Aux États-Unis, le Congrès ne parvient toujours pas, sur fond de lutte électorale avant la présidentielle de novembre, à voter une nouvelle enveloppe à destination de l'Ukraine et d'Israël. Les sénateurs ont rejeté dans l'après-midi un texte qui aurait débloqué de nouveaux fonds pour ces deux pays en guerre et réformé le système migratoire des États-Unis.
Entre querelles républicaines et bras de fer politicien avec Joe Biden, le Congrès américain était à nouveau plongé, mercredi 7 février, dans le chaos, incapable de valider une quelconque enveloppe pour l'Ukraine ou Israël.
Un projet de loi censé approuver des fonds pour ces deux pays alliés en guerre et réformer le système migratoire américain a pourtant été âprement négocié depuis des mois. Mais les sénateurs l'ont rejeté dans l'après-midi. Sous la pression de Donald Trump, qui garde toujours une emprise énorme sur ses troupes au Congrès, la plupart des républicains ont finalement voté contre -- même ceux qui le soutenaient initialement.
Le Sénat devrait retenter sa chance dans la foulée sur un autre texte dont l'issue est plus incertaine. Il s'agit du même projet de loi que le premier, simplement amputé de la réforme migratoire.
De son côté, la Chambre des représentants a été le théâtre mardi d'un moment humiliant pour les élus républicains, pourtant majoritaires mais piteusement défaits dans une procédure censée aboutir à une inculpation historique d'un ministre de Joe Biden.
Les États-Unis, principal soutien militaire à l'Ukraine avec plus de 110 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès, butent depuis des mois sur l'envoi de nouveaux fonds à Kiev.
L'état-major démocrate, aux manettes au Sénat, prépare une série de scénarios alternatifs "après l'échec attendu mercredi", a indiqué une source de ce camp à l'AFP.
Mais le risque reste le même : que toutes ces initiatives se heurtent à un mur de parlementaires pro-Trump, qui refusent de débloquer le moindre centime supplémentaire pour Kiev, malgré les plaidoyers répétés du président américain Joe Biden.
Kiev regrette une situation "confuse"
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, qui presse les États-Unis depuis des mois d'envoyer de nouveaux fonds pour contrer la Russie, a regretté mercredi la situation "confuse".
"Hier soir, j'ai reçu depuis Washington un dernier rapport sur les scénarios possibles, et certains d'entre eux sont dignes de polars", a déclaré Dmytro Kouleba. "Tout est très confus, dépend de nombreux facteurs et peut aller à droite ou à gauche ou tout droit", a-t-il ajouté.
L'échec de l'adoption de nouveaux fonds serait une déconvenue énorme pour l'Ukraine, dont la contre-offensive à l'été a largement échoué.
Il constituerait aussi un revers important pour Joe Biden face à ses partenaires européens, qui ont approuvé le 1er février une rallonge de 50 milliards d'euros pour Kiev.
Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a jugé "essentiel" que le Congrès américain continue à soutenir l'Ukraine, estimant qu'"une victoire russe nous affaiblirait et enhardirait non seulement Moscou, mais aussi la Chine, l'Iran et la Corée du Nord".
Coup de théâtre
Les États-Unis ne sont pas tellement plus avancés sur la validation de fonds pour Israël, allié historique en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre. Le président Joe Biden exige que toute aide pour Israël soit couplée à une enveloppe pour l'Ukraine.
Les républicains à la Chambre refusent, mais n'ont pas été en mesure d'adopter mardi leur propre projet de loi pour lui forcer la main.
Déjà secoués par la destitution d'un de leurs chefs il y a quelques mois, les républicains à la tête de l'institution ont essuyé un autre revers dans la soirée en échouant à inculper le ministre de Joe Biden chargé de l'immigration. Ils accusent Alejandro Mayorkas d'avoir créé une crise à la frontière avec le Mexique et voulaient pour cette raison lui infliger une sanction pas vue en près de 150 ans.
L'état-major républicain, qui pensait avoir un nombre suffisant de voix pour remporter ce vote, a été pris de court par l'arrivée surprise dans l'hémicycle d'un élu démocrate, Al Green, pourtant en convalescence en raison d'une opération à l'abdomen. L'élu de l'Arizona a déboulé en fauteuil roulant en plein vote, pieds nus et en tenue d'hôpital, faisant finalement pencher la balance en faveur des démocrates.
Avec AFP