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"Figure du siècle", "un juste entre les justes" : pluie d'hommages après le décès de Robert Badinter
Le président Emmanuel Macron a salué vendredi en Robert Badinter, mort à 95 ans, "une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français", annonçant qu'"un hommage national lui sera rendu". La disparation du héraut de l’abolition de la peine de mort a fait réagir l’ensemble de l’échiquier politique.

Le président Emmanuel Macron a salué vendredi 9 février en Robert Badinter, mort à 95 ans, "l'homme de l'abolition de la peine de mort" et "une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français", annonçant qu'"un hommage national lui sera rendu". La disparition de ce défenseur de l'abolition de la peine de mort a suscité des réactions à travers l'ensemble de l'échiquier politique.

"Avocat, garde des Sceaux, homme de l'abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières", a souligné le chef de l'État sur X quelques minutes après l'annonce du décès de l'ancien président du Conseil constitutionnel.

Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français. pic.twitter.com/3IJ9jekLSd

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 9, 2024

"Un juste entre les justes"

Laurent Fabius, qui occupe cette fonction aujourd'hui et qui était membre du gouvernement de Pierre Mauroy à la même époque que l'emblématique ministre de la Justice, a rendu hommage dans un message à l'AFP à "un juste entre les justes", qui a "dans toutes les fonctions qu'il a exercées, dans toutes les causes qu'il a plaidées, fait progresser le droit et l'humanisme au plan national et international".

"Il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L'abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France", a de son côté réagi le Premier ministre Gabriel Attal, également sur X.

Toute sa vie, il a fait tonner la voix de la Justice.

Homme de droit et de valeurs.
Avocat, ministre, homme d’État, Robert Badinter nous a quittés.

Depuis les prétoires jusqu’aux tribunes de l’Assemblée nationale et du Sénat, et au Conseil constitutionnel, il aura consacré… pic.twitter.com/cRvchgdqZH

— Gabriel Attal (@GabrielAttal) February 9, 2024

"Robert Badinter était le défenseur des causes justes, l'humanisme incarné, la voix de la sagesse dans un monde bouleversé", a souligné à son tour la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance).

Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture et ex-garde des Sceaux a réagit sur X : "Abolir la peine de mort, comme garde des Sceaux, était le combat de sa vie. Ce sera à jamais l'un de nos plus grands héritages. Nous n'oublierons jamais Robert Badinter, son ardeur, la force de sa conviction, sa soif inébranlable de justice."

En accomplissant ce qu’Hugo et Camus avaient rêvé, Robert Badinter est entré dans l’histoire.

Abolir la peine de mort, comme garde des Sceaux, était le combat de sa vie. Ce sera à jamais l’un de nos plus grands héritages.

Nous n'oublierons jamais Robert Badinter, son ardeur, la… pic.twitter.com/FHvBRcK0oW

— Rachida Dati ن (@datirachida) February 9, 2024

Le leader du MoDem François Bayrou a salué auprès de l'AFP "un repère et une référence". "C'était un esprit distingué, cultivé, ayant le courage de ses indignations. Pour plusieurs générations, il aura été un inspirateur", a souligné le centriste.

Pour l’actuel garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, Robert Badinter était un "Immense avocat, garde des Sceaux visionnaire et courageux (il) incarnait notre République et ses valeurs." 

Immense avocat, garde des Sceaux visionnaire et courageux, Robert Badinter incarnait notre République et ses valeurs.

Profondément épris de justice, artisan de l’abolition, homme de droit et de passion, il laisse un vide à la hauteur de son héritage: incommensurable.

— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) February 9, 2024

"Il incarnait l’idée même de justice"

Sur franceinfo, l'ancien président socialiste François Hollande a rendu hommage au "message" de Robert Badinter "non pas d'indulgence, mais de dignité humaine" avec l'abolition de la peine de mort. "C'était de faire comprendre que c'était le droit qui devait chaque fois l'emporter sur la force, c'est un message qui venait de loin. Sa famille avait connu les pogroms dans l'est de l'Europe, avait été accueillie en France, lui-même s'était caché à Chambéry pendant la période de l'Occupation", a détaillé François Hollande.

"Une haute figure intellectuelle et morale nous quitte", a déclaré l'ancien Premier ministre Lionel Jospin à l'AFP. "Peut-être parce qu'il avait été dès l'enfance dans sa famille frappé par l'horreur du nazisme, Robert Badinter a placé toute sa vie au cœur de sa pensée et de son action la recherche de vérité, l'exigence d'humanité et l'espérance de la paix."

Assurant que l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand avait été "la cause de son engagement", le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a vu en Robert Badinter "plus que l'abolitionniste qui mit fin à la peine de mort" car "il incarnait l'idée même de justice".

