L'aviation yéménite a bombardé la maison de l'un des six chefs présumés d'Al-Qaïda. Les États-Unis ont salué le "virage décisif" qu'a pris Sanaa dans sa lutte contre le réseau islamiste.
AFP - L'aviation yéménite a lancé mercredi des raids contre la maison d'un chef présumé d'Al-Qaïda, a annoncé une source militaire yéménite, alors qu'un haut responsable américain estimait que Sanaa avait pris un "virage décisif" dans sa lutte contre le réseau islamiste.
Dans le même temps à Londres, le Premier ministre britannique Gordon Brown annonçait la suspension des vols directs entre le Royaume-Uni et le Yémen, dans l'attente de nouvelles mesures de sécurité après la tentative d'attentat contre un vol Amsterdam-Detroit à Noël.
Des sources tribales ont confirmé les raids, précisant qu'ils avaient eu lieu dans le village d'Irk al-Chabwane, à 5 km à l'est de Marib (170 km à l'est de Sanaa), et qu'ils avaient fait des victimes.
Ils visaient la maison du chef d'Al-Qaïda dans la province de Marib, Ayed al-Chabwani, l'un des six dirigeants d'Al-Qaïda que les autorités avaient donnés pour morts la semaine dernière dans un raid aérien.
La source militaire a indiqué, sous couvert de l'anonymat, qu'il y avait eu trois raids sur la maison et un autre sur une orangeraie près du village qui abriterait, selon les autorités, des dizaines de membres d'Al-Qaïda.
Le 15 janvier, les autorités avaient annoncé la mort de six dirigeants d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), dont son chef militaire Qassem Al-Rimi, et Ayed al-Chabwani, lors d'un raid aérien dans le nord du pays. L'Aqpa avait démenti leur mort.
La source militaire n'a rien dit quant à l'éventualité que Chabwani ait pu réchapper au raid du 15 janvier.
Le Yémen a lancé une offensive d'envergure contre Al-Qaïda dans l'est du pays après l'attentat manqué du 25 décembre sur le vol Amsterdam-Detroit, qui avait été revendiqué par l'Aqpa.
Le secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, a fait état mercredi devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat des "nombreuses difficultés" auxquelles était confronté le Yémen.
Il a notamment cité les violentes insurrections dans le nord et le sud du pays et l'"incapacité" du gouvernement à assurer les services dont la plupart de ses administrés ont besoin.
"Nous ne sommes pas naïfs concernant notre partenaire yéménite", a-t-il dit.
Mais "pour ce qui est de la détermination et de la volonté du gouvernement yéménite à affronter la menace posée par les militants d'Al-Qaïda dans le pays, nous voyons des signes encourageants dans les récentes mesures prises", a-t-il ajouté.
Daniel Benjamin, un haut responsable du département d'Etat spécialiste de la lutte antiterroriste, a lui aussi salué "un virage décisif du gouvernement yéménite et un intérêt décisif de la part de la communauté internationale" pour aider Sanaa à combattre l'extrémisme.
Mardi, un rapport présenté au Sénat américain avait mis en garde contre la possibilité que l'Aqpa entraîne au Yémen plus d'une trentaine d'Américains convertis à l'islam en prison.
Le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr Abdallah al-Kourbi se trouvait mercredi à Washington où il a rencontré le conseiller américain à la sécurité nationale, le général James Jones.
A Londres, M. Brown a fait état de la décision de suspendre les "vols directs du Yémen vers le Royaume-Uni avec effet immédiat", en concertation "avec la compagnie Yemenia airlines", "dans l'attente de mesures de sécurité renforcées".
Les frappes de mercredi interviennent à une semaine de la conférence de Londres sur le Yémen.
La réunion du 27 janvier vise à mettre en place une "meilleure coordination internationale et un soutien" à ce pays même si elle "ne résoudra bien sûr pas tous les problèmes", a déclaré à Sanaa l'ambassadeur de Grande-Bretagne Tim Torlot.