Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 en Haïti nous rapportent au jour le jour les informations qu'ils récoltent sur place.
17 janvier : Des miraculés retrouvés sous les décombres
"Ça devient la loi du plus fort"
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Melissa Bell, envoyée spéciale de FRANCE 24 en Haïti, depuis l’aéroport de Port-au-Prince, le 17 janvier à 16 heures (GMT+1) / 10 heures du matin heure locale (GMT-5).
"Depuis ces derniers jours, on sent vraiment cette tension monter parmi la population qui est toujours dans les camps de fortune.
La ville entière vit dans la rue, et n'a pas accès à de l'eau potable, à de la nourriture ou à des soins médicaux de première nécessité. C'est une population qui est entièrement livrée à elle-même, et on sent vraiment cette absence de gouvernement, de pouvoir politique ou d'État.
Ça devient la loi du plus fort. On voit de plus en plus de scènes de pillage au sein de cette population qui est obligée de se débrouiller toute seule."
"Les familles tentent de fuir Port-au-Prince"
Melissa Bell, envoyée spéciale de FRANCE 24 en Haïti, depuis l’aéroport de Port-au-Prince, le 17 janvier à 8 heures (GMT+1) / 2 heures du matin heure locale (GMT-5).
"La population survit dans des conditions sanitaires toujours aussi épouvantables. C’est une situation très difficile et très tendue.
Petit à petit, on commence à sentir la présence de cette aide humanitaire, de ces militaires américains, de ces forces onusiennes dans les rues de Port-au-Prince, mais cela a été très lent.
J’ai passé la soirée avec les secouristes américains qui essaient encore de sauver d’éventuels survivants coincés sous les décombres.
Un peu partout ces derniers jours, nous avons vu des familles entières tenter de monter dans des bus complètement surchargés. Les Haïtiens fuient le manque d’eau, de nourriture, l’insalubrité des camps et l’épouvantable odeur des morts."
"Les secours sont débordés"
Laurence Cuvillier, envoyée spéciale de FRANCE 24 en Haïti, liaison téléphonique depuis de Port-au-Prince, le 17 janvier à 3 heures (GMT+1) / 21 heures, heure locale (GMT - 5).
"Une femme d’une trentaine d’années a été sortie vivante des décombres d’un immeuble de cinq étages. Cette femme a passé quatre jours et quatre nuits sous cet immeuble sans boire, sans manger, par une chaleur étouffante. Elle était coincée sous le corps de sa tante qui, elle, n’a pas survécu au séisme. D’après les secours, deux autres personnes sont mortes d’épuisement à côté d’elle. Cette femme est bel et bien une miraculée. Elle fait sans doute partie des tout derniers rescapés qui seront retrouvés vivants. Elle était consciente, mais dans un état de déshydratation avancé.
Ce sont des habitants de Port-au-Prince qui ont localisé la poche de survie au cours de leurs recherches. Ils ont ensuite dû prévenir les secours, ce qui leur a pris beaucoup de temps parce que les communications téléphoniques fonctionnent toujours très mal. Une équipe de secouristes russes est enfin arrivée sur place. Ces quelques heures de délais ont été fatales aux deux autres personnes, qui sont mortes d’épuisement aux côtés de la jeune femme.
Les secours sont débordés. De nombreuses personnes ont dû mourir ces trois derniers jours à cause du manque de moyens disponibles pour fouiller les décombres."