Robert Badinter était plus que l’abolitionniste qui mit fin à la peine de mort. Il incarnait l’idée même de justice. Sa droiture morale, et sa détermination donnaient toute sa force à l’idéal humaniste. Il fut la cause de mon engagement. Immense tristesse. https://t.co/SE5mBS13Ht

— Olivier Faure (@faureolivier) February 9, 2024

Son homologue chez les Écologistes, Marine Tondelier a elle insisté sur la mort d'un "grand penseur des libertés" et un "Européen convaincu", tandis que Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui avait côtoyé Robert Badinter au Sénat, a salué une "force de conviction sans pareille" et un homme "tout simplement lumineux". "C'était un orateur qui faisait vivre ses mots comme des poésies", a-t-il réagi sur X.

En siégeant à ses côtés au Sénat, j'ai tellement admiré Robert Badinter ! C'était un orateur qui faisait vivre ses mots comme des poésies. Il raisonnait en parlant et sa force de conviction était alors sans pareille. Peu importe les désaccords. Je n'ai jamais croisé un autre être…

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 9, 2024

"Robert Badinter semblait être ce roc insubmersible au service de la défense des valeurs de notre République. Son combat contre la peine de mort est inscrit à jamais dans l'histoire. Notre pays perd un de ses grands hommes.", a de son côté écrit sur X le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

Robert Badinter semblait être ce roc insubmersible au service de la défense des valeurs de notre République.

Son combat contre la peine de mort est inscrit à jamais dans l'histoire.

Notre pays perd un de ses grands hommes. pic.twitter.com/M8ZilCl7q8

— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) February 9, 2024

Les sobres hommages des droites

Les responsables politiques de droite et d'extrême droite se sont voulus sobres dans leurs commentaires, vendredi, après la mort de Robert Badinter, alors que la question de la peine de mort reste prégnante dans la société française.

"Ancien ministre de la Justice, homme de lettres, Robert Badinter a défendu toute sa vie ses idéaux, avec constance et éloquence", s'est contenté de décrire le président du RN, Jordan Bardella, né en 1995.

Ancien ministre de la Justice, homme de lettres, Robert Badinter a défendu toute sa vie ses idéaux, avec constance et éloquence.

Mes condoléances à sa femme Élisabeth et leurs trois enfants.

— Jordan Bardella (@J_Bardella) February 9, 2024

Marine Le Pen a pour sa part rendu hommage à "une figure marquante du paysage intellectuel et juridique", en rappelant qu'"on pouvait ne pas partager tous les combats" de l'ancien garde des Sceaux.

On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais cet homme de convictions, fut incontestablement une figure marquante du paysage intellectuel et juridique. J’adresse mes condoléances à son épouse et à sa famille.

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 9, 2024

Car Robert Badinter fut longtemps une figure honnie de l'extrême droite française, qui voyait dans son humanisme revendiqué un "laxisme" et son combat contre la guillotine une faillite du système répressif.

En juin 1983, lorsque des centaines de policiers manifestent sous les fenêtres de son bureau aux cris de "Badinter assassin !", Jean-Marie Le Pen, président du Front national, est là. 

Plus de quarante ans après l'abolition de la peine capitale, la question demeure aiguë : 81 % des sympathisants du Rassemblement national sont favorables à son rétablissement, de même que 51 % des sympathisants de LR - un chiffre comparable à la population globale -, selon l'étude Fractures françaises d'Ipsos parue en octobre dernier.

Loin du lyrisme des hommages rendus à gauche et au centre, la droite s'est voulue respectueuse, mais factuelle.

Le patron des Républicains, Eric Ciotti, a sobrement salué une "figure emblématique de la justice", en reconnaissant que "sa lutte pour l'abolition de la peine de mort restera gravée dans nos mémoires et nos institutions"; un "combat courageux", a appuyé Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. 

Profonde tristesse à l’annonce du décès de Robert Badinter, figure emblématique de la justice et défenseur infatigable des droits de l'homme.

Sa lutte pour l'abolition de la peine de mort restera gravée dans nos mémoires et nos institutions.

Mes pensées vont à sa famille. pic.twitter.com/KvAOYHKgNt

— Eric Ciotti (@ECiotti) February 9, 2024

Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a salué "un talent, une culture et une intelligence mises toutes entières au service de convictions inébranlables".

"Robert Badinter entre aujourd'hui dans le Panthéon des grands Hommes qui auront à jamais marqué l'histoire de France !" a déclaré Gérard Larcher, président LR du Sénat sur X.

Le 30 septembre 1981 le @Senat votait l’abolition de la peine de mort. Je garderai longtemps en mémoire son discours au Sénat pour son 30eme anniversaire. Robert Badinter entre aujourd’hui dans le Panthéon des grands Hommes qui auront à jamais marqué l’histoire de France ! pic.twitter.com/OXIBjt9EXD

— Gérard Larcher (@gerard_larcher) February 9, 2024

"Reconnaissons, au-delà de nos différences politiques", a complété Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, "la force et la constance de son engagement".

Avec AFP