logo

Le chef de l'ONU exhorte Israël à "lever les derniers obstacles à l'aide" à Gaza
Depuis l'Égypte, Antonio Guterres a réclamé une nouvelle fois dimanche un "cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza, alors que les forces israéliennes assiègent, selon le Croissant-Rouge palestinien, de nouveaux établissements hospitaliers de l'enclave.

Le patron de l'ONU a appelé, dimanche 24 mars au Caire, "Israël à lever les derniers obstacles à l'aide" pour la bande de Gaza, menacée de famine, exhortant une nouvelle fois Israël et le Hamas palestinien à un "cessez-le-feu immédiat".

"Quand on regarde Gaza, on dirait presque que les quatre cavaliers de l'Apocalypse galopent au-dessus, semant la guerre, la famine, la conquête et la mort", a dit Antonio Guterres lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri. "Le monde entier pense qu'il est plus que temps de faire taire les armes et de mettre en place un cessez-le-feu immédiat."

Plus tôt dimanche, il a rencontré le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, accompagné du patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Cinq mois et demi d'une guerre dévastatrice ont plongé la bande de Gaza dans une situation humanitaire catastrophique.

La guerre a éclaté le 7 octobre après une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien qui a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP effectué à partir de sources officielles israéliennes. D'après celles-ci, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007. Son armée a lancé une offensive qui a fait 32 226 morts à Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Antonio Guterres avait déjà dénoncé samedi en Égypte la "douleur" des Gazaouis, prisonniers d'un "cauchemar sans fin", à l'occasion d'un déplacement au point de passage avec la ville de Rafah, située dans le sud du territoire palestinien.

Israël impose un siège complet à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle strictement l'aide qui arrive principalement depuis l'Égypte via Rafah. Ces contrôles réduisent, selon l'ONU, le nombre de camions entrant dans le territoire palestinien.

"D'un côté de la frontière, on voit des camions humanitaires à perte de vue, de l'autre une catastrophe humanitaire qui empire chaque jour", a constaté Antonio Guterres. Le chef de l'ONU a également souligné le "rôle politique et humanitaire vital de l'Égypte avec l'aéroport d'Al-Arich et le point de passage de Rafah, artères essentielles pour l'entrée de l'aide vitale à Gaza".

Départ de Doha des négociateurs

De leur côté, les chef des services de renseignement américains et israéliens ont quitté Doha après un nouveau cycle de pourparlers sur une trêve dans la bande de Gaza, a indiqué dimanche à l'AFP une source au fait des discussions.

Le patron de la CIA, Bill Burns, et celui du Mossad, David Barnea, ont quitté la capitale qatarie samedi en fin de journée "pour informer leurs équipes respectives dans leur pays de ce cycle" de négociations, a affirmé cette source sous couvert d'anonymat. Ces pourparlers se sont "concentrés sur les détails et un ratio pour l'échange d'otages et de prisonniers", a-t-elle ajouté, précisant que les "équipes techniques restaient à Doha".

Les pays médiateurs – États-Unis, Qatar et Égypte – sont engagés depuis des semaines dans des pourparlers sur une trêve et un accord de libération des otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Israël avait annoncé jeudi que le chef du Mossad se rendrait vendredi à Doha pour y rencontrer celui de la CIA, ainsi que le Premier ministre qatari et le chef des services de renseignement égyptiens. Il s'agissait de sa deuxième visite en une semaine, après la reprise des pourparlers à la suite de l'échec des efforts visant à obtenir une trêve avant le mois de jeûne du ramadan.

Des hôpitaux de la bande de Gaza ciblés, selon le Croissant-Rouge palestinien

Dimanche, les forces israéliennes, qui mènent une offensive aux abords du principal hôpital de Gaza, Al-Chifa, ont assiégé deux autres établissements hospitaliers de l'enclave palestinienne, Al-Amal et Nasser, a déclaré le Croissant-Rouge palestinien, indiquant que les équipes médicales étaient bloqués sous des tirs nourris. Israël affirme que les hôpitaux de la bande de Gaza ont souvent été utilisés comme bastions par les militants du Hamas, ce que le mouvement palestinien et le personnel médical démentent.

Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré qu'un membre de son personnel avait été tué lorsque des chars israéliens se sont repliés dans les zones entourant les hôpitaux Al-Amal et Nasser, situés dans la ville de Khan Younès, dans le sud de l'enclave.

Les forces israéliennes ont bouclé l'hôpital Al-Amal et mené de vastes opérations de terrassement dans ses environs, a déclaré le Croissant-Rouge dans un communiqué. "Toutes nos équipes sont en danger extrême en ce moment et sont complètement immobilisées", a-t-il ajouté.

Le Croissant-Rouge indique que l'armée israélienne a exigé l'évacuation complète du personnel, des patients et civils déplacés présents à l'hôpital Al-Amal.

Des habitants de Khan Younès ont fait état d'une avancée de chars israéliens dans un quartier ouest de la ville, près de l'hôpital Nasser.

De son côté, l'armée israélienne a indiqué que ses forces frappaient des "infrastructures" à Khan Younès servant de points de rassemblement à des militants.

Plus au nord, dans la ville de Gaza, Israël affirme avoir capturé 480 militants lors de combats autour de l'hôpital Al-Chifa. Ce dernier est aujourd'hui l'un des rares établissements de santé encore partiellement opérationnels dans le nord du territoire.

Avec AFP et Reuters