Quand les pronostiqueurs s'amusaient à cocher les nombreux espoirs de médailles du judo français, le nom de Joan-Benjamin Gaba n'était pas le premier qui venait à l'esprit.
À tort, puisqu'à la conclusion d'une journée de combats extraordinaires, il a remporté la médaille d'argent.
En finale, au terme d'un golden score étouffant de 5 min 24dans l'ambiance électrique de l'Arena Champ de mars, il a du s'incliner face à l'Azerbaïdjanais Hidayat Heydarov sur un contre foudroyant.
Une journée d'exploits
Dans la matinée déjà, le judoka Français a réalisé deux exploits. Il a d'abord éliminé dès son premier combat l'expérimenté Géorgien Lasha Shavdatuashvili, champion olympique à Londres en -66 kg et médaillé d'argent à Tokyo en -73kg.
Puis, après une victoire plus facile contre le Tanzanien Andrew Thomas Mlugu, il a défait en prolongation et au terme d'un combat d'une incroyable intensité le Japonais Soichi Hashimoto, de neuf ans son aîné et champion du monde 2017.
En demi-finale, il a battu le Moldave Adil Osmanov par ippon sur un mouvement d'épaule d'école. Comme si l'atmosphère bouillante de la salle du Champ-de-Mars le transcendait, lui le natif de Sèvres à quelques kilomètres de là.
Toujours en recherche de performances
Mis au judo par ses parents pour le canaliser, Joan-Benjamin Gaba a toujours voulu se fixer des objectifs de performance. Il est insatiable. Quand il apprend sa sélection olympique, sa première réaction est de repartir au charbon : "Je n’ai pas eu le temps de fêter cela car je suis reparti au travail aussitôt pour transformer cette sélection en médaille", explique-t-il dans une interview à la fédération française de judo.
Le travail a payé. Il est devenu le cinquième médaillé du judo français sur ces Jeux de Paris sur six possibles les trois premiers jours. Comme beaucoup d'autres judokas, il fait de sa discipline individuelle un sport d'équipe :"Le judo a beau être un sport individuel, on créé des liens forts avec des personnes qui deviennent comme des frères", loue-t-il dans la même interview.
Il n'a ouvert son palmarès que récemment, aux championnats d'Europe d'avril 2024.
Matelot et rappeur
Le judoka français fait partie de l’Armée des champions, engagé comme matelot dans la Marine nationale. Mais le militaire sait aussi se détendre en dehors des tatamis. C'est un fan de musique.
Et particulièrement de rap et notamment du rappeur Kaaris. Il n'hésite d'ailleurs à composer des textes, comme il le raconte à Ouest-France : "À une époque, avec mes cousins, on faisait des battles de rap. J’étais le meilleur dans l’écriture, et j’ai continué depuis… J’envoie mes textes à des potes, pour l’instant ça reste entre nous, ils ne sont sur aucune plateforme. J’écris souvent. En compétition, parfois, il m’arrive d’écouter ce que j’ai fait. J’aime écrire sur tous les thèmes de la vie. C’est un loisir, pour l’instant", explique-t-il.
Sa médaille à domicile risque de lui donner de la matière dans les prochaines semaines.