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Publié le : 17/06/2024 - 07:39

A la Une de la presse, ce lundi 14 juin, les réactions à l’appel de Kylian Mbappé à voter "contre les extrêmes", aux législatives, la veille de l’entrée en lice des Bleus dans l’Euro. Le capitaine de l’équipe de France appelle à lutter contre les extrêmes et non un seul, et déclare que ce combat est plus important que le match de ce soir contre l’Autriche. Une déclaration qui intervient à 15 jours du début du premier tour.

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A la Une de la presse, l’appel de Kylian Mbappé à voter "contre les extrêmes", aux législatives. A quinze jours du premier tour, et juste avant l’entrée en lice des Bleus dans l’Euro, le capitaine de l’équipe de France appelle à lutter contre les extrêmes et non un seul, et déclare que ce combat est plus important que le match de ce soir contre l’Autriche. D’où la Une de L’Equipe, ce matin, qui fait allusion aux deux terrains sur lesquels Kylian Mbappe s’engage : "Gagner le premier tour". Le journal s’enflamme. "Jamais comme ça, jamais dans un moment pareil, jamais un tel joueur, jamais sous cette forme, tranchante, brillante, maîtrisée. Jamais, dans l'histoire de l'équipe de France on n'avait ainsi assisté au croisement d'un moment majeur de la vie politique française de la parole d'un capitaine et d'un grand événement sportif". L’intervention du capitaine des Bleus à la Une, également, de la presse sportive espagnole, signature au Real Madrid oblige. Marca file la métaphore politique : "Mbappe entra en campana", "Mbappé entre en campagne". "Mbappe contra la ultraderecha", "Mbappé contre l’extrême droite", titre As, qui a oublié la moitié de l’appel du capitaine des Bleus contre "les extrêmes".

La déclaration de Kylian Mbappé provoque une avalanche de réactions. Si le RN l’accuse de "fracturer le pays", la presse française réagit, dans l’ensemble, positivement à sa déclaration, notamment Mediapart, qui rappelle que sa prise de position suit celle de Marcus Thuram, l’attaquant des Bleus. Le joueur de l’Inter de Milan a exprimé sa consternation, samedi, face au contexte politique : "la situation est triste et très grave. C’est la triste réalité de notre société aujourd’hui". Le site d’info rappelle aussi que "les convictions contre les discriminations" de Kylian Mbappe, mais aussi d’autres joueurs de l’équipe de France, "sont parfaitement identifiées", et qu’il avait déjà dénoncé, dans le passé, la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle de police à Nanterre en juin 2023,  ou encore  les violences policières contre Michel Zecler en novembre 2020.

L’engagement de Kylian Mbappe contre le RN n’est donc pas une première pour lui, ni pour un capitaine des Bleus, puisqu’en 2002, lors du second tour de la présidentielle entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, Zinedine Zidane avait déjà appelé à voter contre le Front national, "un parti qui ne correspond pas du tout aux valeurs de la France", disait-il alors. Une position citée, à l’époque, par le Nouvel Obs.

De son côté, la Fédération française de foot déclare que "chacun (peut) s’exprimer librement", mais précise que sa neutralité "en tant qu'institution" doit être "comprise et respectée". Elle n’est pas comprise, en tout cas, par So Foot, qui relève que "le sport et le foot ont été souvent mis au service de la défense de la République ces derniers temps", et que la loi de 202 indique que "le contrat d’engagement républicain comporte l’engagement pour les ligues professionnelles de participer à la promotion et à la diffusion des principes du contrat d’engagement républicain" - "d’où les débats autour du ramadan ou des collants", relève le magazine, qui se demande "s’il s’agit de défendre la laïcité sur les pelouses, que faire quand un parti hostile à nombre des principes républicains, d’égalité ou de liberté, risque de s’installer à Matignon?". Pour So Foot, "la position de la FFF ne se démarque pas du mutisme gêné de l’ensemble du mouvement sportif et des athlètes de haut niveau.. à quelques semaines des JO de Paris".

Mutisme, pas complètement. Dans une tribune publiée hier par L’Equipe, une soixantaine de personnalités, dont Yannick Noah, François Gabart, Marie-José Pérec, Marion Bartoli et Yohann Diniz, affirment que l’extrême droite "piétine le respect", "l’une des pierres angulaires du sport". "Nous sommes bien conscients des difficultés grandissantes que beaucoup rencontrent pour joindre les deux bouts, de la colère face aux inégalités, du manque d’engagement et de la peur de l’avenir. Mais en tant que sportives et sportifs professionnels, entraîneurs et décideurs, nous ne pouvons nous résigner à voir l’extrême droite prendre le pouvoir dans notre pays", écrivent-ils.

La campagne officielle pour ces législatives a débuté aujourd’hui à minuit. Le journal La Croix, qui s’est engagé contre le Rassemblement national – file lui aussi la métaphore sportive : "Allez, la France". Le quotidien met en garde contre les conséquences dangereuses des tacles, critiques, oublis du collectif et autres "erreurs", "qui, déjà en football, sont impardonnables, mais qui, lorsqu’il s’agit de l’avenir politique pourraient être fatales et faire dégringoler (la France) dans le classement des nations championnes de la démocratie". 15 jours pour convaincre, 15 jours pour choisir, alors que "la clarification tourne au grand bazar", selon L’Opinion : "Entre sauve-qui-peut et combinaisons locales, tout ce qui se trouve à gauche du Rassemblement national a basculé dans un complexe jeu d’alliances propre à égarer l’électeur le plus aguerri".

La presse française, elle, a déjà choisi son camp. Les Echos mettent en garde contre ce qui attend les Français avec les programmes dits "de rupture", en prévenant que les promesses de campagne de LFI et du Rassemblement national "risquent de coûter très cher", que "l’inquiétude gagne les milieux économiques" et qu’un "début de vent de panique" a déjà "saisi les marchés", tandis que L’Humanité promet que le pouvoir d’achat est "le nerf de la guerre du Front populaire" et que celui-ci "donne la priorité aux urgences sociales". Du Front populaire à l’ex-Front national : à la Une du Figaro, qui accuse le patron de LFI de "radicaliser" la gauche, Marine Le Pen assure que le RN n’aura "aucun difficulté à former un gouvernement" et que la principale menace, ce n’est pas elle, mais "l’islamo-gauchisme qui prône la disparition de l’ensemble (des) libertés". Libération, enfin, ironise sur "la déprime en marche" d’une majorité qui ne saurait plus "où elle habite". Libé voit "la recomposition politique en cours (nourrir) de nombreuses interrogations sur la quasi-totalité des forces politiques" françaises. Début des réponses dans 15 jours, donc.

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