Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lancé, jeudi 28 décembre, des exercices militaires avec quelque 5 600 soldats dans la zone frontalière du Guyana en "réponse à la provocation" du Royaume-Uni, qui a envoyé, en pleine crise sur l'Essequibo, un navire de guerre au Guyana.
"J'ai ordonné l'activation d'une action conjointe de toutes les Forces Armées nationales bolivariennes [vénézuéliennes] dans les Caraïbes orientales, sur la côte atlantique, une action conjointe de nature défensive, en réponse à la provocation et à la menace du Royaume-Uni contre la paix et la souveraineté de notre pays", a déclaré le président Maduro lors d'une émission de radio et de télévision, dans laquelle il a montré des images de navires de guerre et d'avions de combat en patrouille.
Le patrouilleur britannique "HMS Trent" arrivera au Guyana vendredi et doit participer à des exercices militaires dans les eaux guyaniennes pendant "moins d'une semaine". Il n'est pas prévu qu'il accoste à Georgetown, a souligné une source des Affaires étrangères guyanien.
Le HMS Trent, d'habitude basé en Méditerranée, a été envoyé début décembre dans les Caraïbes pour lutter contre les trafics de drogue.
Dans un communiqué, le gouvernement vénézuélien avait "rejeté catégoriquement l'arrivée du navire (...) ce qui constitue un acte de provocation hostile".
"La présence de ce navire militaire est extrêmement grave", c'est pourquoi "le Venezuela exhorte les autorités guyaniennes à prendre des mesures immédiates pour le retrait du HMS Trent, et à s'abstenir de continuer à impliquer des puissances militaires dans le différend territorial", ajoute le texte.
"Nous n'avons aucun plan pour prendre des mesures offensives contre le Venezuela (...) Nous n'avons pas l'intention d'envahir le Venezuela. Le président Maduro le sait et ne doit pas s'inquiéter", a déclaré jeudi le vice-président du Guyana Bharrat Jagdeo lors d'une conférence de presse, précisant que l'arrivée d'un patrouilleur britannique dans les eaux du Guyana entrait dans le cadre "d'exercices de routine planifiés depuis longtemps".
Une terre riche en pétrole et ressources naturelles
La tension était montée après le lancement en septembre d'appels d'offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par le Venezuela.
Quelque 125 000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l'Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays.
Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris.
Les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro se sont rencontrés le 15 décembre lors d'un sommet qui a contribué à faire baisser la pression – engagement à ne pas utiliser la force – mais n'a pas résolu le différend, les deux pays campant sur leurs positions.
Selon Nicolas Maduro, la première phase des exercices militaires vénézuéliens comprenait 5 682 combattants avec des avions de guerre F-16 (américain) et Sukhoi (russe) patrouillant dans la zone.
Le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale, avait déjà affiché son soutien en dépêchant le 18 décembre sur place son secrétaire d'État chargé des Amériques, David Rutley.
Avec AFP