Pyongyang a annoncé mercredi avoir lancé avec succès un satellite espion. La Corée du Sud a réagi en annonçant la suspension partielle d'un accord militaire signé avec la Corée du Nord en 2018 pour réduire les tensions le long de la frontière.
La Corée du Sud a partiellement suspendu, mercredi 22 novembre, un accord militaire avec la Corée du Nord, qui a annoncé avoir mis en orbite un satellite espion en violation des résolutions de l'ONU.
La fusée qui a décollé mardi soir a suivi la trajectoire prévue "et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite", a annoncé mercredi l'agence officielle nord-coréenne KCNA. La République populaire démocratique de Corée (RPDC) – nom officiel de la Corée du Nord – prévoit de lancer d'autres satellites "dans un court laps de temps", afin de renforcer ses capacités de surveillance de la Corée du Sud, a ajouté KCNA.
"Le lancement d'un satellite de reconnaissance est un droit légitime de la RPDC pour renforcer ses capacités d'autodéfense", a souligné l'agence alors que le pays s'estime menacé par la Corée du Sud et les États-Unis.
L'état-major de l'armée sud-coréenne a précisé de son côté qu'il analysait ce lancement, et ne pouvait pas pour l'instant confirmer que le satellite avait bien été placé en orbite. Le Japon a également affirmé qu'il ne pouvait confirmer "à ce stade" sa mise en orbite. Le ministère japonais de la Défense "est en train d'analyser" le lancement nord-coréen, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement nippon Hirokazu Matsuno, ajoutant que le développement rapide par Pyongyang de "ses technologies liées aux missiles et ses capacités opérationnelles" ne devait être ni "toléré" ni "négligé".
La Corée du Nord avait déjà tenté à deux reprises, sans succès, de mettre en orbite un satellite, en mai et en août derniers.
Accord partiellement suspendu
La Corée du Sud a réagi en annonçant la suspension partielle d'un accord militaire signé avec la Corée du Nord le 19 septembre 2018 pour réduire les tensions le long de la frontière intercoréenne hautement sécurisée, en créant notamment des "zones tampon" maritimes. Un porte-parole du gouvernement sud-coréen a indiqué à l'AFP que Séoul n'avait pas pu notifier directement à Pyongyang la suspension de cet accord, car "les lignes de communication avec la Corée du Nord sont coupées".
Le lancement du satellite a également été condamné par les États-Unis, le Japon et les Nations unies. "N'importe quel lancement par la Corée du Nord qui se sert de la technologie de missiles balistiques est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité" des Nations unies, a souligné le porte-parole adjoint du chef de l'ONU Antonio Guterres, Farhan Haq, dans un communiqué.
"Même s'ils appellent cela un satellite, le lancement d'un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations unies", a mis en avant le Premier ministre japonais, Fumio Kishida.
Ce tir est "une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, augmente les tensions et risque de déstabiliser la région et au-delà", a aussi réagi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Liens "de plus en plus nombreux et dangereux"
Ce lancement intervient alors que le président russe Vladimir Poutine a suggéré en septembre, après une rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, que son pays pourrait aider Pyongyang à construire des satellites. Séoul et Washington ont par la suite affirmé que Pyongyang expédiait des armes à la Russie, le secrétaire d'État américain Antony Blinken avertissant que les liens militaires entre la Corée du Nord et la Russie étaient "de plus en plus nombreux et dangereux".
Selon les experts, la mise en orbite réussie d'un satellite espion améliorerait les capacités de collecte de renseignements de la Corée du Nord, en particulier au-dessus de la Corée du Sud, et fournirait des données cruciales en cas de conflit militaire. La Corée du Sud prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion, via une fusée SpaceX, dans le courant du mois de novembre.
Avec AFP