Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient a annoncé avoir arrimé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'y acheminer plus d'aide humanitaire. À terme, les États-Unis espèrent l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour" dans le territoire palestinien, soumis à d'intenses bombardements israéliens, et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.
Washington a annoncé avoir achevé, jeudi 16 mai, une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire palestinien bombardé et assiégé par l'armée israélienne.
Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des États-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).
"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Centcom, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".
Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.
"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.
Today at approximately 7:40 a.m. (Gaza time) United States Central Command personnel supporting the humanitarian mission to deliver additional humanitarian aid to Palestinian civilians in need anchored a temporary pier to the beach in Gaza. As part of this effort, no U.S. troops… pic.twitter.com/048seMnkLJ
— U.S. Central Command (@CENTCOM) May 16, 2024Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".
Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.
Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'État américain, Vedant Patel, a indiqué que les États-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".
Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".
"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."
"150 camions par jour"
À terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.
Ce projet de jetée, d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des États-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.
Le Royaume-Uni a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.
Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70 % ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.
La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.
Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76 000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.
Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.
L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage – Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Égypte.
L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.
Depuis, l'Égypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.
Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.
Avec AFP