
Le gouvernement a "entendu l'appel" des agriculteurs et fera des annonces "dans les jours à venir", a indiqué, mercredi 24 janvier, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot à l'issue du Conseil des ministres. Et ce, alors que la mobilisation de la profession se poursuit, mercredi, en France avec des barrages routiers pour faire pression sur l'exécutif.
"La nation agricole nous lance un appel (...) nous l'avons entendu", a déclaré Prisca Thevenot, promettant que "les annonces vont arriver dans les jours qui viennent car "il y a urgence à répondre" aux revendications du secteur. Elle a évoqué des pistes à l'étude sur la fiscalité du gazole non routier et "les avances de trésorerie" aux chefs d'exploitation. La porte-parole a aussi assuré qu'il n'était "pas question de venir empêcher" les blocages routiers.
Jachère, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole... Les cultivateurs et éleveurs français n'ont pas tous les mêmes demandes, mais partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre leur désir de produire et d'exporter, et la nécessité d'intégrer des contraintes environnementales pour réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.
Démarré jeudi dernier en Occitanie par un blocage d'autoroute qui se poursuit encore, le mouvement, soutenu par la FNSEA, le premier syndicat agricole du pays, s'étend dans la région et dans toute la France. "Les actions vont s'amplifier" mercredi, a promis mardi soir sur TF1 son président, Arnaud Rousseau.
Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs reçus lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau de Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages. La Coordination rurale a jugé l'échange "constructif" tandis que la Confédération paysanne a parlé de propositions "insuffisantes".
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, reçu lundi par Gabriel Attal, avait indiqué qu'il n'y aurait "pas de levée des actions" menées par les agriculteurs tant qu'il n'y aurait "pas de décisions concrètes" de l'exécutif.
Routes quadrillées de blocages
Environ 200 tracteurs ont envahi mercredi matin la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l'Espagne.
Dans le sud-est de la France, un convoi d'environ 70 tracteurs a emprunté l'autoroute "du soleil", à la hauteur du péage d'Orange (Vaucluse), pour remonter vers la Drôme plus au nord, ont constaté des journalistes de l'AFP. Cette action escargot a engendré la fermeture de l'A7, axe crucial, dans le sens Marseille-Lyon à la hauteur d'Avignon.
Un blocage des accès aux autoroutes A89 et A10 est aussi prévu. L'A4 sera aussi bloquée aux alentours de Strasbourg à partir de la mi-journée tandis que les Jeunes Agriculteurs prévoient de bâcher les radars de Moselle (hors autoroute).
À Bergerac, du lisier a été déversé devant la sous-préfecture de Dordogne.
À Morlaix, en Bretagne, des tracteurs ont bloqué à partir de mardi soir le pont routier de la RN12, l'axe principal entre Rennes et Brest. "On est 50, des élus viennent nous rejoindre, des marins pêcheurs vont nous rejoindre", affirme Cédric Le Velly, des Jeunes Agriculteurs, à l'AFP, disant vouloir rester au moins jusqu'à mercredi soir.
Dans les Hauts-de-France, la mobilisation s'est poursuivie avec le blocage de l'autoroute A2 près de Valenciennes (Nord) et l'A16 au niveau de Beauvais (Oise). Les manifestants picards n'excluent pas de se rapprocher de Paris.
Des tracteurs et des blocages sont également attendus sur d'autres routes de France, aux multiples ronds-points, péages ou bretelles d'autoroutes.
Contestation européenne
Mais comment résoudre rapidement les problèmes du monde agricole, alors que ceux-ci sont aussi profondément enracinés ? Assailli de questions à l'Assemblée mardi, le Premier ministre a évoqué les mesures qui pourraient arriver rapidement, notamment concernant la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces, censée être sanctuarisée par la loi dite Egalim. Les négociations commerciales annuelles se termineront le 31 janvier.
Il a aussi promis de répondre à la demande de simplification administrative, les exploitants, et surtout les éleveurs, devant remplir chaque jour de nombreux documents. Les demandes de subventions et d'aides après des calamités naturelles prendraient également trop de temps à recevoir une réponse, se plaignent les agriculteurs.
Les autres grands pays agricoles européens sont confrontés à des mouvements similaires, si bien que le sujet agite aussi Bruxelles. La Commission européenne réunira jeudi organisations agricoles, secteur agro-alimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer le jeu et persuader de l'intérêt de réconcilier transition écologique et agriculture.
Avec AFP