

Lors des qualifications des épreuves de gymnastique, dimanche 28 juillet, les Françaises, médaillées de bronze aux Mondiaux-2023, ont complètement raté leur prestation. Portées par Mélanie de Jesus dos Santos, les Bleues ne sont ni qualifiées par équipe, ni au concours général individuel, ni pour aucune finale individuelle par agrès. Elles ont été perturbées par la chute sur le dos, lors de l'échauffement, de leur capitaine Marine Boyer.
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Accepter Gérer mes choixSous les couleurs de l'Algérie, Kaylia Nemour n'a en revanche pas manqué son rendez-vous olympique. Elle a brillé sur les barres asymétriques avec un score de 15,600 points, un écart important par rapport à sa note aux Mondiaux (15,033) et surtout la meilleure note de son groupe devant la superstar américaine Simone Biles.
La gymnaste de 17 ans peut prétendre à l'or lors de la finale des barres dimanche 4 août. Elle s'est également qualifiée pour le concours général qui a lieu jeudi 1er août.
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Accepter Gérer mes choixChangement de nationalité sportive
Née en 2006 à Saint-Benoît-la-Forêt, en Indre-et-Loire, Kaylia Nemour aurait pu réaliser ces exploits en portant la tenue de l'équipe de France.
Tout a changé il y a trois ans pour cette athlète qui s'entraine dans le petit club de d'Avoine-Beaumont. La faute à une poussée de croissance qui a provoqué un problème osseux (appelé ostéochondrite), nécessitant une opération à chaque genou. Durant un an, la prodige a dû mettre sa vie sportive entre parenthèses.
Malgré l'autorisation par son chirurgien de reprendre le sport, elle se voit interdire la poursuite de la pratique par le médecin de la Fédération française de gymnastique en mars 2022.
"J'ai réuni des experts de médecine du sport, des experts de chirurgie qui ont pris une décision médicale qui comportait des restrictions temporaires de pratique", a défendu auprès de l'AFP le médecin de la FFGym, Pierre Billard.
"On a dit à Kaylia qu'elle pourrait reprendre les barres en compétition sous réserve que ça évolue bien et qu'il y ait un suivi. Et qu'en fonction de l'évolution, avec un peu de temps, on autoriserait peut-être à reprendre un peu plus que juste les barres où les genoux sont assez protégés", a-t-il poursuivi.
L'entourage de la gymnaste, qui parle de "veto" de la part de la Fédération, a contesté la décision, et une bataille juridique de plusieurs mois s'est engagée entre les deux parties. Elle a finalement décidée de concourir sous sa nationalité algérienne, qu'elle tient de son père. "Kaylia a été exclue du collectif France. Alors comme on voyait que les choses s'envenimaient, les parents ont contacté la Fédération algérienne. Ça ne s'est pas fait sur un coup de tête", a expliqué son entraîneur, Marc Chirilcenco.
Cette décision est aussi intervenue dans un contexte de tension entre la Fédération et son club d'Avoine, dont certaines de ces gymnastes avaient préféré leur club à l'Insep ou au pôle France de Saint-Étienne pour préparer les Jeux olympiques.
C'est donc sous le drapeau rouge et vert que Kaylia Nemour s'est présentée aux Mondiaux en octobre dernier où elle a remporté la médaille d'argent des barres asymétriques, une première pour l'Algérie dans cette discipline.
"J'ai l'habitude de dire que Kaylia est française mais qu'elle a choisi de représenter l'Algérie pour ses convictions sportives. Je crois qu'aujourd'hui, elle a trouvé un équilibre", dit son coach, qui la suit depuis qu'elle est petite.
Le petit canard devenu grand cygne
Kaylia Nemour s'est mise à la gym toute petite, mais ses entraîneurs ont attendu ses 8-10 ans pour passer aux choses plus sérieuses. "Au début, elle n'avait pas la morphologie. Elle était petite, un peu boulotte et c'est en grandissant que le vilain petit canard est devenu un grand cygne, si je peux me permettre l'expression", dit l'entraîneur en plaisantant.
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Accepter Gérer mes choixNemour, dont le papa est informaticien et la maman "bosse tout le temps !", dit-elle, a un grand gabarit pour le milieu de la gym – 1,60 m. Son coach la présente comme "une gymnaste élégante, jolie, qui a beaucoup de swing".
Elle a grandi au milieu d'une fratrie de cinq enfants, 2 garçons et 3 filles – la petite dernière, Elina, pourrait bien être aux JO en 2032, s'amuse Marc Chirilcenco. Passionnée de pâtisserie – elle crée des gâteaux à chaque occasion et espère un jour ouvrir son laboratoire –, accro à la new romance côté littérature, Kaylia Nemour ne vit aujourd'hui que pour la médaille olympique.
"J'espère vraiment que je l'aurai, celle-là, je vais tout faire pour" répète-t-elle comme un mantra.
Avec AFP
