Le Yémen veut ainsi "empêcher l'infiltration de terroristes" sur son territoire. Depuis qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique a revendiqué l'attentat manqué du 25 décembre, Sanaa s'est engagé dans une vaste offensive contre le réseau islamiste.
AFP - Le Yémen, engagé dans une vaste offensive contre Al-Qaïda, a annoncé jeudi la suspension de l'octroi de visas d'entrée aux étrangers dans ses aéroports afin d'empêcher une infiltration d'extrémistes dans le pays.
La traque des membres du réseau d'Oussama ben Laden au Yémen a été renforcée après la revendication par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, de la tentative d'attentat contre un avion de ligne américain effectuant la liaison Amsterdam-Detroit le jour de Noël.
"Le Yémen a décidé d'arrêter l'octroi des visas d'entrée aux étrangers dans les aéroports afin d'empêcher l'infiltration de terroristes dans le pays", a indiqué l'agence officielle SABA.
"A partir d'aujourd'hui, les visas seront uniquement délivrés dans les ambassades yéménites après consultation avec les responsables de la sécurité pour une vérification de l'identité des voyageurs", a indiqué de son côté un responsable militaire non identifié.
Cette mesure, "prise dans le cadre des efforts intensifs déployés par notre pays pour lutter contre le terrorisme, vise à prévenir l'infiltration de tout élément terroriste suspect", a-t-il dit, cité par l'édition en ligne du quotidien 26 Septembre publié par le ministère de la Défense.
Outre l'aéroport international de Sanaa, le Yémen compte six aéroports accueillant des vols internationaux dont celui d'Aden (sud).
Aucune explication n'a été donnée dans l'immédiat sur les personnes qui seraient visées par cette mesure, mais jusqu'à présent les ressortissants de la plupart des pays, notamment occidentaux et arabes, pouvaient obtenir un visa à l'aéroport, une décision destinée à encourager le tourisme.
En début de semaine, un rapport présenté au Sénat américain a mis en garde contre la possibilité que l'Aqpa entraîne au Yémen plus d'une trentaine d'Américains convertis à l'islam en prison. Ces Américains se sont rendus au Yémen après leur libération, affirmant vouloir y étudier l'arabe mais "pourraient y être entraînés par Al-Qaïda", selon le rapport.
Mercredi, un haut responsable du département d'Etat spécialiste de la lutte antiterroriste, Daniel Benjamin, a salué "un virage décisif du Yémen et un intérêt décisif de la part de la communauté internationale" pour aider Sanaa à combattre l'extrémisme, avant la conférence de Londres le 27 janvier.
Le même jour, le Royaume-Uni a annoncé la suspension des vols directs avec le Yémen dans le cadre d'un renforcement des mesures de sécurité après l'attentat raté du 25 décembre perpétré par le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab après un séjour au Yémen. Ce dernier a été blessé, arrêté et inculpé aux Etats-Unis.
Les autorités au Yémen, devenu un sanctuaire pour des groupes islamistes extrémistes, continuent parallèlement leurs raids contre Al-Qaïda. Mercredi, l'aviation a bombardé la maison d'un chef présumé du réseau, Ayed al-Chabwani, faisant un nombre indéterminé de victimes, selon des sources militaire et tribales.
L'Aqpa, née en janvier 2009 d'une fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda, s'est, elle, "félicitée de son bilan" en un an d'existence dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste et repris par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.
"Peu de gens auraient prédit qu'en seulement 12 mois" l'Aqpa serait devenue "une source d'inspiration pour les musulmans du monde entier et un cauchemar pour les sionistes-croisés et les apostats arabes dont ils ne peuvent se réveiller", a affirmé le communiqué, en revendiquant à nouveau les tentatives d'attentats de Noël et contre un haut responsable saoudien en août 2009.