Les Russes sont appelés à se recueillir, dimanche, pour une journée de deuil national. Avec plus de 130 morts, l'attaque survenue vendredi dans une salle de concert près de Moscou est la plus sanglante à avoir été revendiquée par l'EI en Europe. Dans les décombres du bâtiment ravagé par les flammes, les recherches se poursuivent.
La Russie observe, dimanche 24 mars, une journée de deuil national après le massacre dans une salle de concert à Moscou, revendiqué par l'organisation de l'État islamique (EI).
Des individus ont fait irruption vendredi soir dans la salle Crocus City Hall, avant d'ouvrir le feu à l'arme automatique sur la foule et d'allumer un incendie avec un liquide inflammable selon les enquêteurs, tuant au moins 133 personnes.
Dénonçant un acte "terroriste barbare", Vladimir Poutine a, dans une allocution télévisée samedi, promis de châtier les coupables. Le président russe a annoncé que "les quatre auteurs" de l'attentat avaient été arrêtés "alors qu'ils se dirigeaient vers l'Ukraine", sans mentionner la revendication de l'EI.
Le Kremlin avait annoncé plus tôt "l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat". Ces quatre "citoyens étrangers" ont été capturés dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus, selon les autorités.
Poursuite des recherches dans les décombres
Cette attaque, survenue dans la salle de concert située à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'années, et la plus sanglante à avoir été revendiquée par l'EI en Europe.
Le bilan de 133 morts et d'une centaine de blessés devrait encore augmenter, selon les autorités.
Les recherches dans les décombres du bâtiment ravagé par les flammes et dont le toit s'est partiellement écroulé se poursuivent et pourraient prendre des jours. Des équipements lourds sont arrivés sur place samedi soir pour démanteler les structures endommagées et évacuer les débris, a indiqué le ministère russe des Situations d'urgence.
Poutine ne mentionne pas la revendication jihadiste
L'EI, que la Russie combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats dans le pays depuis la fin des années 2010. Mais le groupe n'y avait jamais revendiqué une attaque d'une telle ampleur.
Sur un de ses comptes Telegram, l'EI avait affirmé dès vendredi soir que l'attaque avait été menée par quatre de ses membres, et s'inscrivait "dans le contexte (...) de la guerre faisant rage" entre le groupe et "les pays combattant l'Islam".
Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants de la salle de concert près de Moscou a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l'EI.
Cette vidéo d'une minute et 31 secondes montre plusieurs individus aux visages floutés et aux voix brouillées, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le hall de la salle de concert Crocus City Hall de Krasnogorsk.
Les assaillants tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'incendie en arrière-plan.
Cependant, ni Vladimir Poutine, ni les services de sécurité (FSB) n'ont accusé le groupe jihadiste.
Démenti Ukrainien
Le FSB a affirmé que les suspects avaient des "contacts appropriés du côté ukrainien" et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d'autres détails sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence.
"L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident", a martelé le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations "absurdes".
La cheffe du média public RT, Margarita Simonian, a publié des vidéos censées montrer des confessions de deux suspects durant leurs interrogatoires, dans lesquelles ils ne nomment pas de commanditaire. L'AFP n'est pas en mesure de confirmer leur véracité.
Malgré la revendication de l'EI, de nombreuses questions restent en suspens. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan. Les autorités de ce pays d'Asie centrale ont affirmé n'avoir "pas reçu de confirmation des autorités russes" à ce sujet.
Avec AFP