Wilfried Martens (photo), le "sage" nommé par le roi Albert II pour trouver un successeur au Premier ministre démissionnaire Yves Leterme, n'a toujours pas arrêté son choix mais a indiqué "travailler à un projet stable".
AFP - La Belgique est toujours à la recherche d'un Premier ministre pour sortir le pays de la crise mais un accord se dessine sur deux points: la coalition gouvernementale sortante devrait être reconduite et des élections législatives anticipées en juin paraissent à présent exclues.
Wilfried Martens, un "sage" chargé par le roi Albert II d'aider à trouver un successeur à Yves Leterme, contraint à la démission le 19 décembre après avoir été accusé de pressions sur la justice pour qu'elle valide son plan de sauvetage de la banque Fortis, a indiqué vendredi ne pas avoir encore abouti.
M. Martens, 72 ans, lui-même ancien Premier ministre dans les années 1980, a toutefois émis l'espoir d'arriver "très vite arriver à une conclusion" et a lâché un indice: "Je travaille à un projet stable", a-t-il dit aux journalistes, semblant ainsi suggérer que l'option jusqu'ici privilégiée d'un gouvernement de transition pour quelques mois seulement, en attendant des élections anticipées, n'était plus d'actualité.
Selon les chaînes de télévision belges RTL-TVI et RTBF et l'agence de presse Belga, les tractations entre partis en coulisses ont permis de dégager un consensus en ce sens vendredi.
"Il n'est plus question de parler d'élections anticipées", a souligné RTL-TVI dans son journal du soir.
Ce scénario prévoyait un scrutin législatif anticipé couplé en juin 2009 à des élections régionales très attendues, afin de repartir à zéro et de sortir le pays du climat paralysant de campagne électorale quasi-permanente.
Il est toutefois refusé par la principale formation politique flamande, le parti chrétien-démocrate d'Yves Leterme (CDV). Elle redoute d'être durement sanctionnée à cette occasion par les partis flamands radicaux qui revendiquent le plus fortement une autonomie régionale accrue, voire l'éclatement de la Belgique.
Autre élément paraissant acquis selon les médias: le successeur de M. Leterme sera issu de la même formation politique, alors que l'idée d'un chef de gouvernement libéral, comme le francophone Didier Reynders, avait un temps été avancée.
L'hypothèse de l'ex-Premier ministre chrétien-démocrate flamand Jean-Luc Dehaene, sans être abandonnée, est citée avec moins d'insistance par les médias belges, car les libéraux flamands le trouvent trop de centre-gauche.
"Les regards semblent se tourner vers deux autres personnalités féminines du CDV, Marianne Thyssen et Inge Vervotte", a souligné sur la RTBF le politologue belge Pierre Vercauteren.
La première est présidente du parti chrétien-démocrate flamand et la deuxième, âgée de seulement 31 ans, est ministre sortante de la fonction publique. Le nom du président de la chambre des députés belges, Herman Van Rompuy, qui pourtant a fait savoir qu'il n'était pas candidat, revient également au premier plan.
"Il faut une personnalité qui inspire la confiance. C'est une tâche énorme", a expliqué M. Martens vendredi.
Enfin, toujours selon les médias, la coalition hétéroclite sortante (incluant chrétiens-démocrates et libéraux côté flamand, et libéraux, centristes et socialistes côté francophone) devrait être reconduite telle quelle.
Ce qui sonne le glas de deux idées récemment évoquées: un élargissement du gouvernement aux socialistes flamands (soutenu notamment par M. Dehaene) et une coalition réservée aux seuls libéraux, socialistes et écologistes, dont seraient exclus les chrétiens-démocrates.
Wilfried Martens devrait rendre samedi un rapport intermédiaire au roi sur ses consultations. Mais selon les chaînes de télévision il faudra encore attendre plusieurs jours avant de connaître le nom du futur Premier ministre.