
Il y a une semaine, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait ouvert la porte à des pourparlers avec la Russie. Et c'est depuis la Chine que le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré, mercredi 24 juillet, que l'Ukraine ne négociera avec la Russie que lorsque celle-ci sera prête à le faire de "bonne foi".
Malgré ses forts liens économiques, diplomatiques et militaires avec Moscou, encore renforcés depuis le déclenchement en février 2022 de l'invasion russe de l'Ukraine, Pékin entend depuis de nombreux mois jouer les médiateurs entre les deux belligérants.
La visite officielle de Dmytro Kuleba, qui doit durer jusqu'à vendredi, est à cet égard la première d'un responsable ukrainien de ce niveau depuis le début de ce conflit.
Pendant sa rencontre mercredi avec son homologue chinois, Wang Yi, le chef de la diplomatie ukrainienne a "réitéré la position de l'Ukraine qui est d'être prête à négocier avec la partie russe (...) lorsque la Russie sera prête à négocier de bonne foi", selon un communiqué ukrainien, martelant qu'"actuellement la partie russe n'est pas disposée à le faire".
Les autorités russes ont fixé des conditions draconiennes à des pourparlers de paix. En préalable, elles réclament quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que l'Ukraine renonce à entrer dans l'Otan.
"Risque d'escalade et de débordement"
Interrogée sur la rencontre dans la matinée à Canton, dans le sud de la Chine, entre Wang Yi et Dmytro Kuleba, Mao Ning, une porte-parole de la diplomatie chinoise, a simplement dit qu'ils avaient "échangé leurs points de vue" sur le dossier ukrainien.
"Wang Yi a souligné que la crise en Ukraine était entrée dans sa troisième année, que le conflit se poursuivait et qu'il existait un risque d'escalade et de débordement". "La Chine estime que le règlement de tous les conflits doit passer par la table des négociations", a-t-elle ajouté devant la presse.
Dans un communiqué diffusé le même jour par son ministère, Dmytro Kuleba a assuré que l'Ukraine souhaitait "également suivre la voie de la paix, du redressement et du développement".
"Je suis convaincu qu'il s'agit là des priorités stratégiques que nous partageons", a déclaré le responsable ukrainien, pour lequel "l'agression russe a détruit la paix et ralenti le développement".
La Chine, qui partage avec la Russie la volonté de constituer un contrepoids face aux États-Unis, n'a jamais condamné l'invasion russe et accuse l'Otan de négliger les préoccupations de Moscou en matière de sécurité.
Ce géant asiatique a néanmoins aussi appelé l'an passé, dans un document sur la guerre, au respect de l'intégrité territoriale de tous les États, et donc de l'Ukraine. Il se présente ainsi comme un interlocuteur mesuré comparé aux Occidentaux, accusés de "jeter de l'huile sur le feu" en livrant des armes aux Ukrainiens.
Malgré d'évidentes différences de positions, Dmytro Kuleba avait jugé, mardi, sur Instagram, que Kiev et Pékin devaient s'engager "dans un dialogue direct" et appelé à "éviter la concurrence entre les plans de paix".
Avec AFP