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Au Pérou, la Cour constitutionnelle ordonne la libération de l'ancien président Alberto Fujimori
La Cour constitutionnelle du Pérou a ordonné mardi la libération immédiate d'Alberto Fujimori, condamné pour crimes contre l'humanité. L'ancien président (1990-2000) avait été reconnu coupable du massacre de 25 personnes en 1991 et 1992 alors que son gouvernement luttait contre la guérilla du Sentier lumineux.

L'ancien chef de l'État libéré. La Cour constitutionnelle du Pérou a ordonné, mardi 5 décembre, la libération "immédiate" de l'ancien président péruvien Alberto Fujimori, 85 ans, qui purge depuis 2009 une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité dans une prison de Lima.

Selon une ordonnance consultée par l'AFP, la Cour constitutionnelle "ordonne" la libération "immédiate" de l'ancien président (1990-2000) jugé coupable de la mort de 25 personnes dans deux massacres perpétrés par un commando de l'armée dans le cadre de ce qui avait été appelé la guerre contre le terrorisme (1980-2000).

La Cour, dont l'ordonnance ne peut pas faire l'objet d'un appel, rétablit la grâce accordée à Alberto Fujimori en 2017 et qui avait été révoquée deux ans plus tard par la Cour suprême.

Problèmes de santé

La juridiction, qui veille au respect des droits fondamentaux consacrés par la Constitution, avait déjà ordonné en mars 2022 la libération d'Alberto Fujimori, qui souffre de nombreux problèmes de santé. Mais quelques semaines plus tard, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme, basée au Costa Rica, avait ordonné à l'État de "s'abstenir d'exécuter" cette décision.

Le pays, alors dirigé par le président de gauche Pedro Castillo, s'était conformé à la décision.

La famille de l'ancien chef de l'État, détenu dans la petite prison de Barbadillo située dans une caserne de police de la capitale, a demandé à maintes reprises sa remise en liberté pour raisons de santé.

L'ancien président souffre de manière récurrente de problèmes respiratoires et neurologiques, dont des paralysies faciales, et d'hypertension.

Alberto Fujimori a été hospitalisé à plusieurs reprises au cours des dernières années, dont la dernière en février, en urgence, pour "irrégularité du rythme cardiaque".

Main de fer

L'avocat de l'ancien président, Elio Riera, s'est rendu à la prison de Barnadillo pour y accomplir les démarches administratives nécessaires à la libération d'Alberto Fujimori.

"Le président s'est montré très content, il a reçu l'ordonnance avec beaucoup de joie", a déclaré l'avocat à la radio RPP.

Face à une opposition croissante, Alberto Fujimori a gouverné le Pérou d'une main de fer, avant de s'enfuir en novembre 2000 au Japon, d'où sa famille est originaire. C'est par fax qu'il avait annoncé alors renoncer à son mandat. Extradé ensuite du Chili en 2007, il avait été condamné et emprisonné deux ans plus tard.

Malgré la demande de "pardon" formulée en 2017 par l'ancien homme fort du pays pour les actes commis par son gouvernement, Alberto Fujimori a divisé les Péruviens comme peu d'hommes politiques l'ont fait dans l'histoire du pays andin de 32 millions d'habitants.

Pour certains, celui que l'on surnomme "El Chino" ("le Chinois") est l'homme qui a dopé l'essor économique du pays par ses politiques ultralibérales, et combattu avec succès les guérillas maoïstes du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru, d'obédience guévariste.

D'autres se souviennent surtout des scandales de corruption et de ses méthodes autoritaires, qui l'ont conduit derrière les barreaux pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992, dans le cadre de la lutte contre le Sentier lumineux.

Avec AFP et Reuters