On la pensait un peu endormie, cette Afrique du Sud qui régnait sur le continent au tournant de ce siècle. Après sa CAN remportée à domicile en 1996, suivie de deux participations d'affilée au Mondial (1998 et 2002), la nation arc-en-ciel a lentement perdu de sa superbe : deuxième de la CAN 1988, troisième en 2000, quart de finaliste en 2002.
Les Bafana Bafana n'étaient même pas de la partie lors de la dernière édition de la Coupe d'Afrique des nations au Cameroun. Ils sont donc arrivés cette année en Côte d'Ivoire sans être particulièrement attendus. Et loin des projecteurs, ils se sont frayés un chemin jusqu'au quarts de finale, où ils affrontent le Cap-Vert, samedi 3 février, à Yamoussoukro.
Une défaite, une victoire et un nul en phase de groupe ont permis à l'Afrique du Sud de sortir discrètement du 1er tour. Et contre toute attente, elle s'est offerte une victoire nette et sans bavure en huitièmes de finale contre le Maroc, favori annoncé de la compétition.
Les spectateurs ont pu découvrir le jeu enthousiasmant et porté vers l'avant de cette équipe qui, sans véritable star, s'appuie sur un collectif soudé. Et pour cause, puisque là réside peut-être le secret de sa réussite : huit de ses titulaires évoluent ensemble toute l'année, dans le club des Mamelodi Sundowns de Pretoria, actuellement l'une des meilleures équipes du continent
Sur le terrain, la sélection aligne toute la défense des Mamelodi, plus la moitié de son milieu de terrain et la moitié de son attaque.
Une stabilité entretenue par le sélectionneur belge Hugo Broos - déjà sacré avec le Cameroun en 2017 -, qui ne bouge quasiment pas son onze de base.
Huit sur onze
Il s'appuie sur des joueurs qui se connaissent parfaitement et qui viennent de remporter la toute première African Football League (la Ligue fermée voulue par la CAF), après la Ligue des champions africaine en 2016.
En Afrique du Sud, ceux que l'on surnomme les "Brésiliens", à cause de la ressemblance entre leurs couleurs (vert, jaune, bleu) et celles de la Seleçao, règnent sans partage sur le championnat depuis 6 ans.
Les Sundowns ont récupéré il y a un an et demi le gardien Ronwen Williams, venu de Supersport United, un autre club de Pretoria. Il dirige en sélection une défense 100 % Mamelodi : Khuliso Mudau, Grant Gomolemo Kekana, Mothobi Mvala et Aubrey Modiba.
Au milieu, Sphephelo Sithole, un des deux seuls à jouer en Europe, à Tondela, au Portugal, partage la récupération avec l'infatigable Teboho Mokoena des Sundowns, auteur du sublime coup franc direct qui a achevé les Marocains.
Not just a freekick, it’s an 𝗶𝗻𝘁𝗼 𝘁𝗵𝗲 𝗾𝘂𝗮𝗿𝘁𝗲𝗿-𝗳𝗶𝗻𝗮𝗹 freekick! 🥅
Teboho Mokoena’s shot obviously is your #GoalOfTheDay. 🎯@1xBet_Eng | #TotalEnergiesAFCON2023 pic.twitter.com/dxOY7wmmZR
Thapelo Morena, sur l'aile droite, qui joue peu aux Mamelodi, est titulaire avec la sélection. Le côté gauche est animé par un des rares expatriés, Percy Tau, champion d'Afrique avec le poids lourd égyptien d'Al-Ahly.
En attaque, Evidence Magkopa, buteur face au Maroc, est le seul représentant dans le onze de base du club sud-africain des Orlando Pirates.
Themba Zwane, lui, est aussi un "Brésilien". Considéré comme trop vieux par Hugo Broos, à 34 ans, il doit sa présence à ses constantes bonnes performances et… à la pression médiatique. Et son sens du but agit toujours, comme le montre son doublé contre la Namibie.
Tout puissant Motsepe
Si le club des Sundowns, aussi appelé Masandawana - mot d'argot des township pour coucher de soleil -, est devenu aussi puissant, c'est aussi parce qu'il a à sa tête depuis 2014 l'homme d'affaires Patrice Motsepe, également président de la Confédération africaine de football (CAF) depuis 2021.
Il a fait venir des grands noms sur le banc, le Français Henri Michel, le Bulgare Hristo Stoitchkov ou le Néerlandais Johan Neeskens et a construit une machine à gagner, doublant les deux géants de Soweto, les Pirates et les Kaizer Chiefs.
À la CAN, les Brésiliens d'Afrique du Sud auront à cœur de faire honneur à leur patron, en rêvant qu'il leur remette le trophée continental le 11 février.
Avec AFP