
Antonio Guterres tire la sonnette d'alarme à quelques jours de la COP28. Alors que la planète se dirige vers un réchauffement de 2,5°C à 2,9°C d'ici 2100, le secrétaire général de l'ONU a réclamé, lundi 20 novembre, des "mesures spectaculaires, maintenant", qualifiant la trajectoire actuelle de "sortie de route" sur la question climatique.
"Les dirigeants doivent redoubler d'efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions record, des actions record, et des réductions des émissions record", a lancé Antonio Guterres.
"Cela nécessite d'arracher les racines empoisonnées de la crise climatique : les énergies fossiles", a-t-il insisté devant la presse à l'occasion de la publication d'un rapport annuel de l'ONU sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions.
Le "canyon" entre les engagements des États et ce qui serait nécessaire pour respecter les objectifs de l'accord de Paris constitue "un échec de leadership, une trahison de ceux qui sont vulnérables, et une immense occasion ratée", a fustigé Antonio Guterres.
"Un canyon jonché de promesses non tenues, de vies brisées et de records battus", a-t-il ajouté, annonçant qu'il partait lundi pour un voyage au Chili et en Antarctique. "Pour voir de mes propres yeux l'impact mortel de la crise climatique".
"Accélération" du nombre de records climatiques
La poursuite des politiques actuellement en place laisse présager une hausse des températures de 3°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, au cours de ce siècle, selon la dernière mouture du rapport du Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE) sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, publié chaque année avant la COP.
La mise en œuvre des engagements climatiques actuels pris par les pays du monde entier ne permettra de contenir la hausse qu'à 2,9°C en tenant compte de leurs promesses inconditionnelles pour le futur - qui ne sont soumises à aucune condition de soutien extérieur - selon ce document publié juste avant le début des grandes négociations sur le climat à Dubaï dans le cadre de la COP28 (30 novembre - 12 décembre).
Ce chiffre serait ramené à 2,5°C en intégrant leurs engagements conditionnels (par exemple conditionnés à l'obtention de financements ou à des efforts d'autres pays).
Ces niveaux de réchauffement sont bien trop élevés pour espérer limiter les effets les plus cruels du changement climatique, qui se traduit déjà par des feux incontrôlables, des inondations dévastatrices ou des sécheresses privant des populations de revenus et de nourriture, avec un réchauffement actuel moyen de 1,2°C.
Le rapport publié lundi s'inquiète d'une "accélération" du nombre de records battus sur le front du climat. Il est déjà quasiment certain que l'année 2023 sera la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon l'observatoire européen Copernicus.
Avec AFP
