
Il avait été salué de manière quasi-unanime par la presse internationale sur la Croisette. "Anora", huitième film du cinéaste américain Sean Baker, a remporté, samedi 25 mai, la Palme d’or au Festival de Cannes, attribuée par le jury de Greta Gerwig.
Le long métrage, émouvant et drôle, raconte l’histoire d’Ani, jeune stripteaseuse devenue call-girl qui se marie avec son client, le fils d’un oligarque russe. Le conte de fées tourne au vinaigre lorsque les parents du jeune homme apprennent la nouvelle et décident de faire annuler cette union. Ani, de son côté, ne compte pas se laisser faire.
"Je dédie cette Palme aux travailleuses du sexe, passées, présentes et futures" a déclaré le cinéaste, qui a également rendu hommage à deux de ses idoles, Francis Ford Coppola et David Cronenberg.
Présenté au début de la deuxième semaine du festival, le long métrage avait suscité un fort engouement.
"C’est l’un des meilleurs films de Sean Baker, dont la devise pourrait être : il ne faut jamais sous-estimer qui que ce soit", avait commenté le journaliste britannique John Bleasdale, critique de films pour les médias Variety, Sight & Sound ou bien encore Cine-Vue. Un enthousiasme partagé par le journaliste chinois Ziyue Zhang : "Ce film mérite de gagner car c’est une histoire très émotionnelle qui résonne pour tous, au-delà des cultures".
Double récompense pour "Emilia Perez"
Premier film indien en compétition depuis trente ans, "All we imagine as light", de Payal Kapadia, a remporté le grand prix, célébrant cette épopée poétique de deux femmes vers l’acceptation de leurs désirs.
Le long métrage “Emilia Perez”, de Jacques Audiard, sur un chef de cartel qui décide de changer de genre pour retrouver sa vraie nature, a été doublement récompensé par le prix du jury, ainsi que le prix d’interprétation féminine attribué conjointement à ses actrices Karla Sofía Gascón, Selena Gomez et Zoe Saldaña.
Le prix de la mise en scène a été attribué au portugais Michael Gomes, pour “Grand tour”, film historique narrant l’épopée d’une femme à travers l’Asie.
Le film iranien, "Les Graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof a remporté le prix spécial du jury. Réalisé clandestinement en Iran avec un budget dérisoire, le long-métrage raconte l'histoire d'une famille dont le père fonctionnaire est promu enquêteur pour le régime, alors qu’éclate un mouvement de protestations populaires.
“J’ai une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi ici” a déclaré le réalisateur, dont la fuite, après sa condamnation à plusieurs années de prison, a fait les gros titres en ce début de festival.
Meilleur scénario pour “The Substance”
L’acteur américain Jesse Plemonsa remporté le prix d’interprétation masculine pour sa performance dans “Kinds of Kindness”,comédie noire psychologique de Yorgos Lanthimos.
L’horrifique “The Substance”, de la française Coralie Fargeat, a remporté le prix du meilleur scénario. Cette réinterprétation très personnelle du mythe de la jeunesse éternelle, a sidéré la Croisette et impressionné les critiques par sa maîtrise et sa créativité. Lors de son discours, la réalisatrice a rendu hommage à son équipe et en particulier Demi Moore, “quel cadeau de travailler avec toi”. “Je souhaite remercier toutes les femmes qui prennent le risque de lever la voix pour améliorer le monde”, a-t 'elle déclaré.
“Armand”, de Halfdan Ullmann Tøndel a remporté la Caméra d’or, décernée au meilleur premier film, alors “Mongrel” de Chiang Wei Liang et You Qiao Yin a obtenu une mention spéciale.
La Palme d’or du meilleur court-métrage a été décernée à “The man who could not remain silent”, de Nebojša Slijepčević, alors que “That for a moment” de Daniel Soares a obtenu une mention spéciale.
