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Roland-Garros : Varvara Gracheva voit la vie en bleu et se qualifie pour les huitièmes de finale
Comme son désormais compatriote Corentin Moutet la veille, Varvara Gracheva s'est qualifiée samedi pour les huitièmes de finale de Roland-Garros. Russe naturalisée française en 2023, la tenniswoman vit une quinzaine spéciale Porte d'Auteuil.

Rien n'aurait pu lui faire plus plaisir. Alors qu'elle concluait son troisième tour face à la Roumaine Irina-Camelia Begu (127e), Varvara Gracheva a eu le plaisir d'entendre une Marseillaise spontanée descendre des tribunes du court Central où elle disputait son match samedi 1er juin.

Ce moment, bercé au son de l'hymne national français qu'elle a repris du bout des lèvres, restera longtemps gravé dans sa mémoire.

"C'est immense, pour moi, cela voulait dire que tout le monde m'accepte, que c'est chez moi, ici. Et je suis motivée pour faire encore plus", a dit la joueuse née russe et naturalisée française l'an passé. "C'est tellement spécial, je suis fière, j'en perds mes mots."

Grosse ovation puis Marseillaise pour Varvara Gracheva, très émue, sur le Suzanne-Lenglen après sa qualification en huitièmes de finale de #rolandgarros pour la première fois de sa carrière. Elle a battu Irina-Camelia Begu en deux sets (7-5, 6-3). pic.twitter.com/rjq5h93lZJ

— Sasha Beckermann (@SashaBeckermann) June 1, 2024

La Française, 88e mondiale, qui s'est imposée 7-5, 6-3 aux dépens d'Irina-Camelia Begu, atteint ce stade d'un Grand Chelem pour la première fois à 23 ans.

Sa performance fait office de rare rayon de soleil pour le tennis français, qui n'est donc plus représenté que par elle et Corentin Moutet dans le tournoi. Il fallait remonter à 2020 pour voir des Bleus poursuivre l'aventure en deuxième semaine à Roland-Garros et, à l'époque, ni Hugo Gaston, ni Caroline Garcia, ni Fiona Ferro n'avaient ensuite rallié les quarts.

Pour espérer faire mieux et ainsi poursuivre sa belle aventure, Gracheva devra écarter la jeune Russe Mirra Andreeva (38e) ou l'Américaine Peyton Stearns (62e), avant de voir certainement se profiler une adversaire d'un autre calibre, la Biélorusse numéro 2 mondiale Aryna Sabalenka.

Un troisième tour maîtrisé

En attendant, la Française, qui avait créé la sensation dès son entrée en lice en éliminant la Grecque Maria Sakkari, 7e mondiale, a confirmé ses excellentes dispositions actuelles.

Agressive dans les échanges, elle a mené la danse dans le premier set, breakant deux fois, non sans toutefois laisser Begu immédiatement répondre pour recoller au score. Puis elle a gâché trois balles de set à 5-4 sur le service de sa rivale. Un manque de réalisme sans conséquence, puisque la quatrième opportunité fut la bonne à 6-5.

Dans la foulée, Gracheva s'est encore emparée du service de la Roumaine à deux reprises pour s'échapper 4-0 dans la seconde manche. Elle a ensuite dû batailler un peu plus pour résister à la tentative de retour de sa rivale. "J'ai dû vite trouver une solution pour éviter de me retrouver avec un troisième set à jouer, car ça n'aurait alors plus été le même match", a-t-elle expliqué.

Gracheva a finalement conclu l'affaire en 1 h 33, sous l'ovation du court Philippe-Chatrier. Son sourire radieux ne trahissait pas uniquement l'immense plaisir de l'instant, car elle l'a aussi arboré durant la rencontre et plus globalement depuis le début de la quinzaine. Une nouveauté dans son approche des matches.

"C'est un changement que j'ai décidé d'opérer (après le premier trimestre). J'étais dans une situation... pas pénible, mais pas bien. Donc j'ai décidé d'apprécier plus le moment et, heureusement, mes amis m'ont beaucoup aidée", a expliqué Gracheva, dont le début de saison a été effectivement plombé par six éliminations consécutives au premier tour, en février-mars.

Puis celle qui restait sur une défaite au deuxième tour du WTA 1000 de Rome début mai, face à Maria Sakkari, s'est vengée à la surprise générale en ouverture de Roland-Garros. "Je ne m'attendais pas à passer ce premier tour. Sur le papier, elle était de loin favorite", a-t-elle rappelé.

"J'essaie de prendre les choses de façon cool. Pourquoi on devrait avoir une énorme pression ? Le plaisir, c'est le principal. Quand j'aurai 70 ans, je veux me rappeler des moments passés sur le Suzanne-Lenglen", a-t-elle ajouté.

Vit-elle le plus grand moment de sa carrière ? "Oui, définitivement", mais elle n'est pas sur un nuage: "J'essaie de rester sur Terre le plus longtemps possible."

Avec AFP