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Les Vénézuéliens plébiscitent l’intégration de l’Essequibo, une province du Guyana
Les Vénézuéliens étaient invités dimanche à se prononcer sur la création d'un nouvel État vénézuélien sur le territoire de l’Essequibo, riche en pétrole et sous administration du Guyana. Ils ont voté "oui" à 95 % lors de ce référendum consultatif, qui n'aura pas de conséquences concrètes à court terme.

"L'Essequibo est à nous", proclame le slogan officiel placardé partout dans les rues de Caracas. Les Vénézuéliens se sont dits favorables à l'intégration à leur pays de l'Essequibo, a annoncé dimanche 3 décembre le Conseil national électoral (CNE) à l'issue d'un référendum consultatif organisé par Caracas pour légitimer ses prétentions sur ce territoire qu'il dispute au Guyana.

Le vote s'est conclu par une victoire du "oui", avec plus de 95 % de suffrages en ce sens aux cinq questions posées, a indiqué le CNE, qui n'a pas fourni de chiffre de participation.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est félicité d'une victoire "écrasante". "Nous avons réalisé les premiers pas d'une nouvelle étape historique dans la lutte pour ce qui nous appartient, pour récupérer ce que les libérateurs nous ont laissé", a-t-il estimé.

#EnVivo 📹 | Celebración de la Gran Victoria del Pueblo de Venezuela en el Referéndum Consultivo por la defensa de nuestra Guayana Esequiba. https://t.co/JDVaxtTZGj

— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) December 4, 2023

Polémique sur les chiffres de participation

Au cours de la journée, des journalistes de l'AFP à Caracas, Ciudad Guayana, capitale de la région vénézuélienne limitrophe de l'Essequibo, ou à San Cristobal (sud-ouest), n'avaient constaté qu'une affluence modérée dans les bureaux de vote.

Le CNE a indiqué que le scrutin a recueilli près de 10,5 millions de "votes". Quelque 20,7 millions de Vénézuéliens étaient appelés aux urnes. 

Ce chiffre du nombre de votes, sans annonce officielle de la participation, a généré une polémique, l'opposition accusant le pouvoir tenter de masquer un fort taux d'abstention et soulignant que 10,5 millions "de votes" ne signifient pas 10,5 millions de votants.

Henrique Capriles, deux fois candidat de l'opposition à la présidentielle a relayé sur X un chiffre de "2 110 864" votants, chacun ayant droit à jusqu'à cinq votes, un "échec retentissant" selon lui.

"Il est très difficile de comprendre de tels résultats", a quant à lui déclaré Luis Vicente León, directeur de l'institut de sondage Datanalisis.

Contacté par l'AFP, le CNE n'a pas immédiatement fourni de nombre de votants.

Un référendum qui inquiète la Guyana

Le référendum, en cinq questions, demandait notamment aux Vénézuéliens s'ils sont d'accord pour ne pas reconnaître la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ), saisi par le Guyana, et pour intégrer le territoire au Venezuela.

Ce résultat n'aura toutefois pas de conséquences concrètes à court terme : le territoire se trouve au Guyana et il ne s'agit pas d'un vote d'autodétermination. Le scrutin a suscité des inquiétudes à Georgetown, la capitale du Guyana, et sur la scène internationale.

L'opposition, qui dans son ensemble revendique l'Essequibo, s'est montrée réservée, tiraillée entre ses convictions et sa volonté de ne pas soutenir le pouvoir avant la présidentielle de 2024. La principale opposante Maria Corina Machado a qualifié le référendum de "distraction" dans un contexte de crise.

Les autorités ont souligné qu'elles ne cherchaient pas un motif pour envahir la zone comme le craint le Guyana, où des milliers de personnes, beaucoup portant des t-shirts "L'Essequibo appartient au Guyana", ont formé des chaînes humaines pour montrer leur attachement au territoire.

"Il n'y a rien à craindre dans les heures, les jours et les mois à venir", a affirmé le président guyanien Irfaan Ali dimanche. "Notre première ligne de défense est la diplomatie et nous sommes dans une position très, très forte", a-t-il ajouté assurant que le pays avait un vaste soutien international.

Après des appels d'offres pétroliers guyaniens et une nouvelle découverte d'or noir en octobre, la tension est montée ces derniers mois.

Le Venezuela revendique depuis des décennies ce territoire (parfois appelé Guayana Esequiba) de 160 000 km2, représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125 000 personnes, soit un cinquième de sa population. Caracas soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777, à l'époque de l'empire espagnol.

Le Guyana, qui dispose des plus grandes réserves de pétrole per capita du monde, estime que la frontière date de l'époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage. Le pays a saisi la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire de l'ONU, pour la faire valider.

En marge du scrutin, des figures du pouvoir vénézuélien ont diffusé une vidéo montrant des Amérindiens du territoire remplaçant un drapeau guyanien par un vénézuélien. Vidéo qualifiée de "faux" et de "propagande de guerre" par Georgetown.

Avec AFP