logo

Le Hezbollah libanais menace Israël et Chypre sur fond de guerre à Gaza
Dans un discours télévisé retransmis en direct, Hassan Nasrallah a averti mercredi qu'"aucun lieu" en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement, le Hezbollah, en cas d'attaque contre le Liban. Il a également menacé Chypre si l'île décidait d'ouvrir ses aéroports et ses bases à Israël.

Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a averti mercredi 19 juin qu'"aucun lieu" en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement en cas d'attaque contre le Liban, sur fond de craintes d'un embrasement lié à la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours télévisé retransmis en direct, il a aussi menacé pour la première fois Chypre, pays membre de l'Union européenne le plus proche des côtes du Moyen-Orient, disant "détenir des informations selon lesquelles (...) Israël dit qu'il utiliserait les aéroports et bases chypriotes si le Hezbollah attaquait ses aéroports".

"Une ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l'ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre", a prévenu Hassan Nasrallah. Chypre est située à quelque 300 km d'Israël et environ 200 km du Liban, et entretient de bonnes relations avec ces deux pays.

La guerre dévastatrice à Gaza, qui a éclaté après une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, a entraîné des violences à la frontière israélo-libanaise, entre le Hezbollah, un allié du mouvement islamiste palestinien, et l'armée israélienne, qui se sont intensifiées ces dernières semaines.

Mardi, l'armée israélienne a annoncé que "des plans opérationnels pour une offensive au Liban" avaient été "validés" et le chef de la diplomatie Israël Katz a affirmé que "dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera touché durement".

"L'ennemi (israélien) sait parfaitement que nous nous sommes préparés au pire (...). Il sait qu'aucun lieu (..) ne sera épargné par nos missiles" en cas d'attaque contre le Liban, a lancé Hassan Nasrallah, dont le mouvement armé et financé par l'Iran exerce une influence prépondérante au Liban.

En cas de guerre, Israël devrait "nous attendre par la terre, par la mer et par les airs", a encore dit le chef du Hezbollah, mouvement considéré comme terroriste par les États-Unis et le Royaume-Uni. Sa branche armée est classée terroriste par l'UE.

"Nous avons reçu de nouvelles armes"

Mercredi, le Hezbollah a indiqué avoir tiré "des dizaines de roquettes Katioucha et d'obus" en direction d'une caserne dans le nord d'Israël, près de la frontière libanaise, en représailles à des frappes israéliennes contre des cibles dans le sud du Liban ayant tué quatre de ses combattants.

"Nous avons reçu de nouvelles armes (...) et nous en gardons d'autres pour les jours qui viennent", a poursuivi Hassan Nasrallah, affirmant que sa formation comptait plus de 100 000 hommes prêts au combat.

Lors d'une visite dans le nord d'Israël, le chef de l'armée israélienne Herzi Halevi a affirmé que le pays détenait "des capacités infiniment plus importantes" que le Hezbollah. "L'ennemi n'en connaît que quelques-unes et il les affrontera au bon moment."

Un émissaire du président américain Joe Biden, Amos Hochstein, qui vient de visiter le Liban et Israël ces derniers jours, a jugé "urgente" une désescalade à la frontière.

Il a défendu le plan de cessez-le-feu dans la bande de Gaza présenté le 31 mai par Joe Biden, affirmant qu'il représentait aussi "une chance pour mettre fin au conflit" entre le Hezbollah et Israël.

Bombardements à Gaza

Dans la bande de Gaza assiégée et dévastée par plus de huit mois de guerre, les bombardements israéliens se sont poursuivis, principalement à Rafah, dans le sud du territoire.

Plusieurs véhicules militaires israéliens sont entrés dans un quartier de l'ouest de la ville, appuyés par des tirs de drones et de chars, selon des témoins. Des combats y ont opposé soldats et combattants palestiniens.

Sept personnes ont été tuées, selon les secouristes, par des frappes sur des tentes aux portes de Rafah, où sont réfugiés des centaines de milliers de Palestiniens.

Plus au nord, une frappe a tué trois Palestiniens près du camp de Nousseirat, selon la Défense civile.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1 194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, et 116 sont toujours retenues en otage à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive d'envergure sur Gaza, qui a fait jusqu'à présent 37 396 morts, essentiellement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

La guerre a aussi provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire, menacé de famine selon l'ONU et où l'aide internationale entre en quantité insuffisante.

L'ONU a dit qu'une pause "humanitaire" quotidienne annoncée par Israël dans ses opérations du matin au soir dans une zone de Gaza n'avait pas encore permis une augmentation des aides pour le territoire palestinien.

Selon des médecins, dix personnes ont été tuées après qu'une frappe israélienne a touché près de Rafah un groupe de Palestiniens attendant l'arrivée de camions d'aide.

Malgré les appels à un cessez-le-feu, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assure qu'il poursuivra la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza et considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l'UE et Israël.

Avec AFP