
Comme une odeur de poudre en Israël, vendredi 2 août. Les Israéliens "qui le peuvent" ont reçu pour consigne de se tenir à proximité d'abris anti-missile, rapporte la correspondante de France 24, Claire Duhamel, depuis Jérusalem.
Si cette précaution est "assez courante" dans le pays, la question qui se pose désormais est celle d'une "escalade régionalisée", et donc d'une "menace bien plus grande que ce qu'a connu Israël jusqu'à présent" poursuit-elle.
En moins de trois semaines, trois ennemis d'Israël ont été assassinés.
Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas, figure historique du mouvement, a été tué mercredi 31 juillet à Téhéran, lors d’une frappe imputée à Israël par le Hamas et l'Iran.
Le lendemain, Tsahal a annoncé la mort de Mohammed Deif, bras armé du Hamas, dans un raid mené le 13 juillet. Mardi 30 juillet, l'armée israélienne a confirmé avoir éliminé, à Beyrouth, "le plus haut responsable militaire de l'organisation terroriste Hezbollah", Fouad Chokr.
Menaces conjointes, "riposte inéluctable"
Du point de vue iranien, l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh à Téhéran constitue une humiliation qui sera immanquablement vengée, tranchent des experts contactés par France 24. Jeudi 1er août, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a affirmé qu'un "châtiment sévère" serait infligé à Israël après ce meurtre.
Mais le risque d'une "riposte" contre Israël provient plus que jamais de l'ensemble des alliés de l'Iran : le Hamas, mais aussi le Hezbollah, les rebelles houthis du Yémen ou encore des milices affiliées à l'Iran en en Irak.
Le Hamas a demandé que "des marches de colère partent de chaque mosquée" après la grande prière du vendredi.
"Israël ne sait pas quelles lignes rouges il a franchies", a lancé jeudi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors des funérailles de Fouad Chokr, en menaçant Israël d'une "riposte inéluctable".
Les rebelles houthis ont promis quant à eux une "réponse militaire" à la "dangereuse escalade" provoquée selon eux par Israël.
Dans l'esprit des israéliens, le plus probable semble être une attaque telle que celle menée par l'Iran dans la nuit du 13 au 14 avril, au cours de laquelle il avait lancé quelque 300 missiles sur Israël, commente la correspondante de France 24 à Jérusalem, Claire Duhamel
Interceptée par Israël et ses alliés, cette "démonstration de force" n’avait engendré que des dégâts mineurs. De fait, la population espère qu'Israël pourra de nouveau neutraliser la menace, rapporte encore Claire Duhamel.
Mais pour venger l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, l’état-major iranien pourrait tout à fait lancer des missiles "au profil de vol beaucoup plus vicieux, et donc beaucoup plus difficile à intercepter", prévient Guillaume Ancel, expert des questions militaires et ancien officier français lors d'un entretien avec France 24.
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Accepter Gérer mes choixJoe Biden "très inquiet"
Jeudi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif", selon son bureau.
Le même jour, lors d'un entretien téléphonique avec lui, le président américain Joe Biden "a réaffirmé son engagement pour la sécurité d'Israël contre toutes les menaces de l'Iran, y compris de groupes terroristes qui agissent par procuration comme le Hamas, le Hezbollah et les Houthis" du Yémen, selon la présidence américaine.
Le président américain Joe Biden s'est déclaré également "très inquiet" de la montée des tensions au Moyen-Orient et a exhorté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à conclure rapidement un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
"Je suis très inquiet de cette situation", a déclaré le président américain à la presse sur la base aérienne d'Andrews, près de Washington, où il a accueilli des prisonniers américains libérés par la Russie. L'assassinat en Iran du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, n'a "pas arrangé" la situation, a-t-il ajouté.
Les sirènes d'alerte retentissent dans le nord d'Israël
Les sirènes d'alerte antiaérienne ont retenti dans le nord d'Israël, a déclaré jeudi l'armée israélienne, alors que l'Etat hébreu est en état d'alerte face à de possibles représailles après la mort du chef militaire du Hezbollah.
Dans cette région, les échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement chiite libanais sont quasi quotidiens depuis le début de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza le 7 octobre.
Les médias israéliens ont rapporté que les systèmes de défense aérienne du "Dôme de Fer" avaient été activées au-dessus de la Galilée occidentale, dans le nord d'Israël.
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Accepter Gérer mes choixOn ne savait pas immédiatement si ces frappes représentent une escalade par rapport aux échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah qui se sont intensifiés depuis le début de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en réponse à l'attaque du Hamas en octobre dernier.
De l'autre côté de la frontière, depuis près de dix mois, le sud du Liban vit lui aussi au rythme des tirs entre le Hezbollah et Israël. Quelque 100 000 Libanais ont fui la région frontalière, en partie détruite.
Sur les lèvres des habitants rencontrés par Serge Berberi, le correspondant de France 24 au Liban, une phrase se répète : "on n'en peut plus".
Avec AFP