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Ce que l'on sait sur le crash de l'avion militaire russe
Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni jeudi en urgence à la demande de Moscou, qui accuse l'Ukraine d'avoir abattu un avion de transport militaire russe. Kiev exige que l'ONU et la Croix-Rouge puissent inspecter le site du crash. L'appareil, qui transportait 74 personnes dont 65 prisonniers de guerre ukrainiens selon Moscou, s'est écrasé dans la région de Belgorod. France 24 fait le point sur la situation.

Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU s'est tenue jeudi 25 janvier, à la demande de Moscou, qui accuse l'Ukraine d'avoir abattu un avion de transport militaire russe et tué tous ses passagers, dont 65 prisonniers de guerre ukrainiens devant être échangés. Kiev ne confirme ni ne dément avoir abattu l'appareil, mais assure manquer "d'informations fiables" concernant les passagers.

Alors que différentes versions s'opposent et que les informations sont difficiles, voire impossibles à vérifier, France 24 fait le point sur ce que l'on sait du crash.

  • Crash d'un avion militaire russe

Un avion de transport Il-76 s'est écrasé, mercredi 24 janvier, près du village russe de Iablonovo, à 45 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine dans la région de Belgorod, tuant ses 74 occupants d'après les autorités russes.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent un appareil chutant presque à pic, avant une grosse explosion au sol, accompagnée de flammes et de fumée noire.

La région russe de Belgorod est régulièrement visée par des attaques de missiles et de drones ukrainiens du fait de sa proximité avec la frontière et en réplique aux multiples bombardements russes de l'Ukraine. Kiev a également déjà revendiqué la destruction d'appareils russes qui, jusqu'à récemment, semblaient hors de portée des armements ukrainiens. La semaine dernière, le pays a ainsi dit avoir abattu un avion espion A-50 (équivalent russe des Awacs occidentaux) et détruit un appareil de commandement Il-22. Moscou n'a ni confirmé ni infirmé.

De son côté, la Russie a été mêlée à plusieurs catastrophes aériennes dont les circonstances sont encore floues et où la version russe des faits suscite bien des questions. Le cas le plus célèbre est celui du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l'Ukraine en 2014. Si tous les éléments pointent la responsabilité de combattants à la solde de Moscou, la Russie a multiplié les versions pour accuser l'Ukraine du drame, qui a fait 298 morts. Un cas plus récent est celui de l'avion transportant le chef du groupe armé Wagner, Evguéni Prigojine, qui s'est écrasé en août 2023 lors d'un vol reliant Moscou à Saint-Pétersbourg. Le crash l'avait tué, ainsi que ses principaux lieutenants, quelques semaines après une mutinerie avortée qui avait mis en rage le président russe Vladimir Poutine. Les autorités russes ont démenti toute implication, estimant que l'avion avait pu s'écraser parce que ses passagers avaient fait exploser une grenade à bord.

  • Moscou affirme que 65 prisonniers ukrainiens étaient à bord et accuse Kiev d'avoir commis un "acte monstrueux"

Selon la version de Moscou, 65 prisonniers ukrainiens qui allaient être échangés se trouvaient à bord de l'appareil, avec un équipage de six personnes et trois militaires russes.

La Russie affirme que les forces ukrainiennes ont lancé "deux missiles" issus "d'un système de défense antiaérien" pour abattre le transporteur militaire Il-76 et pouvoir ensuite "accuser la Russie".

L'armée russe assure que l'appareil a été détruit par les forces ukrainiennes, qui "savaient" pourtant que les prisonniers seraient emmenés par avion de Belgorod à un point de rendez-vous à la frontière. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a encore reproché à Kiev, jeudi, un "acte monstrueux".

Cependant, la Russie n'a apporté aucune preuve quant à l'identité des passagers, ni démontré que l'Ukraine savait qui était à bord de l'appareil.

  • Kiev remet en cause la présence de prisonniers ukrainiens à bord de l'appareil

Kiev ne confirme pas avoir abattu l'avion, mais souligne sa volonté de continuer à frapper des cibles militaires en territoire russe.

Concernant les passagers de l'avion, en revanche, le renseignement militaire ukrainien (GUR) a insisté sur le manque "d'informations fiables et complètes".

Le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets – une des personnes en charge des échanges de prisonniers –, a affirmé "que rien n'indique qu'il y avait autant de gens à bord" et a relevé que la Russie était dans tous les cas "responsable de la sécurité" des détenus, selon la Convention de Genève. "Selon moi, c'est un exemple clair de la Russie planifiant une campagne de propagande contre l'Ukraine", a-t-il ajouté sur ses réseaux sociaux.

Kiev reconnaît qu'un échange de prisonniers était prévu, mais assure n'avoir "pas été informé" de la nécessité de sécuriser l'espace aérien dans la zone du crash.

Les services spéciaux du pays (SBU) ont annoncé, jeudi, ouvrir une enquête sur le crash, en vertu d'un article pénal sur la "violation des lois et coutumes de la guerre". Mais toute investigation semble difficile, l'appareil étant en territoire russe.

  • Des demandes des deux parties auprès de l'ONU

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé une enquête internationale. "Il est évident que les Russes jouent avec les vies des prisonniers ukrainiens, avec les sentiments de leurs proches et les émotions de notre société", a-t-il déclaré.

Kiev a ainsi exigé que l'ONU et la Croix-Rouge aient accès au site du crash. "Je demanderai à ce que des représentants de ces organisations se joignent à l'inspection des lieux", dans la région russe de Belgorod, a affirmé le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, disant avoir contacté l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour savoir s'ils étaient au courant d'un transfert de prisonniers par la Russie mercredi. Il s'est toutefois dit "convaincu" que "personne ne serait autorisé à voir le site".

Dmytro Loubinets a aussi dit que "rien n'indique qu'il y avait autant de gens à bord". Aucune image montrant les corps de victimes du crash n'a été publiée par les autorités ou sur les chaînes Telegram d'experts militaires russes.

De son côté, Moscou a obtenu une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les enquêteurs russes ont eux récupéré deux boîtes noires, a rapporté l'agence d'État Ria Novosti, citant une source au sein des services d'urgence. La Russie a de son côté annoncé l'ouverture d'une enquête pour "terrorisme".

Avec AFP