
Il y a 65 ans le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée rouge. Plus d'un million de visiteurs viennent chaque année s'y recueillir.
Il y a 65 ans exactement, le 27 janvier 1945, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée rouge. Installé en 1940 par l’Allemagne nazie dans le sud de la Pologne, le camp a vu périr 1,5 million de personnes.
Transformé en musée en 1947 par le Parlement polonais, le camp est aujourd’hui un lieu de mémoire où plus d’un million de visiteurs viennent chaque année se recueillir, prier et tirer les leçons du passé.
Ce symbole de la barbarie nazie, indispensable lieu de mémoire, se dégrade cependant un peu plus chaque jour. La Pologne a fait les comptes : 120 millions d’euros sont nécessaires pour la conservation et l’entretien annuel des lieux. Une somme difficile à rassembler.
Une course contre le temps
En mars 2009, Simone Veil lançait un cri d’alarme auquel a répondu, seulement trois mois après, le professeur Wladyslaw Bartoszewski en créant la Fondation Auschwitz-Birkenau destinée à lever des fonds pour la conservation des lieux.
"Aujourd’hui, la situation est sous contrôle, affirme Piotr M. A. Cywinski, directeur du musée. Mais l’heure tourne. Si on ne trouve pas un plan de financement stable et permanent, de nombreux objets seront sujets à l’érosion et à la détérioration naturelle jusqu’à un point irréversible", avertit-il.
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979, le camp s’étend sur plus de 200 hectares de terrain, avec quelque 155 bâtiments et 300 ruines qui menacent de s’effondrer.
"La priorité absolue dans les années à venir inclut la conservation des baraques en briques et bois qui sont dans un état déplorable, les restes des baraques en bois du camp d’Auschwitz II-Birkenau, et les 11 bâtiments d’Auschwitz I qui hébergeront le nouveau musée", précise le chef du département de préservation du camp, Rafal Pióro.
Au-delà des bâtiments, le musée regorge de documents administratifs rédigés par les SS, ainsi que des dizaines de milliers d’objets personnels ayant appartenu aux victimes : 80 000 chaussures, 3 800 valises, 460 prothèses, 6 000 œuvres d’art…
Une responsabilité collective
Jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement polonais prend en charge la majeure partie des frais d’entretien du camp situé à 80 km de Cracovie. Les aides étrangères n’ont représenté en 2008 qu’à peine 5 % du budget total du musée.
Face au gouffre financier, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a lancé en 2009 un appel aux dons à l’adresse des pays de l’Union européenne. Serge Klarsfeld, avocat et seul membre français de la Fondation Auschwitz-Birkenau, a relayé l’appel dans les médias.
Sur les 40 pays sollicités, seuls quatre se sont engagés à apporter leur contribution : l’Allemagne, la République tchèque, la Suède et la Norvège. Berlin a notamment promis 60 millions d'euros pour la préservation du lieu, soit la moitié de la somme nécessaire à la protection des bâtiments et chambres à gaz en ruines de l'ancien camp de la mort nazi dans le sud de la Pologne. La France ne s’est pas manifestée.
Pour le reste, Piotr M.A Cywinski reste confiant. "Auschwitz reste le moyen le plus clair de comprendre la lutte pour les droits de l’Homme après la Seconde Guerre mondiale. Alors que les derniers témoins de cet âge tragique sont en train de disparaître, la préservation d’Auschwitz relève vraiment d’une responsabilité partagée."