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La justice britannique va rendre une décision cruciale sur l'extradition de Julian Assange
La justice britannique doit décider mardi matin si elle accorde ou non à l'ancien patron de WikiLeaks Julian Assange le droit de faire appel de son extradition vers les États-Unis, où il risque 175 ans de prison pour des fuites de documents confidentiels.

Journée décisive pour Julian Assange : la justice britannique va dire mardi 26 mars si elle accorde au fondateur de WikiLeaks un dernier recours contre son extradition vers les États-Unis, où il risque 175 ans de prison pour des fuites de documents confidentiels. L'heure de la conclusion approche peut-être dans cette affaire au long cours, érigée en symbole des menaces qui pèsent sur la liberté de la presse.

Deux juges de la Haute Cour de Londres, Victoria Sharp et Jeremy Johnson, doivent décider s'ils accordent ou non à l'Australien de 52 ans le droit de faire appel de son extradition vers les États-Unis, acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique. Leur décision sera rendue publique à partir de 10 h 30 GMT.

En cas de défaite, Julian Assange ne pourrait plus que saisir la Cour européenne des droits de l'Homme dans l'espoir de faire suspendre l'extradition, mais les délais s'annoncent très serrés.

La justice américaine poursuit Julian Assange pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en 2019 après sept ans passés dans l'ambassade d'Équateur à Londres, afin d'éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année. 

Santé dégradée

De nombreuses voix ont exhorté le président américain Joe Biden à abandonner les 18 chefs d'accusation retenus contre Julian Assange durant le premier mandat de Donald Trump, en vertu d'une loi de 1917 sur l'espionnage.

Ces dernières semaines, les proches de Julian Assange, détenu depuis cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, ont alerté sur la dégradation de son état de santé. Sa défense met également en avant un risque de suicide en cas d'extradition. Souffrant, il était absent des audiences de février, à l'occasion desquelles des dizaines de ses partisans étaient venus afficher leur soutien.

Lors de ces deux jours de débats, les avocats de Julian Assange s'étaient efforcés de convaincre les magistrats que ces poursuites contre lui étaient "politiques", et qu'une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger.

L’Australien est poursuivi pour des "pratiques journalistiques ordinaires" consistant à "obtenir et publier des informations", avait fait valoir son avocat Edward Fitzgerald. Son client risque une peine disproportionnée aux États-Unis et "il existe un risque réel qu'il subisse un déni de justice flagrant", a-t-il ajouté.

L'avocate Clair Dobbin, qui représente le gouvernement américain, avait de son côté fait valoir que Julian Assange avait "publié sans discernement et en connaissance de cause les noms d'individus qui ont servi de sources d'information pour les États-Unis". "Ce sont ces faits qui le distinguent (d'autres médias), et pas ses opinions politiques", a-t-elle fait valoir.

Une peine purgée en Australie ?

En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks. Invoquant un risque de suicide, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l'extradition. Mais cette décision a ensuite été infirmée.

Pour tenter de rassurer sur le traitement qui lui serait infligé, les États-Unis ont affirmé qu'il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l'"Alcatraz des Rocheuses", et qu'il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires.

Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie. Le Premier ministre australien Anthony Albanese a récemment dénoncé les poursuites engagées par la justice américaine contre Julian Assange, et le Parlement australien a adopté une motion demandant d'y mettre un terme.

Avec AFP