L'édition 2024 de Roland-Garros fait voler en éclats toutes les certitudes. Pas de flâneries sur les transats dans les allées de la Porte d'Auteuil en attendant l'inévitable nouveau sacre de Rafael Nadal. Le roi aux 14 sacres est tombé dès le premier tour. Et, pour une fois, aucun favori ne se détache dans la course à la coupe des Mousquetaires.
Novak Djkovic : dans l'incertitude
Depuis 2016, quand ce n'est Rafael Nadal qui s'impose, la règle veut que ce soit Novak Djokovic qui soulève la coupe des Mousquetaires. Seulement cette année, le Serbe aux 24 victoires en Grand Chelem arrive dans l'incertitude. Éliminé en demi-finale à l'Open d'Australie, le N.1 mondial, en quête d'un 25e titre du Grand Chelem, n'avait pas, pour la première fois depuis 2018, remporté le moindre tournoi de la saison à une semaine du début de Roland-Garros. À Rome, où il s'est imposé six fois, il a été battu dès son second match et s'est dit "complètement à côté de la plaque".
Au premier tour, Novak Djokovic s'est un peu rassuré en remportant une victoire laborieuse contre l'invité français Pierre-Hugues Herbert. "C'est une victoire en trois sets. Je me suis senti mieux par rapport aux semaines précédentes. J'avance dans le bon sens. Je me suis encouragé, j'étais concentré, j'étais là, présent : je suis satisfait de mon état d'esprit", a-t-il retenu. Mais, "je ne veux pas trop m'enthousiasmer, ce n'est qu'un match."
Mais Nole restant Nole, impossible de l'écarter.
Jannik Sinner : si ça hanche le laisse tranquille…
Il est l'homme qui a enfoncé Novak Djokovic dans le doute après une performance stratosphérique en demi-finale de l'Open d'Australie, un tournoi qu'il a ensuite remporté. Soutenu par ses fidèles "supporters carottes" (Carota Boys) qui notamment ont choisi ce légume en raison de la couleur de cheveux du joueur, Sinner avait également remporté dans le foulée les tournois de Miami et de Rotterdam, s'adjugeant la place de numéro 2 mondial.
Cependant, l'insolence de son début de saison s'est heurté à un pépin physique à la hanche droite qui a tronqué sa saison sur terre battue. Il a été contraint au forfait avant son quart de finale à Madrid et à renoncer à Rome. L'incertitude a même pesé sur sa présence à Roland-Garros.
Face à Eubanks (46e mondial), Jannik Sinner n'a semblé ressentir aucune gêne physique. Il a tenu la distance lors des rares échanges longs qu'il a eu à tenir et il a su imprimer le rythme à la rencontre, débordant souvent son adversaire qui a été sans solution pour l'enquiquiner, durant les deux premiers sets.
Carlos Alcaraz : si son bras le laisse tranquille…
Il est espagnol, gaucher et très à l'aise sur terre battue… Quand on parle de relève de Rafael Nadal, le nom de Carlos Alcaraz vient naturellement et ce joueur de 21 ans rêve, comme son idole, de remporter Roland-Garros.
L'an dernier, Carlo Alcaraz avait quitté la Porte d'Auteuil dans les larmes, vaincu en demi-finale par les crampes et Novak Djokovic. Il avait pris sa revanche à Wimbledon, décrochant au passage son 2e titre en Grand Chelem.
Cependant, comme Jannik Sinner, Carlos Alcaraz est diminué physiquement depuis des semaines. Il souffre de son avant-bras droit et, après avoir renoncé à Monte-Carlo et Barcelone, il avait brusqué son retour à Madrid. Éliminé en quarts, il avait renoncé dans la foulée à Rome.
Il s’est rassuré lors de ses deux premiers tours , s’imposant face à J.J. Wolf et J. De Jong sans paraître handicapé par son bras. Contre le Néerlandais, il a tout de même laissé un set.
Les convalescents Jannik Sinner et Carlos Alcaraz devraient se croiser en demi-finale s'ils surmontent les embûches jusque-là.
Casper Ruud : la troisième finale sera-t-elle la bonne ?
Battu deux fois en finale par Nadal en 2022 puis Djokovic en 2023, Casper Ruud se retrouve en position favorable. Finaliste à Monte-Carlo et victorieux à Barcelone, il a été moins convaincant ensuite avec des revers en huitièmes à Madrid et au premier tour à Rome.
En revanche, il a facilement remporté son premier tour, avec une victoire en trois sets (6-3, 6-4, 6-3) contre le Brésilien Meligeni Alves.
Questionné sur la désignation d'un favori lors de la conférence de presse d'après-match, Ruud s’est volontairement exclu du débat : "Non, je ne me mettrais pas dans la liste parce que je ne veux pas me mettre la pression". Pour vivre heureux, il préfère vivre caché.
Stefanos Tsitsipas : en quête de revanche
Les outsiders pour la victoire finale marchent décidément par paire. Si les parcours de Sinner et Alcaraz fonctionnent en miroir, c'est également le cas pour Casper Ruud et Stefanos Tsitsipas
Le Grec a remporté Monte-Carlo et joué la finale à Barcelone avant de tomber d'entrée à Madrid et en quarts à Rome.
Cependant, le finaliste à Roland-Garros en 2021, est tellement à l'aise sur l'ocre qu'il peut viser un premier titre du Grand Chelem à Paris. De quoi faire oublier son année 2023 en demi-teinte. Les deux premiers tours ont jusqu'ici été convaincants.
Alexander Zverev : en pleine confiance
Et si, en 2024, Roland-Garros souriait enfin à Sacha ? L'Allemand, demi-finaliste Porte d'Auteuil lors des trois dernières éditions, espère enfin se hisser en finale.
Alexander Zverev s'est présenté en forme et auréolé du statut vainqueur du Masters 1 000 de Rome. Au premier tour, il a fait tomber Rafael Nadal. Le troisième seulement à réussir cette exploit sur l'ocre parisien après Söderling et Djokovic.
De quoi faire le plein de confiance. Reste à ne pas se brûler les ailes. Ou se faire rattraper par la justice : son procès pour violences conjugales s’ouvre le 31 mai à Berlin en son absence.