
L'élection de Barack Obama avait été accueillie avec beaucoup d'espoir aux États-Unis et partout dans le monde. Un an après l'investiture du premier président noir des États-Unis, retour sur 10 évènements qui ont marqué son début de mandat.
Fermeture de Guantanamo : effet d’annonce et polémique
Deux jours après son investiture, le président Barack Obama annonce la fermeture du centre de détention de Guantanamo, à Cuba, dans un délai d’un an. Cette décision est accueillie avec enthousiasme par les démocrates et les militants des droits de l’homme, qui critiquaient depuis longtemps les méthodes d’interrogatoire en vigueur dans la prison.
Si 44 détenus sur 242 ont, depuis, été transférés ou libérés, le Congrès refuse toujours, cependant, d'en accueillir sur le sol américain. Or, il est très difficile de convaincre les capitales étrangères d'accepter un transfert sur leur territoire de prisonniers de Guantanamo.
En novembre, Barack Obama a admis qu’il ne parviendrait pas à respecter l’échéance de janvier 2010 qu’il s’était fixée. À la suite de l’attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit, le 25 décembre dernier, le président américain a décidé de mettre fin au transfert de prisonniers vers le Yémen, ce qui complique encore davantage la fermeture du camp.
Un gigantesque plan de relance
Le 17 février, Barack Obama signe un plan de relance de 787 milliards de dollars, sans équivalent depuis 60 ans. Il concrétise ainsi la promesse de prendre des mesures fortes pour faire face à la crise économique. Pour beaucoup, il s'agit d'un succès. Le programme prévoit notamment d’associer dépenses publiques et allégements fiscaux. Mais, pour les républicains, le coût faramineux de ce plan risque d’accroître encore l’endettement de l’État. Quant à certains démocrates, ils jugent le projet trop timide.
Au mois de novembre cepdendant, de nombreux analystes économiques en soulignent les effets positifs. Le plan a permis de sauver des emplois, d'éviter à l’économie américaine de sombrer dans le marasme et peut-être de marquer "le début de la fin" de la crise, comme l’avait annoncé le président Obama au moment de sa signature.
Le discours du Caire devant le monde musulman
Le 4 juin, lors d’un discours très attendu, le président Obama appelle à "un renouveau des relations entre les États-Unis et le monde musulman". Tentant de redorer l’image, passablement écornée après la présidence Bush, des États-Unis dans les pays musulmans, Obama encourage les Américains et les musulmans à abandonner les stéréotypes et préjugés qu'ils nourrissent les uns envers les autres.
La partie la plus attendue de son intervention concerne le conflit israélo-palestinien. Tout en réaffirmant l’alliance “indéfectible” entre les États-Unis et Israël, Obama appelle l'État hébreu à cesser de construire de nouvelles colonies. Il est particulièrement acclamé lorsqu’il déclare : "L'Amérique ne tournera pas le dos aux aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité et à la naissance de leur propre État". Le ton franc et l'approche impartiale de son discours sont largement salués. Certains leaders musulmans font cependant part de leur scepticisme quant à la capacité d'Obama de mettre ces vœux en pratique. À l’heure actuelle, la Maison Blanche n’a toujours pas obtenu d’Israël le gel de la colonisation en Cisjordanie.
"Gatesgate": La question raciale de nouveau au premier plan
Alors qu’il s’est toujours revendiqué comme un président "post-racial", Barack Obama remet incidemment la question de la race sur le devant de la scène, au mois de juillet. À la suite de l’arrestation du professeur Henry Louis Gates, un fameux spécialiste de l'histoire des Africains-Américains, le président affirme, lors d’une conférence de presse, que la police de Cambridge a agi "avec stupidité". Barack Obama critique également à cette occasion les interpellations au faciès qui ont lieu aux États-Unis. Ami du président, noir de peau, Henry Louis Gates avait été pris pour un cambrioleur par la police alors qu’il enfonçait la porte de son domicile dont il avait perdu les clés...
Les blogueurs de droite critiquent Obama pour avoir insulté des policiers et joué la carte raciale, tandis que les chroniqueurs de gauche s'inquiètent d’un débat qui détourne le président de sa priorité nationale : la réforme du système de santé.
Quelques jours plus tard, le président américain invite Henry Louis Gates et l'agent qui l’a arrêté, le sergent James Crowley, à un "sommet de la bière" en présence du vice-président Joe Biden, afin d’enterrer la hache de guerre et de mettre fin à la polémique.
Une nouvelle page de l’histoire de la Cour suprême
Obama a contribué à écrire une page importante de l'histoire judiciaire américaine en nommant, en mai, une femme d'origine hispanique, Sonia Sotomayor, à la Cour suprême. En dépit de la polémique concernant une vieille déclaration de la juge - elle a un jour affirmé qu'une femme “latino sage” serait plus à même qu’un homme blanc de prendre de bonnes décisions juridiques -, le Sénat l'a confirmée dans ses fonctions au mois d'août. La nomination de Sonia Sotomayor apporte plus que de la diversité au sein de la plus haute juridiction américaine : elle permet aussi de faire pencher la Cour un peu plus à gauche.
