Après 37 ans de conflit, les Sri-Lankais devaient départager, mardi, le président sortant, Mahinda Rajapakse, et l'ex-chef des armées, Sarath Fonseka, dont le gouvernement conteste l'éligibilité. Les résultats doivent être connus mercredi.
AFP - Le Sri Lanka a voté mardi pour le premier scrutin présidentiel d'après-guerre dans un climat tendu, après une campagne émaillée de violences qui a pris la forme d'un duel entre les deux principaux candidats, anciens alliés dans le conflit contre la rébellion tamoule.
Auréolés de la victoire contre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), le président Mahinda Rajapakse et son ancien chef des Armées, l'ex général Sarath Fonseka, se sont livré une bataille acharnée pour obtenir la majorité des voix des 14,8 millions d'électeurs.
Les résultats du scrutin devraient être connus mercredi. Mais la bataille menace de se poursuivre sur le terrain judiciaire, le gouvernement ayant décidé de contester la légitimité du général Fonseka.
it"Nous demandons une décision de justice sur la légitimité de ce candidat parce qu'il ne peut être éligible", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Rohitha Bogollagama.
L'ex-général a expliqué à l'AFP qu'il n'avait pu voter parce que son nom ne figurait pas sur les listes électorales, mais qu'il n'existait aucun obstacle légal à ce qu'il devienne président, contrairement à des informations parues dans les médias détenus par l'Etat.
Le Sri Lanka a proclamé en mai 2009 sa victoire contre les LTTE, considérés comme un groupe terroriste par le Sri Lanka et les pays occidentaux, après un conflit de près de 40 ans qui a fait entre 80.000 et 100.000 morts.
Mahinda Rajapakse, un nationaliste acharné issu de la majorité cinghalaise, a convoqué la présidentielle deux ans avant le terme de son mandat pour profiter de la vague de soutien qu'il avait reçue après la victoire contre les rebelles.
Mais l'ex-général Fonseka, lui aussi considéré dans l'île comme l'artisan de la victoire, a ruiné ses plans en se présentant dans l'opposition après avoir démissionné de l'armée cet automne, accusant M. Rajapakse de l'avoir soupçonné d'un coup d'Etat.
"Nous aurons une grande victoire", a prédit le chef de l'Etat après avoir voté dans sa circonscription de Mulkirigala, dans le sud de l'île.
Un dirigeant de l'opposition, Ranil Wickremesinghe, a lui assuré s'attendre à un fort taux de participation qui devrait assurer la victoire de Fonseka.
"On ne peut pas dire que ce fut une élection libre et juste en raison du grand nombre d'incidents dans tout le pays", a commenté le commissaire des élections, Dayananda Dissanayake.
Au moins quatre militants ont été tués et près de 1.000 incidents recensés pendant la campagne, qui a vu s'affronter 22 candidats.
64 autres incidents violents se sont produits mardi, comme des coups de feu tirés près de bureaux de vote. Quatre explosions ont été recensées dans la péninsule de Jaffna, à 400 km au nord de la capitale, bastion de la minorité tamoule.
Fonseka accuse le gouvernement de vouloir truquer les résultats et d'user de la violence pour intimider les électeurs. Selon lui, l'armée, la télévision d'Etat et la police ont été préparées à un coup d'Etat pour maintenir M. Rajapakse au pouvoir.
Dans un curieux retournement des événements, la minorité tamoule pourrait finalement être l'arbitre de cette élection si les votes de la majorité cinghalaise se répartissent à parts égales entre les deux candidats.
Sur les deux hommes planent les mêmes allégations de crimes de guerre et de violations des droits de l'Homme.
Quel que soit le gagnant, il aura à affronter la pression des Nations unies et des pays occidentaux qui réclament une enquête indépendante et ont sévèrement critiqué Colombo pour avoir parqué dans des camps jusqu'en décembre quelque 300.000 civils tamouls.