logo

États-Unis : à l'université Columbia, un campement de pro-palestiniens déterminés
Depuis la semaine dernière, des étudiants pro-palestiniens de la prestigieuse université de Columbia à New York, secouée comme beaucoup d'autres aux États-Unis par la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, ont installé un campement solidaire sur leur campus. Contactée par la direction de l’université, la police a tenté de le démanteler. Une centaine de personnes ont été arrêtées provoquant la colère des étudiants. Un scénario qui s'est répété dans le pays.

La tension monte encore d'un cran aux États-Unis dans l'ombre de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. À l’université privée de Columbia, à Manhattan, des étudiants ont installé des tentes pour dénoncer le soutien américain à l'État hébreu. La direction de l’université a contacté la police pour le démanteler et de nombreux étudiants ont été arrêtés la semaine dernière. Tous ont été rapidement relâchés et, parmi eux, Catherine, 26 ans, s’est réinstallée sur le campement.

"Les États-Unis étant l'un des principaux soutiens financiers d'Israël et donc du génocide qui se passe en ce moment en Palestine, j'ai décidé de dénoncer ce pays qui non seulement finance mais aussi fabrique beaucoup de bombes qui sont larguées sur Gaza. Toutes les armes qui contribuent à ce génocide sont financées par des organismes tels que les universités comme Columbia", estime l'étudiante en Master qui voit dans cette mobilisation une filiation historique avec le mouvement contre l'Apartheid en Afrique du Sud dans les années 80.

Ces dernières heures ont également été tendues sur un autre campus new-yorkais. Dans la nuit du 22 au 23 avril, 120 personnes ont été interpellées devant des locaux de l'Université de New York (NYU). Ces personnes ont été relâchées, a affirmé à l'AFP un porte-parole de la NYPD, la police new-yorkaise. Mais le vif débat, et l'ire des étudiants, sont loin de retomber.

"L'administration de mon université, mes élus au Congrès et même le président se comportent comme s'ils étaient des porte-parole de la communauté juive, assimilant l'antisionisme à l'antisémitisme. Ils nous réduisent au silence, nous suspendent", a dénoncé devant la presse, keffiyeh sur les épaules, Sarah Borus, une étudiante juive pro-palestinienne du Barnard College de l'Université de Columbia.

Pour justifier son recours aux forces de l'ordre, l'université a affirmé avoir constaté des comportements "hostiles et perturbant l'ordre public".

"Nous avons aussi appris qu'il y avait des slogans intimidants et que plusieurs incidents antisémites avaient été rapportés", selon un porte-parole.

Une association de professeurs de NYU a vivement dénoncé la décision "injustifiée" de l'université d'appeler la police à la rescousse, affirmant en outre que "personne sur la place n'avait été, à aucun moment, violent ou antisémite".

À Yale, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dans ces circonstances similaires.

"Mal à l'aise" ou "en danger" ? 

De nombreuses universités américaines se sont retrouvées au cœur de l'actualité avec la guerre à Gaza, déclenchée il y a presque sept mois par une attaque du Hamas en Israël.

Accusées de ne pas faire assez contre l'antisémitisme, deux présidentes d'universités, dont celle de Harvard, ont dû démissionner il y a quelques mois. Le sujet s'est transformé en un débat mouvementé et souvent violent sur la liberté d'expression.

Des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, tandis que plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, accusent en retour les militants d'attiser l'antisémitisme.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a d'ailleurs annoncé qu'il rencontrerait des étudiants juifs à Columbia mercredi pour évoquer "l'inquiétante montée d'un antisémitisme virulent" sur les campus.

Sur CNN, un étudiant juif de Columbia, Nick Baum, a affirmé se sentir depuis quelques jours "carrément en danger". "Ils nous ont qualifiés de colons", a-t-il déclaré.

"Je pense qu'il est très important de se rappeler qu'être mal à l'aise est différent d'être en danger", a rétorqué devant les médias une autre étudiante juive, Soph Askanase, qui dit avoir été suspendue par Columbia pour son activisme quelques heures avant d'être arrêtée.

Les étudiants "ont le droit de manifester, mais ils ne sont pas autorisés à perturber la vie du campus ou à harceler et intimider les autres étudiants et les membres de notre communauté. Nous agissons sur la base de préoccupations exprimées par nos étudiants juifs", a affirmé Ben Chang, un responsable de Columbia.

Dimanche, le président démocrate Joe Biden était lui-même intervenu, affirmant que l'antisémitisme n'avait "pas sa place" sur les campus.

Avec AFP