire. "Les deux ont un goût différent, mais ce sont des sensations incroyables. Pour l'une, j’étais satisfait et heureux de ce que j’avais accompli et là je suis plutôt fier et heureux pour les garçons".

"Sincèrement, je ne réalise pas encore ce qu’ils ont fait", ajoute-t-il devant un parterre de journalistes japonais qui se presse pour écouter ses réponses à l'aide d'une traductrice.

JO 2024 - escrime : Erwann Le Péchoux, le champion olympique français qui gagne l'or avec le Japon

"Les Jeux les plus exceptionnels pour le Japon"

L’équipe nippone d’escrime a en effet réalisé une compétition historique. En une semaine d’épreuves, le pays a remporté cinq médailles, dont deux en or, plaçant le pays à la première place du tableau des médailles dans ce sport, une grande première.

"Ce sont les Jeux les plus exceptionnels pour le Japon de toute l’histoire. C’est juste incroyable, c’est même plus que ce qu’on espérait", a commenté Erwann Le Péchoux.

Après son titre gagné aux JO de Tokyo, l’escrimeur avait pris sa retraite sportive et s’était fait embaucher par l’équipe japonaise pour s’occuper du fleuret. "Mon choix premier était de rester en France. On m'a dit que je n'étais pas assez compétent. Une autre équipe m'a fait confiance et a fait appel à moi", avait-il expliqué aux journalistes quelques heures plus tôt au Grand Palais, après avoir battu en demi-finale l’équipe de France.

Une demi-finale France-Japon

Car pour décrocher l’or avec ses protégés japonais, Erwann Le Péchoux a dû éliminer ses anciens coéquipiers. Au Grand Palais, il a en effet retrouvé Enzo Lefort, Julien Mertine et Maxime Pauty avait lesquels il avait été titré en 2021, ainsi que le nouveau remplaçant Maximilien Chastanet. Ce match a été un crève cœur : "J'ai essayé de ne pas regarder leur banc, je me suis concentré sur mes tireurs pour leur donner mes consignes. J'ai essayé de ne pas penser aux à-côtés, mais c'est hyper dur car j'ai de super rapports avec eux. On a vécu tellement de choses ensemble pendant 15 ans... Mais bon, je me suis recentré sur mes gars, sur le boulot que j'avais à faire".

Résultat, les Japonais, champion du monde en titre, n’ont fait qu’une bouchée des tricolores  (45-37) pour décrocher leur place en finale où ils ont ensuite surclassé les Italiens (45-36). Pour se consoler, les Français ont remporté le bronze lors de la petite finale contre les Américains (45-32).  

Erwann Le Péchoux a été leur principal supporter : "On s’est croisé et bien évidemment je leur ai souhaité le meilleur pour une troisième place parce que j’avais vraiment envie que mes copains français remportent une médaille. J’étais très heureux pour eux et je les ai soutenus avant leur match".

Une expatriation réussie

Pas revanchard, dans les rangs tricolores, Julien Menire s’est aussi réjoui de la médaille d’or glanée par son ancien coéquipier devenu entraineur. "On a tourné la page après Tokyo, maintenant c’est un ami très proche. On a vécu de grandes choses ensemble. Chacun vit sa vie de son côté, mais on se retrouve aussi et on sait faire la fête ensemble", a expliqué le fleurettiste en conférence de presse.

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Erwann Le Péchoux avait pour mission de faire briller ses hommes à Paris. Son objectif est plus qu’atteint. "Quand il est arrivé il a réussi à leur donner cette dynamique et cette volonté de victoire et ce mental qui peut-être leur faisait encore défaut. Assez rapidement, ils ont commencé à monter sur des podiums", souligne Frank Boidin, médaillé de bronze en fleuret en individuel aux JO d’Atlanta en 1996, qui est en charge de l’équipe féminine de fleuret japonaise, médaillée de bronze à Paris.

Loin de leur pays, les deux hommes ont réussi leur expatriation et ne regrette pas leurs choix. "À titre personnel, c'est agréable de travailler dans un endroit où on a envie de toi", insiste Erwann Le Péchoux. "Les athlètes ne me connaissaient pas en tant que coach quand je suis arrivé, mais ils m'ont donné les clés. Je suis très fier qu'ils m'aient fait confiance et que ça ait payé".

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