Le 10 mai 2024, un dialogue inter-Maliens boycotté par de nombreux partis politiques a proposé la prorogation de la transition vers la démocratie de deux à cinq ans, ainsi que que la candidature du chef de la junte Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle. Dans un entretien accordé à France 24, le président du parti Yelema, Youssouf Diawara, affirme eu ce dialogue avait été convoqué dans le seul but de prolonger la transition.
Alors qu’au Mali, la période de transition, enclenchée après le coup d’État militaire d’août 2020, devait officiellement prendre fin le 26 mars 2024, Assimi Goïta est toujours à la tête du pays. Et selon les recommandations du dialogue inter-Maliens, rendues le 10 mai, il sera candidat à la prochaine élection présidentielle – contrairement aux dispositions de la charte de la transition.
Au lieu de se pencher sur les priorités des Maliens, le dialogue "ne travaille pas sur ça", assure Youssouf Diawara, dont la formation politique, le parti Yelema, a boycotté la consultation. "On [la junte malienne, NDLR] travaille non seulement sur 'ne pas partir', mais sur la façon de rester le plus longtemps possible."
Le Mali "ressemble" à une dictature
Interrogé sur la nature dictatoriale du régime, l'opposant répond que "quand on est dans la privation des libertés et quand l'autorité pense que ses volontés sont les lois, ça y ressemble."
Parmi les recommandations du dialogue national figure aussi le durcissement des conditions de création et de financement des partis politiques. Au mois d'avril, la junte avait déjà annoncé la suspension des activités des partis politiques, les accusant de subversion. "Nous allons nous battre pour préserver notre droit constitutionnel", assure Youssouf Diawara. "Nous avons rejeté" la décision de suspension du parti Yelema, ajoute-t-il, affirmant avoir attaqué cette décision devant la Cour Suprême.
Notant que lors du coup d'État, en 2021, il avait été annoncé que la transition serait courte et civile et qu'elle se prolonge dorénavant, il appelle à une mobilisation de l'opinion publique. "Depuis le début, on est dans le mensonge, qui est en train de perdurer." Selon lui, seules de vraies élections permettraient de trouver une solution.
S'il estime que des efforts ont été faits pour améliorer la situation sécuritaire, il critique la rupture du dialogue entre le pouvoir central et les groupes autonomistes du nord du Mali. Selon Youssouf Diawara, "on ne doit pas quitter la table quelles que soient les tensions." quant au retrait de la Cedeao du Mali, du Burkina Faso et du Niger, il considère que cette sortie n'est pas encore effective. "J'espère qu'on en sortira pas [de la Cedeao]", conclut-il.