Un prix contesté
Le prix Nobel de la Paix reçu, à la surprise générale, par Barack Obama en octobre dernier est sans doute la meilleure illustration de la contradiction entre les espoirs suscités par son élection et l’impatience de le voir œuvrer à prendre des décisions internationales d'envergure.
Pour justifier leur choix, les membres du comité Nobel soulignent "les efforts extraordinaires [d'Obama] en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples". Pour autant, aux États-Unis comme à l’étranger, les critiques ne tardent pas à affirmer que cette récompense est à la fois prématurée et inappropriée, en raison de l’engagement américain dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan.
En décembre, lorsque qu'il se rend à Oslo pour recevoir le prix, Barack Obama reconnaît d’ailleurs le paradoxe de cette décision, d’autant plus qu’il vient d'annoncer son projet d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan. “Il y aura des moments où des pays, individuellement ou de concert, jugeront l’usage de la force non seulement nécessaire mais moralement justifié”, déclare-t-il, ajoutant qu’il n’a encore fait que bien peu en comparaison des précédents lauréats du Nobel de la Paix.
La décision afghane
Après des mois de réunions à huis clos, Obama annonce, début décembre, que 30
000 soldats supplémentaires seront déployés en Afghanistan en 2010. Dans un discours télévisé prononcé à l'académie militaire de West Point, le président américain présente sa nouvelle stratégie pour le pays, demandant d’accélérer les choses afin de "déstabiliser et démanteler Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan" pour permettre aux troupes américaines de commencer à se retirer de la région en 2011.
Ses alliés européens de l’Otan appuient cette nouvelle stratégie, sans pour autant prendre d'engagement sur l'envoi de nouvelles troupes, comme le souhaite le président américain. Aux États-Unis, réaction assez rare pour être relevée, la majorité des républicains soutiennent ce nouveau programme.
Le sommet de Copenhague
Lors de ce sommet auquel 192 nations participent, Obama contribue à mettre en place un accord non contraignant, qui stipule que les pays riches comme les pays en développement doivent réduire leurs émissions de gaz à effets de serre. Cet accord, bien loin des attentes initiales, est critiqué par toutes les associations écologistes de la planète. Certains savent gré, cependant, au président américain d'avoir participé aux débats et signé ce texte, malgré les nombreux obstacles qu’il rencontre au sein de son pays (un Congrès peu enclin à légiférer sur le sujet).
La difficile bataille de la réforme du système de santé
Plusieurs présidents américains avaient tenté, sans succès, de réformer le système de santé américain, mais Barack Obama, qui a fait de ce dossier une priorité nationale, est le premier à être sur le point d'y parvenir. Après des mois de débats publics au vitriol, la chambre des Représentants et le Sénat ont approuvé plusieurs versions de la réforme qui permettrait d’étendre la couverture sociale à plusieurs millions d’Américains qui ne sont actuellement couverts par aucune assurance.
Les poids lourds démocrates du Congrès travaillent désormais à combiner les mesures afin d’envoyer une loi finale à Obama pour qu’il la signe. Lle sort de la réforme de la santé est toutefois menacé, depuis que le républicain Scott Brown a remporté le siège du défunt sénateur Ted Kennedy lors d'une élection partielle dans le Massachusetts. Cette élection prive en effet les démocrates de la "super-majorité" dont ils avaient besoin pour éviter une manœuvre des républicains, désormais capables de bloquer la procédure.
La sécurité nationale en crise
Le 25 décembre dernier, un jeune Nigérian tente, sans succès, de faire exploser un long-courrier américain à destination de Detroit. Rapidement, la branche d'Al-Qaïda au Yémen déclare avoir entraîné le kamikaze. De nombreuses personnes se demandent dès lors comment un tel projet d’attentat a pu échapper à la vigilance des services secrets américains. Les républicains reprochent au président d’avoir attendu trois jours avant de s’adresser à ses concitoyens. Ils critiquent aussi vivement la ministre américaine chargée de la sécurité intérieure, Janet Napolitano, qui a affirmé que le système de sécurité avait "fonctionné". Dans une allocution retransmise à la télévision, Obama assume, quant à lui, sa responsabilité, reconnaissant que les services de renseignements n’ont pas su utiliser les informations dont ils disposaient sur le kamikaze. Il tente aussi d’apaiser les peurs quant à sa capacité à gérer la menace terroriste. "On ne se reposera pas tant que tous ceux qui sont impliqués n’auront pas été arrêtés et traînés en justice”, affirme-t-il.