Les Tchadiens ont commencé à voter, lundi 6 avril, pour la première fois depuis la prise de pouvoir des militaires en 2021.
Les bureaux de vote disséminés dans ce vaste pays d'Afrique centrale, semi-désertique ou désertique sur 80 % de sa surface, ont ouvert à 6 h (5 h GMT) et doivent se fermer à 17 h (16 h GMT).
Aux yeux des analystes, Mahamat Idriss Déby, qui s'est installé au pouvoir en tant que "président de transition" du Tchad en avril 2021 lorsque son père, le président Idriss Déby, a été assassiné par des rebelles, est le favori du scrutin. Toutefois son principal rival, Succès Masra, qui n'est autre que son Premier ministre, a attiré des foules plus importantes qu'attendu lors de la campagne.
L'élection se tient alors que les États-Unis ont annoncé fin avril le retrait temporaire d'une partie de leurs troupes déployées au Tchad, que les puissances occidentales considèrent comme un allié important face à l'influence grandissante de la Russie dans la région et face à l'insurrection de groupes jihadistes.
Quelque 8,5 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales. Les soldats ont commencé à voter dimanche.
Des résultats provisoires sont attendus d'ici le 21 mai, et les résultats définitifs, début juin. Un second tour sera organisé le 22 juin si aucun des candidats n'obtient plus de 50 % des suffrages.
Outre Mahamat Idriss Déby et le Premier ministre Succès Masra, l'ancien chef du gouvernement Albert Pahimi Padacké et sept autres candidats sont en lice.
"Doutes sur la crédibilité du scrutin"
Vendredi, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) s'est inquiétée d'une "élection qui semble ni crédible, ni libre, ni démocratique", "dans un contexte délétère marqué par (...) la multiplication des violations des droits humains".
Le même jour, l'ONG International Crisis Group (ICG) a également émis des "doutes sur la crédibilité du scrutin" après l'éviction des candidats d'une "opposition politique muselée".
Les deux ONG mettent aussi en doute "l'indépendance" des deux institutions chargées d'organiser le scrutin et de proclamer les résultats, dont les membres ont été nommés par Mahamat Idriss Déby : le Conseil constitutionnel – qui a invalidé dix candidats – et l'Agence nationale de gestion des élections (Ange).
"Le nouveau code électoral a supprimé l'obligation d'afficher les procès-verbaux (de dépouillement) à l'extérieur des bureaux de vote et permet de ne publier les résultats qu'au niveau régional, ce qui empêchera les observateurs de consolider les résultats par bureau de vote pour vérifier les chiffres", regrette l'ICG.
Avec AFP