Le PDG d’EDF renonce aux 450 000 euros versés par Veolia en 2010. Révélée par le site web du journal "Le Monde", cette décision aurait été directement prise par l’Élysée. Henri Proglio garde toutefois ses deux fonctions au sein de Veolia et EDF.
Objet d’une vive polémique depuis mardi, lorsque Bercy avait confirmé qu’il cumulerait les deux salaires liés à ses fonctions, le PDG d’EDF Henri Proglio a finalement renoncé, jeudi soir, à une partie de ses émoluments.
Selon une information publiée sur le site Internet LeMonde.fr, puis confirmée par l’intéressé, Henri Proglio abandonne les 450 000 euros annuels qu’il devait percevoir en 2010, en tant que président du conseil d’administration de Veolia.
La journaliste politique Raphaëlle Bacqué précise que cette décision aurait été prise "à la demande du président de la République" et que "Nicolas Sarkozy a réglé le problème lui-même, jeudi matin". Une information réfutée par Henri Proglio, jeudi soir, au micro de France-Info. Le patron d'EDF a affirmé n'avoir "absolument pas" discuté du sujet avec Nicolas Sarkozy, avec lequel il s'est rendu à La Réunion mardi, et n'avoir reçu "absolument aucun" appel de l'Elysée ou de Bercy.
L'Élysée recule
L’annonce a de quoi surprendre. En effet, sollicité par l’Élysée pour prendre la tête d’EDF, il avait au printemps 2009 posé comme condition de conserver une rémunération égale à celle qu’il touchait en tant que PDG de Veolia, soit 1,6 million d’euros. Bercy avait alors en fonction de ce souhait fixé son salaire à la tête d’EDF (à 1,6 million d’euros).
Prise directement par Nicolas Sarkozy jeudi soir, cette annonce sonnerait alors comme un pas en arrière de l'Élysée face à la levée de boucliers déclenchée mardi.
Mais, dans la mesure où Henri Proglio renonce à sa double-rémunération, il n’est pas interdit d’imaginer qu'il soit tenté d'en récupérer une partie ailleurs. Alors qu’il avait indiqué renoncer aux "jetons de présence" normalement perçus en tant que membre du conseil d’administration de Veolia, Henri Proglio pourrait finalement se les faire attribuer.
Un mélange public-privé qui irrite
Cependant, si un volet de la "polémique Proglio" - le cumul de deux salaires - semble devoir s’éteindre à la suite de cette annonce, les critiques pourraient pour leur part se poursuivre. En effet, le fait qu’il cumule deux fonctions, dans une grande entreprise publique et dans une multinationale de droit privé, est une première pour le capitalisme industriel français. Cette situation demeure problématique pour le monde des affaires, le milieu politique ainsi que l'opinion publique.
Ainsi, alors que la secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, saluait jeudi soir " un geste fort, un geste responsable", le député-maire Verts de Bègles (Gironde) Noël Mamère estimait au contraire que cette annonce était "un leurre" : "On n'a pas gagné sur l'essentiel, aujourd'hui EDF est adossé à Veolia. En lâchant sur le salaire, le gouvernement ne lâche rien sur ce mélange entre le public et le privé. On est toujours dans une logique de démantèlement du service public", a-t-il déclaré.