Malgré toutes les attentes qui pesaient sur ses épaules, Luka Mkheidze a répondu présent, samedi 27 juillet, lors de la première journée du tournoi olympique de judo.
Alors qu'il avait remporté la première médaille française aux JO de Tokyo en 2021, l'athlète de 28 ans a décroché trois ans plus tard la seconde médaille de la délégation française, cette fois-ci en argent.
Il a été battu en finale par le Kazakh Yeldos Smetov dans une Arena Champ-de-Mars largement acquise à sa cause et sous les yeux du président Emmanuel Macron.
Exempté de premier tour grâce à son statut de tête de série N.3, Mkheidze avait battu pour son entrée en lice le Mongol Enkhtaivany Ariunbold. Le tricolore a gagné après deux attaques valant waza-ari, transformées en ippon. En quart, il a également été impressionnant, prenant vite l'avantage (waza-ari) contre le Coréen Kim Won-jin. S'il n'a pas converti cette avance en ippon, il a su gérer le combat jusqu'à la fin des quatre minutes réglementaires.
En demi-finale, il a dû batailler pour se défaire du Salih Yildiz au golden score. Malgré le soutien des supporters français qui ont entonné la Marseillaise pendant le combat, il n'a pas réussi à se défaire du Kazakh Yeldos Smetov en finale.
De Tbilissi à Tokyo
Né en 1996 à Tbilissi, il grandit en Géorgie où il commence à pratiquer le judo à l’âge de huit ans après la victoire de son compatriote Zurab Zviadauri aux Jeux d’Athènes. Mais en 2009, sa vie bascule. Quelques mois après la guerre en Ossétie du Sud, région de Géorgie occupée par les troupes russes, ses parents rêvent d’un avenir meilleur et décident de quitter le pays.
Après une première étape en Biélorussie, ils gagnent la Pologne, mais leur demande d’asile y est refusée. La famille part alors pour la France. Luka Mkheidze et ses parents occupent, pendant un an, une chambre d’hôtel à Paray-Vieille-Poste, dans l’Essonne. Malgré ces conditions précaires, le jeune athlète reprend le judo. "Quand je suis arrivé en France, j’ai dû m’intégrer et apprendre la langue. Cela m’a forgé, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui je suis en équipe de France et que j’arrive à être performant", avait-il expliqué à France 24 quelques semaines avant le début des JO.
Mais le chemin pour porter le kimono des Bleus a été long. Après un passage au Havre, puis à Rouen et à Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne, Luka Mkheidze parvient à s’entraîner à l’Insep, le centre de formation des sportifs de haut niveau à Paris. Les portes de l’équipe de France lui sont cependant fermées : pour y accéder, il doit obtenir la nationalité française, mais la demande d’asile de sa famille est refusée à deux reprises.
En 2015, son dossier de naturalisation est finalement accepté. Son ascension dans le judo est lancée. Il participe à ses premiers championnats du monde en 2018. Trois ans plus tard, à Tokyo, en montant sur la troisième marche du podium dans la catégorie des -60kg, il permet à la France de remporter sa première médaille lors de la quinzaine olympique.
"Aider la France à aller de l’avant"
Sur les tatamis, Luka Mkheidze défend les couleurs de son pays d’adoption et fait également partie de l'armée des champions en étant membre du bataillon de Joinville [NDLR : une unité de l’armée française qui accueille des athlètes de haut niveau].
À son niveau et dans un climat de montée du racisme, le judoka d'origine géorgienne veut aussi montrer que les étrangers ont aussi beaucoup à apporter à la France. "Je suis l’un des exemples, mais il y en a des milliers comme moi qui aident la France à aller de l’avant", résume-t-il. "Elle a toujours accueilli des personnes venant d’autres pays".
Même s’il représente aujourd’hui l’Hexagone, Luka Mkheidze garde un lien très fort avec son pays d’origine où il se rend parfois pour des stages ou des vacances. Après sa médaille de bronze à Tokyo, la présidente Salomé Zourabichvili l’avait félicité en personne. Elle ne manquera certainement pas de l'appeler encore une fois fois après cette seconde récompense olympique.