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En Bolivie, les trois chefs présumés du coup d'État manqué placés en détention provisoire
Les trois principaux responsables présumés du coup d'État manqué de mercredi en Bolivie ont été placés en détention provisoire, a-t-on appris vendredi. Ils risquent jusqu’à vingt ans de prison pour avoir tenté de renverser le président Luis Arce.

Les trois responsables présumés du coup d'État manqué de mercredi en Bolivie ont été placés en détention provisoire pour une durée de six mois par la justice, a annoncé vendredi 28 juin le parquet.

Le général Juan José Zuniga, ancien chef de l'armée, le vice-amiral Juan Arnez, ex-chef de la marine, et Alejandro Irahola, ancien chef de la brigade mécanisée de l'armée, seront incarcérés dans une prison de haute sécurité située à la périphérie d'El Alto, une ville proche de La Paz.

"Cette détention provisoire ordonnée par le juge créera sans aucun doute un précédent, et constitue un bon signal pour que l'enquête puisse continuer à avancer", a déclaré le procureur Cesar Siles.

Les trois officiers soupçonnés d'avoir voulu renverser mercredi le président Luis Arce sont accusés de soulèvement armé et de terrorisme et risquent des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, a déclaré le magistrat à la télévision d'État.

Des dizaines de manifestants s'étaient rassemblés vendredi devant le bureau du procureur et le siège de la police où Juan José Zuniga est détenu à La Paz, brandissant des pancartes en faveur de la démocratie.

"Les gens qui veulent entrer par la force, avec des mitrailleuses, des chars, ne peuvent pas gouverner. Nous n'allons pas permettre cela, quel que soit le gouvernement en place", a déclaré à l'AFP Juan Fernandez, âgé de 44 ans.

Au total, 21 militaires actifs, retraités et civils ont été arrêtés dans le cadre de la tentative de coup d'État, au cours de laquelle des troupes équipées de chars ont assiégé le palais présidentiel pendant plusieurs heures avant de battre en retraite.

Le général Zuniga a soutenu avoir agi sur ordre du président qui lui aurait demandé de "mettre en scène quelque chose pour augmenter sa popularité". Luis Arce a vigoureusement nié : "Comment pourrait-on ordonner ou planifier un auto-coup d'Etat? (...) Il a agi de son propre chef".

Période de turbulence politique

Parmi les 21 personnes interpellées figure également le général Marcelo Zegarra, ex-chef de l'armée de l'air, et qui doit être présenté aux juges dans les prochaines heures. Il s'était présenté au bureau du procureur avec ses deux avocats.

Le sergent Alan Condori, qui conduisait le véhicule blindé qui a tenté d'enfoncer l'une des portes du palais présidentiel, a également été arrêté.

Avec ce coup d'État manqué, la Bolivie entre dans une nouvelle période de turbulence politique sur fond de crise économique. L'élection présidentielle de 2025 aiguise les appétits, tandis qu'un malaise règne au sein de l'institution militaire sur fond de grogne populaire face à la montée des prix et aux pénuries dans un pays dont les ressources gazières et de lithium suscitent l'intérêt à l'international.

À un peu plus d'un an de la fin de son mandat entamé en 2020, Luis Arce fait face à de multiples fronts. Notamment sur le plan politique avec une aile de son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), restée fidèle à l'ancien président Evo Morales (2006-2019) qui entend bien se représenter sous la bannière du MAS qu'il a créé.

Evo Morales, premier chef d'Etat indigène qui a gouverné trois mandats durant, veut revenir au pouvoir malgré une décision de la Cour constitutionnelle le lui interdisant au motif qu'il a déjà effectué plus que le nombre de mandats autorisé par la constitution. Une décision qu'il conteste et juge "politique".

Evo Morales a demandé vendredi l'ouverture d'une enquête après avoir remis en question la version officielle : "Le coup d'État commence, les ministres se promènent joyeusement sur la place Murillo, ils touchent des chars ; un coup d'Etat avec zéro blessé, zéro coup de feu, zéro mort", a-t-il dit en conférence de presse.

Il a appelé ses soutiens à se mobiliser en faveur de la démocratie, sans jamais mentionner Luis Arce.

Avec AFP