Il aura fallu cinq jours à Dani Alves pour réunir un million d'euros, après la décision du tribunal, mercredi dernier, de lui accorder cette remise en liberté sous caution dans l'attente de son procès en appel. Le footballeur brésilien a été condamné en première instance en février pour viol à quatre ans et demi de prison.
Visage fermé, vêtu d'un jean et d'un manteau noir, le joueur a franchi à pied, lundi 25 mars peu avant 16 h 30 locales (15 h 30 GMT) la porte de la prison de Brians 2 à San Esteban Sasroviras, à 40 kilomètres au nord-ouest de Barcelone, escorté à distance par des policiers, sans dire un mot ni jeter un regard aux nombreux journalistes présents. Il est ensuite monté dans une voiture et a quitté le parking de la prison accompagné de son avocate Inés Guardiola.
Il lui est également interdit d'approcher à moins d'un kilomètre du domicile ou du lieu de travail de la victime et d'entrer en contact avec elle.
L'ex-star du FC Barcelone, de la Juventus ou encore du Paris Saint-Germain devra pointer tous les vendredis au tribunal de Barcelone, précise le document judiciaire consulté par l'AFP, qui atteste que la caution a bien été déposée lundi matin.
Finances dégradées
Des rumeurs insistantes avaient laissé entendre que le père d'une autre star du football brésilien, son ancien coéquipier au FC Barcelone Neymar, pourrait l'aider à payer la caution.
Mais le père de Neymar, qui avait admis en janvier avoir versé 150.000 euros pour aider l'ex-latéral à payer ses frais d'avocats, a assuré jeudi que depuis la condamnation d'Alves, la situation était "différente".
La situation financière de Dani Alves s'est considérablement dégradée depuis son arrestation, notamment avec la suspension de son contrat avec le club mexicain des Pumas et l'arrêt d'autres sources de revenus, selon sa défense.
Il avait été placé en détention provisoire dans ce centre pénitentiaire de Brians 2 dès son arrestation en janvier 2023, après avoir été accusé du viol d'une jeune femme dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022 dans une discothèque de Barcelone.
Jugé en première instance le mois dernier, il s'était vu infliger une peine de quatre ans et demi d'emprisonnement et était donc resté derrière les barreaux.
Le parquet s'était opposé à cette demande de remise en liberté, estimant que le risque de fuite était important.
Critiques de Lula
L'avocate de la victime, Me Ester García, avait fustigé la décision du tribunal, évoquant une "justice pour les riches".
Cette décision avait également été critiquée par le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait estimé que "l'argent que possède Daniel Alves (...) ne (pouvait) pas racheter l'offense d'un homme envers une femme qu'il a violée".
Pour convaincre le tribunal d'accepter cette remise en liberté, son avocate Me Guardiola avait argué que l'ancien joueur avait déjà purgé un quart de la peine prononcée en première instance.
Cette peine de quatre ans et demi d'emprisonnement prononcée le 22 février était très inférieure aux réquisitions du parquet, qui réclamait neuf ans de prison. Le parquet a annoncé qu'il ferait appel.
Le tribunal avait également obligé le joueur à verser 150.000 euros à sa victime et lui avait imposé cinq ans de liberté surveillée après sa sortie de prison, ainsi qu'une interdiction d'approcher sa victime pendant neuf ans et demi.
Lors de son procès, Alves, âgé de 40 ans, avait assuré que la relation sexuelle était consentie, mais sa défense avait été fragilisée par ses nombreux changements de versions, épinglés par l'accusation. Le joueur a fait appel, mais on ignore encore la date de son nouveau procès.
La "Seleçao" (l'équipe nationale brésilienne de football), qui est actuellement à Madrid pour un match mardi soir face à la "Roja", avait exprimé vendredi sa solidarité "avec les victimes", après avoir été critiquée pour son silence après les condamnations pour viol d'Alves et d 'une autre gloire déchue du football carioca, Robinho.