logo

Moscou a lancé dimanche de nouvelles attaques en Ukraine au lendemain d'une frappe aérienne, imputée à Kiev, ayant fait 22 morts dans la ville de russe Belgorod.

À quelques heures du passage à la nouvelle année, la Russie a déclaré dimanche 31 décembre avoir frappé des cibles "militaires" dans la ville ukrainienne de Kharkiv, les autorités locales assurant au contraire qu'il s'agissait de bâtiments civils, des représailles à l'attaque sans précédent qui a fait 24 morts la veille à Belgorod, en Russie.

Samedi, la Russie avait assuré qu'elle ne laisserait pas "impunie" l'attaque de missiles et de roquettes contre cette ville située à une trentaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. Moscou assure que Kiev en est responsable, mais l'Ukraine est pour l'instant restée muette.

Ces bombardements ont tué 24 personnes et blessé 108 autres, selon un nouveau bilan annoncé par le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov. Il a indiqué plus tard qu'un nouveau bombardement ukrainien avait tué un homme âgé et blessé une femme dans le village de Krasnoïé, presque collé à l'Ukraine.

Si Kiev mène régulièrement des attaques en territoire russe, notamment à l'aide de drones, il s'agit de la frappe la plus meurtrière pour les civils en Russie depuis le début du conflit en février 2022.

"En réponse à cet acte terroriste, les forces armées russes ont frappé des centres de décision et des installations militaires" à Kharkiv, a déclaré le ministère russe de la Défense dimanche.

Le gouverneur de la région ukrainienne, Oleg Sinegoubov, a pourtant assuré que des roquettes avaient visé samedi soir un hôtel, des bâtiments résidentiels, des cliniques ou des hôpitaux, faisant 28 blessés. Parmi eux, deux adolescents et un Britannique, qui était le conseiller sécurité d'une équipe de journalistes allemands, selon les autorités ukrainiennes.

La Russie a reconnu avoir visé un "ancien complexe hôtelier", le Kharkiv Palace, mais a assuré que s'y trouvaient des membres des renseignements militaires et des forces armées ukrainiennes "impliqués" dans l'attaque de Belgorod, ainsi que des "mercenaires étrangers". Moscou nie toujours viser des cibles civiles en Ukraine.

Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a affirmé que des attaques de drones avaient aussi endommagé des "cafés, immeubles résidentiels et bureaux", sans faire état de victimes. "A la veille du Nouvel An, les Russes veulent intimider notre ville, mais nous n'avons pas peur", a-t-il ajouté.

Escalade

De son côté, l'armée de l'air ukrainienne a affirmé que six missiles guidés russes avaient visé Kharkiv. Elle a en outre dit avoir abattu 21 des 49 drones Shahed, de fabrication iranienne, lancés par la Russie vers son territoire dans la nuit et ciblant particulièrement le sud et l'est.

Ces derniers jours ont été marqués par une escalade de violence entre la Russie et l'Ukraine.

Vendredi, l'Ukraine a été endeuillée par une attaque de missiles qui était, selon elle, la plus massive depuis le début du conflit, à l'exclusion de ses tout premiers jours. Le président Volodymyr Zelensky a affirmé samedi après-midi que 39 personnes ont été tuées dans l'ensemble du pays, mais d'autres décès ont été annoncés depuis.

Le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, Serguiï Lyssak, a ainsi déclaré dimanche qu'un des blessés s'était éteint à l'hôpital, portant le bilan pour sa zone à 7 morts.

À Kiev, il s'élève désormais à 19 morts, selon l'administration militaire de la capitale. "Les sauveteurs continuent de trouver des victimes de l'attaque de missiles russes", a-t-elle ajouté.

"Attaque aveugle et délibérée contre une cible civile"

Dimanche, Vladimir Poutine a assuré que son pays ne "reculerait jamais" lors de ses vœux du Nouvel An, diffusés à la télévision russe.

L'année dernière, le président russe avait déjà prononcé un discours au ton très martial, flanqué de militaires en uniforme. Cette fois, il a proclamé que l'année 2024 serait celle de la "famille", avec le Kremlin en arrière-plan. Même s'il n'a pas mentionné explicitement l'Ukraine, il y a fait plusieurs allusions, rendant un hommage appuyé aux soldats, des "héros", ou expliquant que la Russie avait "défendu fermement" ses intérêts et sa sécurité en 2023.

Volodymyr Zelensky doit à son tour prendre la parole dans la soirée, un discours attendu au terme d'une année marquée par l'échec de la contre-offensive estivale de l'Ukraine et le gel quasi-total de la ligne de front.

Samedi, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la frappe de Belgorod, l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia a accusé Kiev d'avoir lancé "une attaque aveugle et délibérée contre une cible civile".

Le représentant britannique Thomas Phipps a rétorqué que "si la Russie veut blâmer quelqu'un pour les morts de Russes dans cette guerre, elle devrait commencer avec le président Poutine".

Des nouvelles d'autant plus inquiétantes pour Kiev que l'aide occidentale commence à s'essouffler, en Europe comme aux États-Unis, faisant entrevoir le risque d'un assèchement du flot de munitions et de fonds.

Avec AFP