Un référendum sur la révocation des maires albanais dans quatre villes majoritairement serbes du nord du Kosovo a échoué dimanche 21 avril, en raison d'un boycott de la majorité serbe, dénoncé par Pristina comme une "pression de Belgrade".
La présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a dénoncé un boycott dû principalement "à la pression de Belgrade". "Une fois de plus, la Serbie s'est ingérée illégalement dans le processus électoral d'un autre pays", a-t-elle fustigé dans un communiqué.
Symptomatique des tensions à vif entre les communautés dans ce territoire des Balkans, l'élection des maires albanais, avec à peine 3% de participation il y a un an, avait déclenché des violences dans cette région à majorité serbe soutenue par Belgrade.
Dimanche, seuls 253 des quelque 45 000 électeurs ont voté dimanche au référendum, a indiqué dans la soirée la Commission électorale centrale (CEC).
Le vote a donc échoué, faute de participation suffisante, a déclaré le président de la CEC, Kreshnik Radoniqi. Pour que l'élection soit valide, le taux de participation aurait dû être supérieur à 50% des électeurs.
Les tensions dans le nord troublé du Kosovo couvent depuis des mois, à la suite des élections locales remportées par les maires d'origine albanais, en raison du boycott des Serbes.
Les maires qui faisaient l'objet du référendum avaient été élus en avril 2023 lors de municipales boycottées par les Serbes du Kosovo - qui étaient ensuite descendus dans la rue pour empêcher les nouveaux édiles d'exercer leurs fonctions.
Une trentaine de soldats de l'Otan avaient été blessés dans ces manifestations, certains grièvement.
Cet hiver, le plus grand parti serbe du Kosovo, Srpska lista, a réussi à rassembler suffisamment de signatures dans les municipalités de Zvecan, Mitrovica Nord, Leposavic et Zubin Potok, toutes dans le Nord du Kosovo, pour appeler à un référendum sur leur éviction.
Appel au boycott
Mais d'une victoire assurée il y a quelques semaines, la situation est passée à un imbroglio politique et logistique : les responsables serbes ont appelé les citoyens à boycotter le scrutin à peine 15 jours avant la date prévue.
"Notre position est de ne pas participer au référendum convoqué par (le Premier ministre du Kosovo) Albin Kurti car il a tout fait pour que le vote échoue", a expliqué le chef du parti serbe Srpska lista, Zlatan Elek.
"Il s'agit d'une tentative de la Liste serbe de prendre en otage la communauté serbe, mais elle échouera et le processus ne s'arrêtera pas", a dénoncé un des responsables de la CEC, Alban Krasniqi.
La Commission a dû en urgence trouver où ouvrir des bureaux de vote, après que 33 écoles ont refusé d'organiser le vote -les directeurs, serbes, des établissements concernés ont expliqué que des activités culturelles étaient déjà prévues tous les week-ends du mois d'avril.
"Je ne voterai pas", a déclaré à l'AFP un Serbe du Nord âgé de 53 ans qui a demandé l'anonymat. "Je n'écoute pas ceux de la Sprska lista mais je ne vois pas l'intérêt, nous ne pouvons pas remplacer ces maires, nous ne sommes pas assez nombreux".
Tensions latentes
Les relations entre Pristina et la minorité serbe du Nord du Kosovo, soutenue et financée en partie par Belgrade, sont tendues depuis l'indépendance, proclamée en 2008.
En septembre, la mort d'un policier kosovar et la découverte d'un commando surarmé composé de Serbes avait encore une fois fait craindre une escalade violente.
Et la récente interdiction des dinars serbes, monnaie utilisée dans le nord, a encore tendu la situation.
Avec AFP