La Chambre des députés en Argentine a renvoyé en commission, mardi, le projet de loi "Omnibus", du nouveau président Javier Milei, prévoyant un ensemble de réformes ultra-libérales. Un échec pour le gouvernement qui avait dans un premier temps enregistré une victoire, les députés ayant approuvé le principe de "pouvoirs délégués" à l'exécutif pour un an, pour légiférer par décret au nom de "l'urgence économique".
En Argentine, le train de réformes ultra-libérales du président Javier Milei a subi un revers, mardi 6 février, au Parlement, où le débat a été suspendu et le projet de loi renvoyé en commission, le parti présidentiel dénonçant une "trahison" des députés.
Au moment où la Chambre des députés s'apprêtait à des votes très incertains sur le thème polémique des privatisations, le parti présidentiel La Libertad Avanza (LLA) a subitement demandé et obtenu la levée de la session, renvoyant de facto le texte en commission.
"Les gouverneurs (de province) n'ont pas tenu parole, nous allons travailler et dialoguer en commission", a dénoncé le chef du groupe du parti présidentiel Oscar Zago, tout en niant qu'il s'agisse d'un échec.
Mais depuis Israël, où il est arrivé mardi pour une tournée diplomatique, Javier Milei a, dans un message sur X, dénoncé "la caste qui s'est mise en travers du changement pour lequel nous, Argentins, avons voté". "Nous savons qu’il ne sera pas facile de changer un système dans lequel les hommes politiques se sont enrichis aux dépens des Argentins", a poursuivi le chef de l'État, assurant : "nous allons poursuivre notre programme avec ou sans le soutien des dirigeants politiques qui ont détruit notre pays".
Les députés avaient repris mardi l'examen épineux, par moment article par article, de l'ambitieuse loi dite "Omnibus" de Javier Milei. Initialement 660 dispositions visant aussi bien l'économie, le commerce, la culture, le pénal... puis, un projet au fil des semaines détricoté à environ 300 articles.
"Tout recommencer à zéro"
Le gouvernement avait dans un premier temps enregistré une victoire, les députés approuvant le principe de "pouvoirs délégués" à l'exécutif pour un an, pour légiférer par décret au nom de "l'urgence économique".
Mais le vote en soirée sur le détail de la "Loi omnibus" s'annonçait plus compliqué, en raison de dispositions pour lesquelles l'opposition modérée entendait exiger des modifications, comme les privatisations (entre 30 et 40 entreprises visées), ou la répartition de ressources État/provinces.
L'opposition a exulté après la suspension de séance et le renvoi du texte en commission. C'est une "défaite politique du gouvernement", a affirmé le député péroniste Leonardo Santoro, qualifiant la situation d'un "ridicule sans précédent".
Au terme des procédures parlementaires, le renvoi d'un projet de loi en commission annule de facto les votes obtenus précédemment. En l'occurrence le vote, vendredi dernier, sur le "principe général" de la loi, et celui de mardi sur les "pouvoirs délégués". "Cela veut dire qu'ils doivent tout recommencer à zéro", s'est félicitée la députée de gauche radicale et ex-candidate à la présidentielle Myriam Bregman.
Avec AFP