Au revoir ou adieu ? La question reste sans réponse claire tant Rafael Nadal, la légende vivante aux 14 sacres à Roland-Garros, s’est voulu à la fois fataliste et mystérieux après son élimination au premier tour de l'Open de France, lundi 27 mai. L'Espagnol s'est projeté vers les Jeux de Paris, qui le verront, sauf blessure, revenir sur l'ocre parisien mais il a refusé à dire clairement que 2024 était sa dernière année professionnelle.

"Je ne sais pas si c'est la dernière fois que je vais me retrouver ici devant vous. Je ne suis pas sûr à 100 % mais si c'était la dernière fois, je veux profiter du moment", a remercié le tennisman, qui aura 38 ans dans quelques jours. Il a été invité, malgré sa réticence, à faire un discours sur le Central après son élimination au 1^er tour par Alexander Zverev.

Terrassé par les blessures après son dernier sacre Porte d'Auteuil en 2022, Rafael Nadal revenait cette année sans certitudes : "Je suis allé sur le court aujourd'hui avec l'étrange impression que j'allais jouer un premier tour à Roland-Garros et que je n'allais pas être le favori pour une fois. Et ça a été vrai", a-t-il raconté en conférence de presse d'après match.

Au cœur d'une année 2023 passée en plein doute, Rafael Nadal se montrait beaucoup plus péremptoire, affirmant qu'il envisageait la retraite pour 2024. Depuis son arrivée à Paris, une semaine avant le début du tournoi, son discours a changé : il se refuse à dire que c'était la dernière. Le monstre sacré de la Porte d'Auteuil refuse la petite mort de la retraite.

Au niveau contre Zverev

La semaine d'entraînement intensive qui a précédé son entrée en lice dans le tournoi et, surtout, sa performance contre Alexander Zverev, numéro 4 mondial, lui ont sans doute montré qu'il n'était pas totalement fini.

Désormais 273^e mondial et donc non protégé lors du tirage au sort, Rafael Nadal avait écopé d'un gros morceau en la personne de l'Allemand. Mais, face au récent vainqueur du Master de Rome, le taureau de Manacor a répondu présent dans l'intensité. Et se dire qu'avec un peu de clémence du destin, il aurait pu tenir la dragée haute à 90 % du plateau présent Porte d'Auteuil.

"Sans aucun doute, je me suis senti bien mieux qu'avant, je ne me suis pas senti limité aujourd'hui pendant le match. J'ai trouvé que j'ai réussi à me déplacer bien mieux que lors des tournois précédents, mais j'avais un adversaire coriace en face et je trouve qu'il a très bien joué", a-t-il expliqué. " Je me suis battu, j'étais prêt à me battre davantage mais c'est ainsi…"

Pour ne pas insulter l'avenir, le Majorquin a soigneusement refusé toutes les offres d'hommage à sa carrière. La directrice de Roland-Garros, Amélie Mauresmo, était pourtant prête à appuyer sur le bouton.

De retour en juillet

D'ici une hypothétique participation en 2025, Rafael Nadal a pour objectif de revenir à Paris pour les JO, quitte à faire l'impasse sur Wimbledon d'ici là.

"Ça semble difficile. Ça me paraît difficile de faire la transition avec le gazon (en vue du tournoi de Wimbledon) pour revenir sur terre battue avec les Jeux olympiques" deux semaines plus tard, a expliqué Nadal tout en restant prudent. "Je ne peux rien confirmer, mais je ne pense pas que ça serait malin après tout ce qui est arrivé à mon corps (depuis deux ans). Aujourd'hui, je pense que ce n'est pas une bonne idée", a-t-il ajouté.

Alors que la rumeur l'envoyait composer une doublette de rêve avec Carlos Alcaraz, sa relève dans le tennis espagnol et actuellement 3e du classement ATP, Rafael Nadal a sous-entendu qu'il pourrait jouer en simple le tournoi olympique : "J'ai confiance dans le fait d'y arriver préparé, mais aux JO, je serai dans la même situation qu'ici : je peux tomber sur n'importe quel joueur au premier tour"

Rafael Nadal compte déjà deux titres olympiques à son palmarès : une médaille d'or décrochée en simple à Pékin en 2008 et une autre en double à Rio en 2016 avec Marc Lopez. Mais quand le tournoi olympique se déroule sur son ocre fétiche, l'homme aux 14 Roland-Garros ne craint pas de se montrer gourmand.

Et pour le doux rêve de revenir en 2025 ? "Je me donne encore deux mois, jusqu'aux Jeux Olympiques, et ensuite on verra si je peux continuer de jouer ou si je décide que finalement il est temps de raccrocher." L'espoir est là et les fans de l'Espagnol s'y raccrochent.