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Paris 2024 : Adam Maraana, premier athlète arabe à porter les couleurs d’Israël aux JO depuis 50 ans
À 21 ans, le nageur Adam Maraana, dont le père est musulman et la mère juive d'origine russe, est le premier athlète arabe à représenter Israël aux Jeux olympiques depuis 1976. Sur fond de guerre dans la bande de Gaza, il tentera de se qualifier dimanche matin pour les demi-finales du 100 m dos à Paris La Défense Arena.
Paris 2024 : Adam Maraana, premier athlète arabe à porter les couleurs d’Israël aux JO depuis 50 ans

Il nage vers l’Histoire. En décrochant son ticket pour Paris 2024, le nageur Adam Maraana est le premier athlète arabe à représenter Israël aux JO depuis près d'un demi-siècle. "Ce sont mes premiers Jeux olympiques, et c’est un rêve qui se réalise", déclare-t-il à RFI, tout en restant modeste : "Je suis réaliste, j’ai peu de chances de décrocher une médaille, mais je vais essayer d’atteindre la demi-finale ou peut-être la finale."

Un mois avant les qualifications, les performances d’Adam Maraana n'étaient pourtant pas suffisantes. Son chrono de 54"6 au 100 mètres dos semble le condamner. Mais contre toute attente, il réussit à gagner une précieuse seconde (53"6) qui lui ouvre les portes de la compétition. "Gagner une seconde en natation, c’est vraiment dur", confie-t-il. "Et le faire en un mois, ça l’est encore plus. Mais j’ai montré à tout le monde que c’était possible."

Avant d’en arriver là, le jeune homme a nagé pendant une quinzaine d’années pour le club du Maccabi Haïfa, remportant en 2019 le bronze au 100 mètres dos au Festival olympique de la jeunesse européenne. En 2023, il décroche la troisième place au 50 mètres dos lors des championnats d'Europe des moins de 23 ans, et se classe quatrième au 100 mètres dos.

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À la croisée des identités israéliennes

Né le 7 juillet 2003 dans la ville côtière de Haïfa, dans le nord d’Israël, Adam Maraana grandit avec un père arabe musulman et une mère juive d’origine russe. "Je me considère comme israélien, russe et arabe", confie-t-il au journal israélien Haaretz. "Israélien avant tout, bien sûr. Russe et arabe, c'est une question de racines (...). Je ne suis pas pratiquant ou religieux. Oui, j'ai eu une bar-mitsvah et tout ça. Les gens ont été surpris d'apprendre que je parlais à peine l'arabe. Je le comprends assez bien."

Après l'haltérophile Eduard Meron à Rome en 1960 et le footballeur Rifaat "Jimmy" Turk à Montréal en 1976, il est le troisième Arabe israélien à représenter le pays aux Jeux olympiques – une communauté qui subit des discriminations, reconnues par la Cour suprême en juillet 2000. Le parcours d’Adam Maraana apporte ainsi une lueur d'espoir. "Les Arabes sont des membres de la société israélienne et les gens doivent savoir qu’ils peuvent représenter le pays à l’extérieur", déclare-t-il à France Info

Citoyens israéliens depuis 1948, les Arabes israéliens constituent 21,1 % de la population de l'État hébreu, selon les dernières estimations du Bureau central des statistiques d’Israël, soit officiellement 1,8 million de citoyens, descendants des 160 000 Palestiniens restés après la création d'Israël.

"Il n'y a pas de plus grande fierté"

Le jeune athlète s'exprime ouvertement sur les difficultés rencontrées par les Arabes israéliens, accentuées depuis l'attaque du Hamas sur le territoire israélien qui a causé la mort de 1 197 personnes – selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes –, suivie de l'offensive d'Israël dans la bande de Gaza qui a fait plus de 39 000 morts selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas depuis 2007.

"Il n'a pas été facile de participer à des compétitions à l'étranger depuis le 7 octobre, parce que beaucoup de gens à l'étranger sont extrêmement anti-Israël et qu'il y a des huées, mais en fin de compte, il n'y a pas de plus grande fierté", livre-t-il auprès de Haaretz. "Beaucoup de gens ne savent pas à quel point je me consacre à la représentation d'Israël", ajoute-t-il. "Peu de gens ont l'occasion de faire cela, alors on se sent spécial."

L'un de ses entraîneurs, Carmel Levitan, le décrit auprès d’Haaretz comme "intéressant et très sociable" en dehors de l'eau. "Son histoire est fascinante, et il aime la partager chaque fois qu'on discute avec lui. Il est très fier de ses origines. Il se voit comme un ambassadeur entre deux mondes et croit en sa capacité à apporter un changement. C'est un peu naïf, mais c'est magnifique."

Adam Maraana disputera le 100 mètres dos dimanche matin à Paris La Défense Arena. Un chrono parmi les seize meilleurs temps lui ouvrirait les portes des demi-finales, qui se tiendront le soir même. À peine les Jeux olympiques terminés, un nouveau chapitre s'ouvrira pour le jeune athlète. Il partira en août étudier à l'université de Caroline du Nord, où il portera les couleurs de l’équipe de natation des Tar Heels. Même de l'autre côté de l'océan, il espère rester un modèle pour la jeunesse arabe israélienne.